Opinion//De La Nécessité De Reformer Le Système Politique de La Guinée – actualisé! (par Doya Malal « Le Pan Africain »)

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Évaluation de l'article

La Guinée a connu depuis son indépendance en 1958 cinq Présidents dont Sékou Touré, Lansana Conté, Dadis Camara, Sekouba Konaté et maintenant le Président Alpha Condé. Et depuis notre indépendance, nous peinons à construire un Etat prospère, une nation multiethnique unie au sein de laquelle chaque Guinéen et Guinéenne se reconnait. Presque tous les Guinéens ont développé ou adhèrent à une théorie qui selon eux explique le retard qu’accuse notre pays, le niveau de désorganisation que nous connaissons qui fait que malgré les ressources humaines, minières, hydrauliques que nous avons, notre pays est l’un des plus pauvres au monde. Des jeunes Guinéens ambitieux, ne pouvant pas réaliser leurs rêves en Guinée, décident même de braver le Sahara et la mer méditerranée pour arriver en France ou en Allemagne. Parmi ces théories, la plus répandue nous explique que la Guinée est dans son Etat actuel principalement à cause de nos Chefs. Actuellement le Président Alpha Condé est indexé comme étant responsable de cette situation. Certains Guinéens se disent que si seulement il était remplacé par un autre qui aime son pays, qui aime les Guinéens, les choses iraient mieux. Nous voulons rappeler qu’au temps de Lansana Conte, beaucoup de Guinéens y compris le PRAC lui-même résumaient les problèmes du pays en la personne du General. Ça fait 10 ans que ce dernier nous a quittés mais nous connaissons toujours les mêmes problèmes. Les Guinéens se font tuer par des forces de l’ordre sans justice, la gestion de nos ressources minières est toujours aussi plus opaque qu’elle ne l’était, l’administration est toujours aussi corrompue et politisée qu’au temps de Conte. Devrions-nous donc croire que nous avons un problème de capital humain en Guinée ? Les Guinéens sont-ils incapables de se trouver des dirigeants responsables ou bien devrions nous questionner le système politique qui incite nos chefs à agir comme ils l’ont toujours fait ? Nous sommes de ceux qui pensent que notre pays a plus un problème systémique qu’un problème de capital humain et que nous devrions avoir plus adapte aux réalités de notre pays.

Un peu de géopolitique 

#Après le référendum de 1958 qui consacra l’indépendance de notre pays, la Guinée comme la plupart des pays francophones qui prendront leur indépendance en 1960, a opté pour un système politique unitaire similaire à celui de la France. Cela n’a rien de surprenant puisque la plupart des chefs de ces nouveaux Etats étaient des députés Français. Ils se sont naturellement inspirés de l’ancien maitre colonial. Malheureusement, nos chefs n’ont pas tenu de compte de l’évolution Historique de la France, de la situation géographique du pays qui fait du système unitaire, le candidat idéal comme système politique du pays.
Ceux qui connaissent la France sont familiers avec La Beauce, une région fertile considérée comme le grenier de la France et située entre La Loire et la Seine. Ceux deux fleuves connectent toute la région, rendent la communication facile et facilitent la formation d’une identité commune. Dans une telle situation, le système unitaire est le plus rationnel. Vous avez un peuple, qui a une identité commune et qui échangent facilement à travers ces moyens de communication. L’Allemagne voisine a plusieurs fleuves qui ne sont pas connectés et cela donne naissance a plusieurs identités différentes les unes des autres. Faut il rappeler que c’est Bismarck qui a unifié ce pays par la force.  Par exemple les populations qui habitent la Rhénanie, a l’ouest de l’Allemagne ont une identité différente de celle des Bavarois. Cette diversité rend un système fédéral plus rationnel que le système unitaire de la France et cela explique le régime politique Allemand. 
« Le Pan-Africain »
 
