Gestion de l’opposition : ‘’Beaucoup d’erreurs commises et qui pourraient être fatales à ce niveau de la compétition pour 2015 !’’

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Depuis les évènements de Juin 2006 et ceux de Janvier-Février 2007, le peuple de Guinée est à la recherche d’une solution durable dans la gestion correcte des affaires publiques, à travers une gouvernance qui soit à la hauteur des attentes en général et une meilleure répartition des ressources pour l’amélioration des conditions de vie de nos populations. {jcomments on}
 
C’est dans cet esprit que les gouvernements successifs sont arrivés avec Kouyaté et Souaré en passant par Eugène CAMARA. Dès le décès du Général Lansana CONTE et la prise du pouvoir du CNDD en fin 2008, un nouvel espoir est né avec une grande mobilisation des Forces Vives de la Nation, afin d’assurer une transition correcte et viable. Cette transition a eu ses forces et faiblesses, avec une perte de vigueur et de cohésion des Forces Vives qui avaient fait la fierté du peuple de Guinée.

Le combat de ces Forces Vives nous a conduit à l’organisation des premier et second tours de la Présidentielle avec une faiblesse qui avait déjà été identifiée à travers des actes qui nous sortaient de toute logique des urnes et donc de la volonté populaire. Au nom de la paix et de la cohésion nationale, des choses inacceptables ont été admises, ouvrant ainsi la porte à toutes les dérives qui allaient suivre. C’est ainsi que nous avons assisté ou mis devant le fait accompli, à une « victoire » de la fraude sur la transparence des urnes.

L’opinion tant nationale qu’internationale a alors commencé à se poser des questions la gestion des actions de l’opposition et de son leadership dans la préparation d’une alternance à terme. L’objet de cette réflexion est de mettre à nu cette gestion de l’opposition dans la perspective des échéances de 2015.

1. La Gestion de la Présidentielle :

Un premier tour qui a été correct avec des forces diverses en présence et 24 candidats qui se sont affrontés à la loyale. Un candidat qui s'est magistralement illustré avec 44% des suffrages et l'annulation sans aucun motif sérieux de sa circonscription électorale. Les deux suivants ont obtenu respectivement 18% et 13% des suffrages. Le troisième qui devait naturellement être le faiseur de roi a réclamé la seconde place à tort ou à raison. Il a alors fait savoir au Président de la Transition qu'il veut cette seconde place. Les deux libéraux, par manque de concertation ou manque de vision ne se sont pas montrés mutuellement solidaires pour barrer la route au Communiste. Cette faille ouvrira la porte à Alpha CONDE et son clan pour commencer à mettre en place cette machine à fraude au second tour.

En lieu et place de 2 semaines entre le premier et le second tour, le peuple de Guinée assiste, dans la plus grande naïveté à la mise en place d'un délai de plus de 4 mois entre les deux tours avec pas moins de 24 points à corriger en faveur de Alpha CONDE. C'est dans ce délai que l'on assiste d'un côté, à la montée en puissance de Loucény CAMARA au sein de la CENI, à la disparition mystérieuse d'ordinateurs et à l'incendie de l'entrepôt de la CENI au camp Samory et de l'autre, à la mise en place d'une machine à guerre avec pour élément déclencheur, une histoire sordide d'eau "empoisonnée" et ses conséquences.

Pendant ce temps, une alliance avait vu le jour et qui regroupait des candidats qui totalisaient plus de 60% des suffrages exprimés au premier tour. Un potentiel sûr de victoire au second tour pour cette alliance s'est transformé en cauchemar pour tout un peuple avec une gestion qui n'a rien de sérieux et où certains n'ont pas mouillé la chemise comme si les membres d'une même équipe se tiraient mutuellement des balles dans les pieds des uns et des autres. Ce qui devait arriver, arriva !

2. La Gestion des Législatives :

Programmées juste six mois après la Présidentielle, les législatives, considérées comme le troisième tour de la Présidentielle, ont subi la même volonté de Alpha CONDE au nez et à la barbe de l'opposition à travers des actes en dehors de toute légalité et sous le regard complaisant de l'opposition qu'il a décidé d'anéantir au bout de six mois. Alors commence une course contre la montre avec une mise en place d'une série d'actes tout aussi illégaux les uns que les autres sans que l'opposition ne soit en mesure de l'arrêter. En même temps qu'il restreint les libertés publics, il chasses les élus locaux, caporalise ce qui reste de la CENI, mets la justice et l'armée à sa dévotion et décidé de finir avec l'opposition.

