«La Guinée table sur 50 milliards de dollars d’investissement miniers pour les dix prochaines années» dixit Yansané.

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En dépit des soupçons de corruption et la revue des conventions et titres miniers qui plombent actuellement le secteur, les autorités guinéennes espèrent renouer dans un futur proche avec une embellie durable.

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En tout cas le ministre d’Etat, ministre des Mines et de la Géologie, Kerfalla Yansané décrivait à la faveur du dernier forum économique sud-africain, un tableau de bord particulièrement radieux pour le secteur minier durant la décennie à venir.  

 

«Il y a toute une série de projets en cours. Certains chiffres ne sont pas à jour, il faut les réactualiser. Je pense que dans les dix prochaines années, on peut espérer avoir un investissement  de l’ordre de 50 milliards de dollars dans le secteur minier en Guinée. Soit, 10 fois le PIB de notre pays. C’est toute une autre Guinée va émerger de ces investissements. Aujourd’hui, notre PIB est de l’ordre de 5 à 6 milliards de dollars. Alors lorsque vous avez des investissements de 50 milliards de dollars, c’est vraiment autres choses’», ne s’est privé de commenter le ministre Yansané devant les investisseurs sud-africains qui participaient  à ce business forum de Conakry. C’est pourquoi, a-t-il expliqué, la Guinée  est en train de discuter avec ses partenaires depuis des années pour pouvoir  trouver un terrain d’entendre avec eux sur le cadre d’investissement.

 

Les mégas projets miniers sur lesquels la Guinée peut compter dans les prochaines années 
 

-Le Simandou :

Parlant de ce projet, le ministre des Mines confie qu’il s’agit d’un investissement qui s’élève dans l’ordre de 25 à 30 milliards dollars à lui seul et qui traversera les quatre régions naturelles avec le chemin transguinéen. Ce projet, dit-il, a vocation pratiquement à avoir un impact sur le développement des quatre régions naturelles du pays. J’ose espérer que les discussions qui sont en cours avec les partenaires dans ce projet Simandou, pour pouvoir aboutir rapidement pour que le dossier puisse être soumis à notre parlement.
 

-China Power Investment, CPI ; Guinea Aluminium Corporation; Bellzone

 

« Le dossier de CPI avec les chinois dont le coût de l’investissement s’élève dans l’ordre de 6 milliards de dollars, est un projet qui est destiné à produire de l’alumine dans la zone de Boffa. C’est la même chose pour Guinea Aluminium Corporation où le projet est également destiné à produire d’abord de la bauxite puis l’alumine. Le montant est de l’ordre de 5,2 à 5,5 milliards de dollars. Donc que rien que la zone nord-ouest, nous avons des projets de transformation de la bauxite à l’alumine qui pourrait faire en sorte que cette région puisse avoir un impact énorme sur l’ensemble du pays », soutient Kerfalla Yansané qui signale l’exploitation du fer par Bellzone à Faranah et Forécariah.

 

Les difficultés de mobiliser des financements pour la construction du transguinéen destiné à drainer les minerais de fer du sud-est vers la côte.

 

«La construction du chemin de fer pose problème parce qu’il demande beaucoup d’argent. Imaginez qu’une mine, c’est une source de revenu, un chemin d fer, est une source de coûts. Il s’agit de faire en sorte qu’on construise le chemin de fer qui n’est pourtant pas chose facile. Les discussions ont été engagées depuis longtemps. Et certaines personnes prétendaient qu’il fallait qu’on achemine notre fer par le Liberia mais lorsque vous voyez la carte de Guinée, vous comprendrez que nous avons intérêt à développer en Guinée un réseau ferré qui est lié au secteur minier. D’où la décision qui a été prise de faire en sorte que le Simandou puisse traverser pratiquement les 4 régions naturelles du pays avant d’aboutir à la mer.

 

Le transguinéen et son impact sur le développement économique des zones traversées et l’impérieuse nécessité de préparer les PME locales à l’avènement des projets.

