La culture de violence d’Etat ne saurait prospérer en Guinée (par Guilao, Adam)

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Évaluation de l'article

La Guinée est notre patrie. C’est la terre et le trésor que nous avons tous en commun. Les tueries actuelles ne font qu’éffriter le tissusocial et établir une méfiance profonde entre les composantes de la nation guinéenne (si elle existe). Les éliminations continues de citoyens guinéens majoritairement d’un seul groupe ethnique par les forces policieres font état d’une dérive et d’un échec des pouvoirs publics. Les pouvoirs publics n’ont pas vocation à servir d’instrument de repression. C’est vrais que les pouvoirs publics disposent du droit de violence légale et légitime. Mais ce droit de violence ne saurait être utilisé pour trucider en toute impunité, les populations. Dès lors que la force publique est utilisée pour meurtrir les citoyens, elle dévient illégitime et illégal. Du même fait, elle se transforme en force d’occupation et d’oppression en lieu et place d’une force de securitéet d’utilitépublique. Elle devient une force de nuisance et une milice d’épuration à la solde de l’oligarchie.

Les pouvoirs publics n’ont pas vocation à reprimer les marches pacifiques ou d’étouffer l’expression des forces sociale et/ou politiques. Elles sont appeler à encadrer ces forces et assurer l’expression des différences d’opinions tant que ces opinions restent dans le cadres des droits consacrés par la constitution. Même s’il y avait débordement lors de ces marches, ceci ne devrait pas conduire à des pertes en vies humaines du fait des services de police.Les répressions que les militants durégime actuel ont subi sous le précédent ne doivent pas servir de justificatifs pour flageller les citoyens d’autant plus que la quasi totalité des dirigeants actuels sont ceux qui ont dirigés les repressions sous le précédent.En plus, pour avoir été opprimé avant son ascension au pouvoir, le chef des dirigeants actuels devrait prôner la tolérence et favoriser l’élimination du cycle infernal de la violence d’Etat.

Le dirigeant guinéen doit comprendre que les populations on soif d’épanouissement tant elleontété meurtri durant les soixante dernières années. Ceux qui perdent leurs vies sous le regime actuel ne sont pas les ennemis des pouvoirs publics. Ils sont tous des citoyens guinéens qui veulent voir leurs pays sortir de sa léthargie actuelle. Ces personnes sont pour la plupart eliminées dans leurs lieu de residence ou de travail. Ce qui prouve à suffisance que les attaques se font de manière délibéré en usant des moyens d’Etat pour d’obscures raisons personnelles.

 La stabilité politique est la base de tout development économique.Aucune croissance ou émergence, aussi peu soit-elle, ne peut être amorcée sans une certaine forme de stabilitépolitique. Cette stabilité passe par une gestion collégiale de la chose publique du niveau central au local. Il n’appartient pas à l’Etat de fournir de l’emploià tous. Ceci n’est pas sa vocation. Sa vocation c’est de créer les conditions propicesà l’épanouissement d’un secteur privée à même de fournir suffisamment d’emplois pour reduire le chômage et faciliter l’eclosion d’un secteur industriel et/ou tertiare guidés par l’innovation. Les politiques de repressions ou d’agissements reactionnaires faces aux revendications sociales ou politiques sont loin d’être la solution au mal guinéen.

Il est etabli que la politique en général et plus precisement en Afrique ou en Guinée est souvent un marché de dupes et que les accords politiques n’engagent que ceux qui y croient. Nonobstant ce constat, il est impératif qu’un certain nombre de principes de base soient respectés. Ceci passe par le respect des engagements pris lors des dialoques politiques et sociaux. Ceci passe par le respect des différences d’opinions, l’extirpation des considérations régionales ou ethniques du système politique, la transcendance des velléites de repli identitaires. L’instabilitésociale et politique perdurera et continuera de mettre à nules faiblesses de leadership des dirigeants guinéens tant que la repression restera la reponse de choix face aux revendications sociales et politiques. On dirige par exemple et établi une ligne de conduite à partir du sommet. Il appartient au chef de l’Etat de jouer un rôle plus proactif et exiger un respect des principes de base. Gouverner c’est prevoir, les dirigeants doivent savoir anticiper les voeux et actions des populations afin de prendre les decisions idoines qui favorisent l’expression des idéaux du peuple. Les dirigeants doivent pouvoir, au minimum, s’astreindre de faire usage de violence à l’egard des populations qu’ils sont sensés servir et protéger.