Tant bien que mal, l'opposition résiste et se bat dans le désordre avec une seule arme, celle de l'axe du changement. Un Collectif se met en place pour la finalisation de la Transition. Au même moment, des mécontents commencent à sortir de l'ombre du côté de l'Alliance Arc-En-Ciel pour cause de promesses non tenues. Jean Marie DORE, Aboubacar SYLLA et Lansana KOUYATE décident de créer l'ADP. Plus tard, Kassory FOFANA, Boubacar BARRY et Mamadou BAH Baadiko mettent en place le CDR. Ayant un dénominateur commun qui est celui de la finalisation de cette transition qui n'a que trop durer, ces groupes se retrouvent dans l'opposition républicaine.

Pendant plusieurs mois, Alpha CONDE que l'on dit ne pas connaître la Guinée, n'ayant jamais travaillé, ni géré et complètement bleu dans la gestion d'affaires publiques et dont le seul outil de conquête et de consolidation du pouvoir est la tribalisation du débat, à en face de lui, quatre anciens Premiers Ministres qui on géré, qui connaissent les dossiers de l'Etat, qui ont une idée de l'administration guinéenne et qui par dessus tout, représentent les quatre régions naturelles du pays. Mais les rivalités internes et intestines minent ces opposants et donnent à Alpha, tous les moyens pour consolider son pouvoir et asseoir une légitimité dans la sphère politique de la Guinée.

La résistance se forme autour de l'axe du changement sous le contrôle d'un seul leader. Ce qui devait être orchestré dans les quatre régions naturelles avec des leaders issus de ces régions s'essouffle rapidement donnant à Alpha le loisir de dire que seule une région et une commune de Conakry lui résiste. L'opposition est certes un bloc en apparence, mais la réalité montre que la cohésion n'est pas suffisamment solide pour perturber le sommeil de Alpha. Cette réalité refait surface à chaque fois que l'opposition se retrouve pour un partage de postes. Ce fût le cas de la restructuration de la CENI ou l'amorce d'un dialogue où le pouvoir arrive à créer des centristes pour semer la discorde au sein de l'opposition qui a toujours du mal à définir qui est opposition. C'est dans ce semblant de cohésion que l'opposition amorce le processus de dialogue.

3. Les Accords du 3 Juillet 2013 :

Après avoir subi la dissolution du Groupe de Contact pour la Guinée, dès l'arrivé de Alpha CONDE aux affaires, l'opposition a depuis ce moment perdu tout possibilité de mettre en place un cadre de concertation permanent entre le pouvoir et l'opposition pour débattre des sujets d'intérêt national. Il aura fallu plusieurs dizaines de jeunes martyrs, plusieurs centaines de blessés, d'arrêtés et de condamnés et une forte implication de la Communauté Internationale, pour que près de trois ans après la Présidentielle, un cadre de concertation soit mis en place dans la douleur.

 
Ce cadre aboutira aux fameux accords dur 3 Juillet qui nous mènera aux législatives du 28 Septembre 2013. Avant ces accords, le débat à longtemps porté sur le maintien de l'opérateur Waymark et le vote des Guinéens de l'étranger. Le pouvoir à réussi à faire accepter à l'opposition le "deal" qui consiste à permettre aux guinéens de l'étranger de voter et de maintenir Waymark. Le vote des guinéens est un droit et Waymark est la cause de tous nos malheurs.

De manière schématique, les accords porte sur un nouvel opérateur technique en lieu et place de Waymark pour la Présidentielle de 2015, une poursuite des auteurs et commanditaires des exactions sur les militants de l'opposition lors des marchés pacifiques, la mise en place d'une procédure d'indemnisation et de dédommagement des victimes et l'organisation des .communales au premier trimestre de 2014.

Tout ce qui a été obtenu est le maintien de Waymark qui, à travers la CENI, a tripatouillé comme il faut le fichier électoral. Le vote des guinéens de l'étranger sans aucune possibilité de nouveau recensement et tous les moyens pour limiter ce vote qui est favorable à l'opposition. Dans le non respect des autres points de l'accord, l'opposition se réveille après les législatives pour demander au gouvernement, le respect de ses engagements.