 

Le long de ce chemin de fer, nous appelons cela un corridor de croissance. Dans la mesure où ce chemin de fer va générer  des activités non seulement dans le secteur minier mais également dans l’agriculture, dans les services… Les PME guinéennes et leurs partenaires pourraient en profiter. Je pense qu’il faut que nous nous préparions à bénéficier de ces projets. Sinon, c’est d’autres personnes qui vont venir en profiter et ce sera encore des frustrations au niveau des populations.

 

Il faut donc qu’on se prépare à deux niveaux : qu’on se prépare au niveau du gouvernement mais également au niveau du secteur privé national et étranger. Il faut que nous puissions avoir des ressources humaines capables de participer à la gestion de ces projets, il nous faut des cadres moyens, supérieurs, des ouvriers…

 

Au lieu que ce soit des ouvriers Chinois qui viennent travailler, que nos ouvriers soient capables de travailler sur ces chantiers à venir. Donc, il y a la création d’emplois et lorsqu’il y a un projet minier, dans la phase de construction, il y a beaucoup plus de création d’emplois qu’à la phase opérationnelle. C’est pourquoi, il est important que nos ouvriers, nos cadres soient formés pour pouvoir participer à ces projets.

 

Il est aussi important que le secteur privé guinéen soit également suffisamment compétitif pour pouvoir faire la sous-traitance dans ces grands projets. Cela veut dire que la tâche est rude et il faut la commencer maintenant. Ce n’est pas le jour de l’ouverture de l’hôtel qu’il faut penser à former les cadres qui vont le gérer. Il faut parallèlement à la construction de l’hôtel, commencer à former les cadres ; ceux qui vont servir ou gérer l’hôtel. C’est la même chose dans le secteur minier. Il faut que nos PME puissent être suffisamment armées pour que le jour que les compagnies minières vont commencer à travailler, qu’elles puissent passer des contrats sérieux avec ces compagnies et qu’elles soient capables de respecter les échéances, les normes. Tout cela constitue des rigueurs auxquelles nous sommes appelés à nous plier.

 
Améliorer le système de gouvernance pour être plus attrayant.

 

50 milliards de dollars d’investissement, c’est très important pour un pays comme la Guinée dont le PIB est aujourd’hui à peine 5 milliards  de dollars US. Malgré tous nos problèmes, les gens acceptent de venir investir ici. Ce qui veut qu’au fur et à mesure qu’il y a des investissements, il faut qu’on accepte d’améliorer notre système, qu’on accepter de jouer le jeu, d’ouvrir les yeux sur la manière dont le monde fonctionne.

 

Besoin de mutualiser les ressources infrastructurelles pour les compagnies minières pour éviter de défigurer le paysage guinéen.

 

Les mines ne peuvent pas marcher seules, il faut qu’il y ait des infrastructures. Nous venons d’avoir un schéma directeur avec la Banque Mondiale sur les infrastructures et ce schéma directeur recommande vivement que les compagnies minières, pour celles qui veulent investir dans le secteur, acceptent de mutualiser leurs ressources au lieu que chacune d’elles se met à construire son chemin séparément, que par zone, elles acceptent de travailler ensemble pour avoir un même chemin de fer.

 

Lorsque je prends la zone nord-ouest où nous avons 4 à 5 grosses compagnies qui vont faire des grands projets, je parle de CBG, des Russes avec Dian-Dian, de Global Alumina avec Mubadala, nos partenaires d’Abu Dhabi, des Chinois, de l’AMC. Si chacune d’elles devait faire son chemin de faire à part, la Guinée serait complètement défigurée.

 

D’un point de vue d’aménagement du territoire, le gouvernement, les compagnies, les populations, on a tous intérêt à ce qu’on rationalise la manière dont les chemins de fer sont installés sur le territoire. D’où la proposition de ce schéma directeur qui va être discuté au niveau du gouvernement pour nous voyons comment les règles du jeu vont être introduites.