Les revenues de la Guinée sont maigres et valent à peine les revenues d’une ville en France ou aux USA. À titre d’exemple (pas de comparaison), la ville de Paris qui n’a que 2,4 millions d’habitants avait un budget1(volet recettes de fonctionement) annuel de € 8.3 milliards en 2017, alors que la Guinée qui a dix fois plus d’habitants dispose de six fois moins de ressources financieres disponibles qui se situaient autors de € 1,7 milliards (GNF dix sept mille milliards six cent soixante seize millions2 en raison de GNF 10.000 pour € 1) en recette au titre de la Loi de FinancesInitiale de 2018.Les guinéens ne devraient pas s’entretuer pour gérer ses maigres revenus. Ce niveau de recette devrait susciter moins de velléités de corruption, de mauvaise gestion ou de spoliation. Ces resources devraient susciter un engouement pour une administration saine, dépourvue de népotisme et ses corrolaires. Une administration adéquate de ces resources éviterait une croissance exponentielle du niveau général de rémunerationdes employés de l’Etats qui conduit au recours à la planche à billets et par ricochet favorise l’inflation causée par l’augmentation de la masse monetaire. Une gestion orthodoxe de ces resources favoriserait l’élimination, ou au moins, la reduction d’une partie des revendications sociales.

La rue ne devrait pas être le dernier moyen de recours des forces sociales et politiques. Si, malgreé toutes les tentatives de dialogue, les forces sociales decidaient de faire marche, ces marches devraient etre tolerées et encadrées pour permettre à celles-ci de faire usages des droits reconnus par les textes fondamentaux. Les repressions des marches conduisent plus à une radicalization des populations qu’à leurs pacification et mettent à jour les faiblesses de gouvernance. Un peuple reprimé ne fera que revenir àla charge jusqu’a ce qu’il se fasse entendre, vouloir le pousser au silence par la violence n’est qu’un leurre, qui en plus, expose les dirigeants à de futurs represailles si le pouvoir venait à changer de mains.

Les nations qui ont reussi a sortir du sous-developpement ont su dépasser les micro-éléments identitaires pour former des Etats-Nations au seins desquels les différences ethniques sont transcendées. Ces nations, des USA ultra-capitalistesà la Chine communiste ont su aller au-delàdes différences ethniques dans leurs connotations péjoratives. Elles sont parvenuesàrendre obsolète, le plus que possible, les sentiments de repli tribal ou ethnique. Les Guinéens dans leurs ensemble doivent apprendre à se tolérer. Nous devons apprendre à accepter nos prochains quelques soient nos différences d’opinions ou de bords politiques et s’identifier en membres d’une Nation, d’unecommunauté partageant les même valeurs et principes de base. Les pouvoirs publics doivent promouvoir la culture de l’Etat de droit, le respect des libertes personnelles et publiques. Les pouvoirs publics doivent cesser de reprimer les guinéens dans le sang et entretenir un climat de frustration. Les dirigeants guinéens devraient s’inspirer des aspects positifs des pays avancés afin debatir leur Nation dans la stabilité.

In fine, les executants et commanditaires d’exactionsdoivent retenir que les crimes de sang sont imprescriptibles. Quelque soit le temps, la Guinée parviendra à se debarasser du carcan actuel. Les dirigeants historiques doivent oeuvrer d’avantages à transmettre un leg d’honneur à la posterité (s’ils s’en soucient). La gouvernance sanglante actuelle, laisse présager de sombres lendemains, qui ne feront qu’engendrer des mesures de retorsions. Il est imperatif plus a jamais de bannir la violence d’Etat. Elle affectechaque Guinéen dans sa chair, violer le droit à la vie de tout Guinéen, qui qu’il soit, c’est attaquer tous les Guinéens.

Guilao, Adam

  1. Budget de la municipalite de Paris disponible ici
  2. LFI 2018 de Guinee publié ici
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badou
badou
20 novembre 2018 11:22

Black Kante, oui tous les fils dignes de ce pays sont dans l’opposition càd tous ceux qui sont conscients des dangers qui guettent, et qui se sont levés pour s’opposer contre les derives autoritaires, ethnicistes, claniques, bêtes et non porteuses d’avenir pour ce pays et ses enfants. Aicha, waw, j’en ai vraiment pris pour mon grade. Où allez vous chercher tout ce dont vous m’affublez, j’en ai point le merite. Laissez moi vous dire honnetement, j’ai toujours apprecié Bah Woury, jusqu’à ce que, dans l’exil, il a eu la nostalgie de son pays et est revenu tomber dans les griffes… Lire la suite

Oumar Mâci Bah
Oumar Mâci Bah
18 novembre 2018 08:37

« Il n’y a en réalité que 2 ethnies en Guinée :
– Les puissants, riches mafieux privilégies du sommet de la pieuvre étatique civile et militaire.
– Les gens d’en bas, 99% des Guinéens, qui viennent de toutes les communautés nationales. »
Yette-Diallo, si tout était aussi simple que ça en Guinée, nous aurions beaucoup moins de problèmes mais j’ai peur que cela ne reste un vœu pieux. Je souhaiterais que l’avenir te donne raison!
À propos du style inimitable de note ami Shamsuddîn que tu mentionnes: sa phraséologie a déjà un statut culte chez moi (rire!)