Source : https://learnfrenchwithmanon.com/2018/12/08/les-5-grands-fleuves-de-francemetropolitaine
Source : https://i.pinimg.com/564x/51/1d/ba/511dba1ff024179aee433b62cdfccf61.jpg
En Afrique nous avons des fleuves qui ne sont généralement pas navigables au cours de l’année et qui sont entrecoupées de chutes. Au-delà, nous avons des jungles et montagnes par endroits qui limitent les contacts et favorisent la création d’une multitude d’identités. Prenons exemple sur l’ancien Etat qui dominait le Fouta l’Imâmat du Fouta Djallon. Cette région Historique de notre pays est la plus accidentée, ce qui rend la mobilisation des troupes très compliquée. Les fondateurs de cet Etat avaient donc considéré qu’une Confédération permettant à chaque province d’avoir une autonomie est plus adaptée aux réalités du pays. Aujourd’hui nous avons la Guinée qui a différentes régions naturelles, une multitude d’identités ethniques et culturelles mais nous avons un système politique unitaire qui fait que tout est dictée de Conakry. C’est une façon inefficace et inefficiente de diriger un pays comme le nôtre. Les habitants de Labé, Kankan ou N’Zérékoré sont obligés d’attendre que tout vienne de Conakry, ce qui fait que la compétition pour le pouvoir à Conakry est rude. Chaque groupe ethnique ou régional fait tout pour y arriver, imposer ses hommes et femmes et profiter des ressources du pays. Vous réaliserez jusqu’où il est absurde d’avoir un système unitaire en observant les Associations communautaires, régionales et nationales à l’étranger. La plupart des associations qui construisent des dispensaires, écoles dans des villages sont régionales et communautaires. Les associations de Guinéens existent surtout pour inviter des artistes en périodes de fête pour danser et boire. Elles font rarement quelque chose de sérieux pour le pays pour la simple raison que dès qu’il s’agit de financer des projets, les divisions prennent le dessus. Nous peinons à construire un Conseil des Guinéens de l’Etrangers justement à cause de ces divisions.
Nous pensons que la diversité ethnique de notre pays devrait être un atout et qu’elle doit être respectée avant tout. La déliquescence de l’Etat est le résultat de ce système unitaire qui n’est pas adaptée à la réalité du pays et donc il manque de légitimité. Les Guinéens l’acceptent parce qu’ils n’ont pas le choix mais en réalité peu de personnes croient réellement en l’avenir de ce pays dans sa forme actuelle. Un Malinké qui agit dans le cadre du développement de Kankan adopte une attitude différente et plus responsable que s’il est à la tête d’une structure Guinéenne. C’est la même chose pour le Pullo de Labé. Vous remarquez la même situation dans d’autres pays Africains ou les cadres se comportent comme les biens nationaux n’appartiennent à personne et qu’ils peuvent en faire ce qu’ils veulent. Il est temps de redonner le pouvoir aux populations a la base en décentralisant le pouvoir, en permettant aux pouvoirs locaux de s’organiser pour percevoir des taxes, créent des polices locales pour protéger les populations et construire des infrastructures nécessaires pour leur développement économique. Il est temps de réduire le pouvoir de Conakry sur le reste du pays et de revoir la structure du gouvernement Guinéen. La Suisse est l’un des rares pays Européens que nous devrons considérer comme exemple. Nous pouvons avoir un gouvernement confédéral issu de tous les groupes parlementaires au sein d’une Assemblée Confédérale. Cela nous éviterait d’avoir une opposition et une mouvance mais plutôt une structure au sein laquelle tous les Guinéens seront représentées en fonction du poids de chaque parti au sein de l’Assemblée.
Comment ce Futur Etat Confédéral sera Structuré ?
Nous aurons une Assemblée Confédérale avec deux chambres. Une basse chambre pour élire pour représenter le peuple et une autre qui représentera chaque préfecture. Si nécessaire, on ira jusqu’au niveau des sous-préfecture pour éviter la domination d’une ethnie par une autre, facteur principal des suspicions entre Guinéens. Une fois cette assemblée mise en place, elle se réunira en congrès pour élire les membres du gouvernement confédéral stipulant un nombre fixe de postes et permettant à chaque groupe parlementaire de présenter un nombre de candidats proportionnels à son poids. Les juges de la cour suprême seront tous élus par l’Assemblée Confédérale. Nous éliminerons les postes de président et de premier ministre qui depuis l’indépendance n’ont servi qu’a imposer des dictateurs aux Guinéens.
Chaque préfecture se changera des questions d’éducation, de santé, de sécurité, de développement économique et social. Le gouvernement fédéral se chargera de la monnaie, la diplomatie et de l’armée. Chaque Guinéen et Guinéenne devra servir au moins deux ou trois ans au sein d’une armée citoyenne. Cela nous évitera non seulement d’avoir une armée dominée par tel ou tel groupe ethnique mais aussi permettra aux Guinéens issus de divers milieux de travailler ensemble. La Suisse a une armée citoyenne et une population bien formée qui lui permet de répondre a toute attaque contre le pays. Elle permet aussi aux Germanophones, Francophones, Italophones de se côtoyer. Une telle structure permettra à un jeune du Fouta de faire équipe avec celui de N’Nzérékoré, celui de Boké avec celui Siguiri.
Les évènements que nous avons connus dans ce pays depuis 2010 en particulier mènent la Guinée progressivement, peut être lentement vers le scenario Somalien. Les Guinéens perdent progressivement toute foi en leur dirigeants. Même dans les fiefs du gouvernement, des actes de justice populaire sont assez fréquents. La pauvreté, une population jeune et connectée ainsi que l’injustice constituent un cocktail explosif qui finira tôt ou tard par nous engouffrer si rien n’est fait. Le Mali voisin était en paix malgré l’injustice qui y régnait jusqu’à ce que des Nordistes aient accès aux armes, nous connaissons tous la suite. Notre voisin se dirige vers deux options. Soit la partition du Nord et peut être bientôt du Centre du pays est consommée, soit le Mali adopte une structure fédérale. Mais les choses ne seront plus comme avant. Les Guinéens devraient tout faire pour éviter à notre beau et riche pays le même sort.