 

C’est la même chose pour le Simandou, ce projet transguinéen qui concerne en premier lieu la mine de Simandou mais il concerne surtout ceux qui tournent autour de cette mine, y compris les gisements qui se trouvent au niveau de Simandou I et II, y compris les gisements qui sont autour de Faranah, de Dabola… Donc tous ces investisseurs pourraient converger et utiliser un même chemin de fer pour aboutir à la mer. Cela réduit les coûts et finalement permet de ne pas défigurer le paysage guinéen. Je pense qu’il y a un lien intime et le chemin de fer.

 
L’énergie, condition sans quoi non pour développer la transformation sur place des minerais. 

 

Si la Guinée veut développer la transformation de ses minerais notamment la bauxite en alumine ou en aluminium, ou faire du fer, l’acier sur place, il faut que nous puissions développer nos barrages.

 

Aujourd’hui nous avons des problèmes d’électricité, c’est anomal. Mais il y a beaucoup d’espoir, nous sommes en train de construire le projet Kaléta qui devrait servir en partie la Guinée mais également en partie les pays voisins. Nous avons des projets comme Souapity, Amaria qui ont  non seulement de ravitailler les industries traditionnelles mais également de servir les compagnies minières et naturellement les pays voisins. Donc lorsque ces projets de barrage hydroélectriques seront développés, cela permettra à la Guinée d’entrer dans une nouvelle phase d’industrialisation alors qu’aujourd’hui nous sommes dans une phase purement de production de matières premières. Donc le lien entre les mines et l’énergie, il est évident qu’on y travaille mais il s’agit d’un travail de longue haleine.

 

Tout cela montre qu’il y a toute une série d’opportunités d’investissement non seulement dans les mines mais également dans les activités liées aux mines, qu’il s’agisse des transports, d’énergie ou qu’il s’agisse des services de banques. Il faut que les banquiers puissent être mieux outillés à toute cette avalanche d’investissements non seulement pour avoir des investissements mais aussi et surtout   pour pouvoir répondre aux besoins des compagnies qui vont arriver.  Je pense que le champ est extrêmement vaste. Ce qui veut dire qu’il y a toute sorte d’opportunités d’investissement en Guinée pour les années qui viennent.

 

En finir vite avec le processus de revue des contrats miniers. 

 

Dans les perspectives, il nous faut finir avec le passé. Ce qui veut dire que la revue des contrats finisse. Parce que plus cette revue perdure, plus elle entretien des anxiétés, des incertitudes. Donc, il faut qu’’on en finisse.

 

Deuxièmement, il faut que  les nouveaux projets qui sont en discussions, qu’on puisse les achever au moins pour montrer que quelque chose peut se passer en Guinée. Et c’est à cela que nous sommes  attelés.

 

Actualiser le cadastre minier guinéen devenu désuet de nos jours. 

Il faut qu’on puisse améliorer l’information géologique pour avoir un cadastre moderne  comme ailleurs et qu’on peut consulter en ligne et où que l’on soit. Qu’on soit en Afrique du Sud ou en Australie que d’un clic que l’on puisse savoir comment se présente notre cadastre minier et où se situe le permis qu’on a pu avoir en Guinée. Sans qu’on ne soit obligé de prendre l’avion pour venir en Guinée. C’est à cela que nous travaillons et la Banque Mondiale nous assiste. Nous venons de faire un audit du système de cadastre et actuellement, nous travaillons pour que nous puissions mettre en place de nouvelles procédures, former nos agents et  équiper notre cadastre. C’est pourquoi, nous devons développer notre connaissance des ressources minières du pays.

 

Aujourd’hui, nous avons une carte mais cette carte donne une vision générale, elle ne nous dit pas de manière exacte à tel endroit, dans tel village, il y a tel minerais qui se trouve et à telle quantité.

 

Aujourd’hui lorsque nous négocions, nous donnons des informations générales aux partenaires qui sont eux-mêmes obligés d’aller sur le champ, fouiller avec des coûts qui sont extrêmement élevés. Il y a une perte de temps, il y a des coûts qui y sont associés… Donc, nous souhaitons pouvoir développer notre connaissance géophysique. Je pense que cela pourrait raccourcir le délai », a conclu le ministre des Mines.

 

Guineenews, partenaire de Gbassikolo.com

 

 

 

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