Shams Deen
Shams Deen
18 novembre 2018 02:01

@ Badou Je ne sais pas si dans vos analyses vous vous donnez la peine de vous situer à une certaine distance de vos émotions. Le Sénégal contrairement à la Guinée n’a jamais connu un embargo de plus de 60 ans malgré la bonne volonté exprimée depuis 1984(c’est un fait) au contraire la France et ses laquais en ont profité pour saper les bases des 26 ans du président Sékou(c’est une réalité). La Guinée assuré pour le moment sa défense ce qui n’est pas le cas du Sénégal ,ça aussi est un fait et non une vue d’esprit. Si vous… Lire la suite

AOT Diallo
AOT Diallo
17 novembre 2018 17:36

 » Le premier (Kouloubaly Aboubacar Sidiki) démissionnaire de l’ère CONDE vit bien sa vie en travillant pour lui meme parce qu’il a des compétences  »

@S.D., je ne vois pas de qui vous parlez ci-dessus, pourriez-vous preciser svp ?

AOT Diallo
AOT Diallo
17 novembre 2018 17:30

 » C’est très réconfortant de voir que de plus en plus de compatriotes non Foutaniens dénoncent ces tueries et rejettent la légende des fameux loubards de l’opposition qui détruiseraient tout sur leur passage et seraient aussi les auteurs de la centaine de meurtres commis dans cette zone depuis 2010.  » Yette Bah, il faut vraiment éviter de généraliser dans de telles analyses : – Pensez-vous vraiment que c’est maintenant seulement que les compatriotes « non Foutaniens » dénoncent plus ces tueries ? – comparez le pourcentage de « non foutaniens » qui critiquent ce régime sur ce forum et sur tous les autres –… Lire la suite

badou
badou
17 novembre 2018 12:16

Ok shams, bravo pour Aminata TOURE, tout un programme quoi! bonne chance à elle, fût ce la fille de sekou. Bon faut dire qu’elle emerge du lot PDG-RDA, puisqu’aux dernieres elections, ce parti faisait il 1%? bon y’a du travail…. Quand à l’autre Toure qui est chez les Ricains, faut qu’il donne des arguments autres que d’être le fils de Sekou TOURE, puisque même le prince heritier ben Salmane d’Arabie Saoudite n’y echappe pas. Autre chose, les performances economiques de la guinée sont d’une platitude deconcertante, loin derriere le Ghana, la cote d’ivoir et le Senegal, tout celà à cause… Lire la suite

shams deen
shams deen
17 novembre 2018 01:37

@ Badou Nos discours suffisent pour nous définir ,inutile de remonter aux aïeuls pour justifier le contraire de vos écrits. Tres peu de gens peuvent avoir du 100/100 de gênes de …. chez nous ,pour moi donc je vous considère comme un frustré sans raison. On ne peut ré-inventer la roue ,elle tourne déjà depuis des lustres. Hier vendredi Dieu via KALOUM vous a répondu avec un petit message et j’espère que vous aurez l’intelligence pour comprendre et décrypter les 29/29. Aminata Touré, fille du défunt président de la Guinée indépendante, est la maire élue de la Commune de Kaloum,… Lire la suite

Oumar Mâci Bah
Oumar Mâci Bah
16 novembre 2018 17:17

C’est très réconfortant de voir que de plus en plus de compatriotes non Foutaniens dénoncent ces tueries et rejettent la légende des fameux loubards de l’opposition qui détruiseraient tout sur leur passage et seraient aussi les auteurs de la centaine de meurtres commis dans cette zone depuis 2010. Une Nation est par définition une communauté de Destin donc notre devise doit être qui touche à une des composantes de cette dernière touche à la Nation entière.

badou
badou
15 novembre 2018 14:33

Violence d’Etat vous avez dit, la guinée est coutumiere du fait, et depuis les independances, combien de crimes impunis, de meurtres de citoyens innocents qui ne savent même pas ce qui leur arrive. Au bout de quelques jours, ils se retrouvent au bout d’une corde, ou fusilles, ou tues et tortures par diete noire, laissant leurs familles dans ne desolation, et ne pouvant faire leur deuil, un Etat suffisamment lâche pour ne pas oser rendre les corps. Combien de fosses communes cet Etat est responsable?, les historiens ont du pain sur la planche. Aujourd’hui, encore Diane des Milices donzo armées… Lire la suite

Baren SOUMAH
Baren SOUMAH
15 novembre 2018 01:03

Peut etre une demi douzaine de demissions de ministres en 60 ans d’independance de la Guinee (1958). Cela en dit long sur la mentalite des guineens.
Bravo pour le courage de Khalifa Gassama Diaby qui vient, enfin, de s’appliquer « le theoreme de Jean Pierre Chevenement » :
« Un ministre ca ferme sa gueule ou ca demissionne ».
Un signal d’alarme tres fort, un de plus, pour le gouvermement guineen qui, me semble t-il, a completement perdu le sens des realites, « out of touch » comme le disent les americains…