Conakry : explosion des prix du bétail à l’orée de la Tabaski (constat)

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A deux ou trois jours de l’Aïd al-Adha ou Tabaski, le constat de ces dernières années se répète : le prix du mouton est encore parti à la hausse. Dans cette crise sanitaire couplée à un contexte socio-économique difficile, les prix ne peuvent que donner du tournis aux musulmans. Reportage !

Au carrefour Yimbaya, l’un des points de vente de bétails dans la banlieue de Conakry, nous avons rencontré Adama Kourouma. Venu avec un million sept cent mille (1 700 000 FG) en vue de se trouver un bélier, a dû revoir son budget à la hausse. « Je suis venu avec 1 700 000 FG, mais le mouton qui vaut  cette somme est trop petit et cela ne me convient pas. Comme vous le constatez, je suis en train de négocier avec le vendeur afin  d’avoir un mouton malien qui coûte 2 500 000 FG », a-t-il dit en se lamentant.

Adama Kourouma n’est pas le seul à se plaindre. « Actuellement  tout est cher, trop cher même. Aujourd’hui, j’ai eu une vache à 10 millions. Pourtant, il y a trois mois, j’ai acheté une vache de cette taille à 6 millions. Voyez-vous la différence ? », dira pour sa part Adama Kourouma.

Outre les animaux, le riz et d’autres aliments de première nécessité n’ont pas échappé à cette traditionnelle flambée des prix à l’occasion des fêtes. « Où on va? La semaine passée j’ai acheté un sac de riz à 240 GNF et hier je l’ai eu à 360 000 GNF », témoigne Adama Kourouma. Angoissé, il croit que la fête sera compliquée pour beaucoup de ses concitoyens. «  Pour ceux qui ont des moyens, il n’y aucun problème. Mais les autres ne pourront jamais faire la fête comme l’islam la recommande…Or, nous sommes dans un pays où la majorité de la population est pauvre », a-t-il renchéri.

Les raisons de la flambée

Ibrahima Diallo, deuxième vice-président de la Fédération de bétail et viande de la région de Conakry explique la flambée des prix des moutons par le fait que la demande dépasse l’offre. « En Guinée, l’élevage n’est pas développé. Et, économiquement, tout ce qui est rare est cher… », estime Ibrahima Diallo. « La majorité des moutons vendus en Guinée vient du Mali… Et là-bas, le taux de change du  Franc guinéen contre le CFA a beaucoup évolué. Il faut aussi prendre en compte le coût du transport du bétail. De 7 500 000 FG il y a quelques mois, le camion quitte Bamako pour Conakry contre 9 500 000 FG. Il y a aussi le dédouanement qui est passé de 6 500 000 FG à plus de  8 000 000 FG », explique Ibrahima Diallo qui ajoute à son calcul les pots-de-vin payés à la police à chaque barrage routier.   

Pour Diallo, la solution à la flambée du prix du bétail est de se mettre à l’élevage. « Il n’y a plus de jeunes pour l’élevage. Tous les jeunes sont à Conakry à la recherche d’une vie meilleure », analyse le deuxième vice-président de la Fédération de bétail et viande de la région de Conakry.

Un reportage de Magnanfing Doré, Stagiaire à Guinéenews

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