4. Le Rapport de l'Union Européenne sur les Législatives :

En substance et parmi tant d'autres recommandations, la Mission d'Observation de l'Union Européenne est catégorique sur le fait que la CENI en l'Etat n'a pas la capacité d'organiser des élections, confirmant ainsi les irrégularités flagrantes dont cette institution en charge des élections en République de Guinée a été tenue pour seule et unique responsable. Et l’opposition n’a jamais fait de ce rapport, un véritable cheval de bataille auprès justement de l’Union Européenne.

1. Une dichotomie importante dans l’évolution du corps électoral entre ces deux régions, favorisant largement le parti au pouvoir en termes de représentativité ;

2.  Une surreprésentation significative d’électeurs ayant atteint 18 ans dans l’année du scrutin a été observée dans neuf circonscriptions électorales favorables au parti au pouvoir. L’intégration de mineurs dans le corps électoral est à envisager dans les circonscriptions visées (Kankan – Kérouané) ;
 

 

 
 
 
 
 
 
3. Le taux de progression du corps électoral présente d’importantes disparités, 27.4% dans les fiefs favorables au pouvoir et 12% à l’opposition. D’importantes disparités également au niveau du nombre d’inscriptions nouvelles enregistrées en 2013 ;
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

 
 
4. Des défaillances ont été relevées durant l’inscription des nouveaux électeurs en 2013. Plusieurs kits d’enregistrement n’ont pas été versés au fichier électoral et des données saisies n’auraient pas été intégrées ;

5.    Une forte disparité entre circonscription dans les taux de participation et dans le nombre de bulletins déclarés nuls. De plus, un nombre important de résultats de Bureaux de Vote n’a pas été pris en compte pendant les opérations de centralisation.

 
 
 
 
 
 
 
 
 
Pour mieux illustrer l’efficacité de ces quelques outils sur le scrutin des législatives au détriment de l’opposition en général et de l’UFDG en particulier, voyons les résultats comparatifs entre 2010 et 2013.

       

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

 
 
 
 
 
 
5. Le Recensement Général de la Population :

Il nous a été fait comprendre que ce recensement n'avait rien de politique, mais était simplement pour des fins de statistiques et de développement. Mais on sait que dès sont installation, alpha CONDE a pour seul et unique objectif de se fabrique un nouveau fichier électoral taillé à sa mesure pour faire oublier dans les prochaines élections, son humiliant score de 18% au premier tour de la présidentielle de 2010. Avec toutes les imperfection de ce recensement de la population, la CENI qui est allée officiellement corriger les anomalies constatées, est plutôt allée pour valider ce recensement qui avait pour seul et unique objectif, la baisse de la population dans les zones qui sont favorables à l'opposition et l'augmentation de celle des zones qui sont favorables au pouvoir. L'opposition reste sans pouvoir faire le lien entre ce recensement de la population et les ajustements du fichier électoral. Jugez vous même les chiffres de ce recensement.

Dans une logique implacable, l’objectif de manière générale est de réduire la population de la Moyenne Guinée, tout en augmentant celle de la Haute Guinée. Pour des raisons d’ajustement, des cibles seront identifiées au niveau de la Basse Guinée et de la Guinée Forestière. En Basse Guinée, il sera question de jouer avec Boké et Kindia et en Guinée Forestière, avec Beyla et N’Zérékoré. Le plein de la Haute Guinée au nom d’un peuplement pour cause de Zones Minières et la réduction de la Moyenne Guinée au nom de l’exode rural, feront passer ce recensement comme une lettre à la poste. Il est donc inadmissible pour l’opposition de laisser passer une telle aberration.

Il est à souligner que cette étude comparative est basée sur une période de 18 ans (1996 – 2014).

Pour ce qui est de la Zone Spéciale de Conakry, il y avait des données spécifiques en 1996 pour les Cinq Communes de Conakry. En 2014, pour éviter de montrer la disproportion entre la Circonscription Electorale de Ratoma, réputée être un fief de l’opposition et les autres, il a été préféré de donner un chiffre qui englobe toutes les Communes. Cela évite les spéculations.
 

       
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
6. Les Accords de 2014 :

N'ayant absolument rien obtenu des accords du 3 Juillet 2013 pour les corrections des anomalies de la CENI et Waymark dans la gestion du processus électoral pour les législatives, il était question pour notre vaillante opposition, de demander à nouveau, un cadre de concertation pour le respect des engagements du pouvoir. On a reconduit les mêmes demandes qu'il y a un an.