Le Pan-Africain.

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Le Pan-Africain
Le Pan-Africain
6 février 2020 23:25

Merci webmaster.

Le Pan-Africain
Le Pan-Africain
6 février 2020 23:00

On dirait que l’article n’a pas ete entirement publie. Il manque aumoins deux pages. @T.Diallo, Ceux qui sont au pouvoir ne vont pas deleguer leurs responsabilites volontairement. C’est plutot a l’opposition actuelle , a la societe civile de rendre effective les lois sur la decentralisation et de trouver les moyens necessaires de reduire l’influence du gouvernement centale a Conakry. La crise politique offre une parfaite opportunite pour le faire. Figurez vous que les gouverneurs des regions doivent etre elus par les maires locaux et non etre imposes. Les aristocrates Britanniques n’ont pas pu imposer le Parlement au roi en etant… Lire la suite

Mosaic
Mosaic
6 février 2020 21:51

Je veux être optimiste pour le pays mais c’est dur voire même utopiste! L’education en Guinée a été saccagée à un tel point que si je devais la mettre en image se serait l’etat de la terre de Palestine en 1946 et ce qui en reste en 2020.

Bien à vous

T.Diallo
T.Diallo
6 février 2020 21:20

PanAfricain, depuis 1958 la Guinée fonctionne avec le même système! N’attendez jamais que ce système change de sitôt dans la mesure où la personne centrale que devrait engager ce changement aura à affaiblir son pouvoir personnel! C’est trop demandé à la classe politique actuelle et suivante. Le jour où la Guinée aura à sa tête un homme qui accepte de monnayer ses super pouvoirs contre un système plus équilibré, ce pays n’aura plus besoin de changer de système car le sens aigu de cet homme providentiel pour l’intérêt général permettra de redresser notre pays avec le système actuel. Autrement dit,… Lire la suite

Bamce
Bamce
6 février 2020 21:09

Le problème de la Guinée c’est les guineenn-e-s, c’est un peuple de moutons qui continue à engendré des gouvernements de loups, avant de s’attaquer au système politique, il faut que la base soit d’abord éduquée.