Naïvement, l'ordre du jour à été adopté, des députés non inscrits voulaient s'inviter au dialogue de 2014, exactement de la même manière que les Centristes voulaient s'inviter en 2013. Comme en 2013, des facilitateurs nationaux sont venus, l'ordre du jour à été accepté, ainsi que le cadre de dialogue. Les différents points ont fait l'objet de consensus et un comité de suivi à été mise en place comme en 2013. Mais force est de constater que la signature de ces accords à été reportée Sine Die.

Comme en 2013, Alpha CONDE voulait la présence de l'opposition aux législatives et il a tout signé sachant qu'il n'est pas homme à respecter ses engagements. Après avoir profité de la suspension de l'opposition à ses activités à l'Assemblée Nationale pour faire voter le cadre d'investissement de Simandou et faire passer le Premier Ministre pour faire passer son programme de politique générale, Alpha CONDE a fait semblant d'accepter les points de l'accord, afin de ramener les députés de l'opposition à l'Assemblée pour la clôture de la session des lois.

Maintenant que tout le monde est en vacance, il n'a pas besoin de signer ces accords. A la session du Budget en Octobre ou avant en session extraordinaire, si l'opposition veut elle siège, si elle ne veut pas, il procèdera exactement comme il a fait lors de la session budgétaire de 2013 en faisant voter le CNT en lieu et place des députés élus.

7. La Liquidation de Waymark et de Sabary Technologie :

Il avait été dit dans les accords depuis le 3 Juillet 2013 que la société Sud Africaine ne serait plus là pour la Présidentielle de 2015. Mais si tout le monde s'entend sur le départ de cette société et l'arrivée d'un nouvel opérateur, il est important que l'opposition se mette en tête que tout le travail de cette société devient nul et de nul effet. Il sera donc question de revenir au fichier de Sagem de 2010 avec les 492 000 alphanumériques. Une nouvelle révision donc à partir de ce fichier de départ qui a servi pour le premier tour de la Présidentielle. Avec le fichier actuel, peu importe l'opérateur qui sera là, si l'opposition accepté d'aller aux élections avec ce fichier, elle n'aura que ses yeux pour pleurer et Alpha passera au premier tour avec plus de 60% des suffrages.

8. Les Rapports d'Audits :

Toujours menacés et longtemps promis, le rapport des audits est enfin sorti avec la ferme intention de nuire, encore une fois à l'opposition en général et à la seul force qui menace le pouvoir de Alpha en 2015. Le moment est bien choisi. Après la petite période du Patrimoine Bâti Public, nous voilà avec les audits des secteurs bien choisis pour mettre l'accent sur les départements qui on été sous la conduite à un moment ou à un autre d'un éminent membre de cette opposition. Info ou intox, toujours est-il que l'opposition, comme pour les villas de l'Etat cédées, tombe la tête baissée dans le piège de Alpha et cherche à se justifier. Pendant que les uns cherche à compléter les dossiers de défense, les autres se frottent les mains dans cette même opposition parce qu'il est question peut-être d'éliminer un concurrent dans la perspective de 2015.

9. Les Perspectives de 2015 :

Pendant longtemps l'opposition guinéenne s'est contentée de réagir et de plonger sur les morceaux de viandes que lui balance Alpha à des moments bien précis de la vie politique du pays. Si cette opposition veut survivre et préparer une alternative crédible à ce pouvoir, il va falloir se mouiller un peu plus. La première des actions serait déjà de sorti du carcan dans lequel Alpha les a mis. Cellou Dalein s'investit et se limite en Moyenne Guinée, Sidya se contente de faire bonne figure en basse Guinée, Kouyaté essaie de maintenir, tant bien que mal, un électorat en Haute Guinée et Jean Marie s'accroche désespérément en Forêt comme seul bastion. Pour une alternance crédible, il faut que cette opposition prouve qu'elle va au-delà des considérations régionales et ethniques dans lesquelles Alpha veut les enfermer. Mais pour ce faire, il faudrait que cette opposition ait une réelle vision de construction d'une nation et les bases d'un renouveau de la politique débarrassé de ces pratiques anciennes et rétrogrades qui gangrènent la vie publique de notre pays. La question est de savoir aujourd'hui si ces opposants sont capables d'un tel effort sur soi pour la construction d'une nouvelle Guinée ?

L'alternance en 2015 est à ce prix !

A bon entendeur, salut !

Conakry, le Vendredi 11 Juillet 2014

Mamadou BARRY,
Analyste Financier mamadoubiro@yahoo.fr
628-28-09-09 (Orange – 28 – Septembre – 2009)

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