La chronique de Siaka Kouyaté : Cellou-Bah Oury, débat difficile !

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GBK Il y a quelques jours, la France fêtait ce qui, par analogie, pourrait s’appeler chez nous, son indépendance. Le 14 juillet, renommé ‘’14 souliers’’, pendant 60 ans, avait aussi été la fête nationale des Guinéens. Sans rien connaître à l’Histoire, on peut, par simple raisonnement mathématique, en déduire que Français et Guinéens avaient donc, sans doute, des liens de parenté.

{jcomments on} On ne se sera trompé que de peu : il y avait bien une parenté, celle qui lie le cavalier à sa monture. Le cheval semble se réjouir avec son maître, quand ce dernier parade en lui faisant faire des figures savantes. En réalité, la fête cache la composante douloureuse de la chevauchée, celle que vit la bête montée.

Pendant 60 ans, nous nous étions réjouis avec la France, qu’elle se soit libérée de la privation de liberté, un certain 14 juillet 1789. C’est-à-dire, du jour qu’elle nous priva elle même du droit naturel qu’elle avait proclamé et consacré à jamais, cent ans plus tôt, celui de la liberté des peuples à disposer librement de leur destin.

La France n’aime pas la servitude. Elle le prouvera face à l’Allemagne du nazisme, dont elle a dû se libérer à un prix inestimable. La France des droits universels de l’Homme se libérera des chaînes du nazisme avec la collaboration d’autres peuples privés par elle, de leur liberté. Le paradoxe ne lui apparaitra qu’au rappel. Et encore, elle ne dut en convenir que parfois, au prix du sang. Le débat sur la décolonisation ou, si l’on préfère sur la colonisation, doit être constamment reconduit. En ce qui concerne les pays africains qui ont partagé cette réalité historique avec la France, le 14 juillet ne cessera jamais d’être leur fête à eux. Seulement, le débat porte un certain malaise au carrefour où se croisent politique et morale. Pour tout dire, le débat devient difficile, quand le maître se surprend à recevoir plus de l’élève qu’il n’a donné à ce dernier. Un débat aussi difficile que Celui de Cellou et de Bah Oury.

De plus en plus nettement, se dessine la fracture entre Cellou et son adjoint, Bah Oury. La méthode, devenue classique, consiste à se parler à travers les médias. La langue de bois n’étant plus de mise, les points sont devenus plus faciles à compter. Cellou, généreux sans grand effort, semble soudain se préoccuper du sort de son adjoint, condamné par la Cour d’assise en sa dernière session à la réclusion criminelle à vie par contumace. L’Ufdg a produit un communiqué qui exprime la réprobation de sa direction qui croit en l’innocence de Bah Oury et d’autres militants.

On peut lire : ‘‘La condamnation du Vice-Président de l’UFDG à la réclusion criminelle à perpétuité avec confiscation des biens alors qu’il n’a été cité par aucun accusé et son implication n’a été établie à aucun moment du procès, rappelle les pratiques tristement célèbres des tribunaux révolutionnaires. L’Union des Forces Démocratiques de Guinée exprime son soutien et sa solidarité à son Vice-Président et à ses militants injustement condamnés. La Direction Nationale du Parti se réserve le droit d’user de tous les moyens légaux pour le rétablissement dans leurs droits de ses cadres injustement condamnés. A cet égard elle invite tous ses militants à rester vigilants et mobilisés pour la défense des libertés et droits fondamentaux des guinéens.’’ Conakry, le 13 juillet 2013.

On ne court aucun risque à donner, quand on a l’assurance que l’offre ne sera pas acceptée. C’est sans doute pour cette raison, que Cellou multiplie en l’endroit de Bah Oury les actes de bonne foi.

Pendant que Bah Oury est devant la justice, son parti le porte sur la liste des candidats à la place qui est la sienne en temps ordinaire, juste après Cellou. Comment réagit Bah Oury ? Il décline la belle offre en termes plutôt sobres : ‘‘…je suis au regret de vous informer que je ne ferai pas suite à la proposition de mon inscription sur la liste nationale pour participer aux législatives. Ma position s’explique simplement par une exigence de cohérence de ma part.’’ C’est tout dire !

Bah Oury ressemble quelque peu à cet homme qui, condamné à la décapitation, se voit offrir le service du coiffeur pour lui couper la barbe. Il a la hauteur du refus, qui est parfois le dernier acte volontaire pour les hommes de cœur. Le débat est malaisé, de toute évidence.

L’Ufdg a tout de même une histoire singulière. Bah Oury part de son malentendu avec le Pr. Sow Alfa avec un morceau de leur commun parti, l’Ufd. Il s’installe à compte personnel pour créer l’Ufdg. Un de ces nombreux partis qui étaient plus riches en idées qu’en actions ou en militants. Peu de temps après, le nouveau parti reçoit Bah Mamadou ayant quitté l’Upr. Bah Mamadou sera suivi par ses militants. L’Ufdg commence alors à avoir du poids. Cellou Dalein, viré par le système qui l’avait fait et surfait, cherche parti. Il le trouve en l’Ufdg. Cellou n’est pas pauvre, ni en sous vaillants ni en volonté d’en découdre avec ses anciens amis du système. L’Ufdg monte en côte et s’offre l’aventure de la présidentielle qu’il remporte même au premier tour, pour le perdre au second tour. Bah Oury se félicite de son deal politique. Hélas, tout devient soudain confus.

Qui doit quoi à qui ? Cellou pourra-t-il évincer Bah Oury ou encore Bah Oury peut-il reprendre son parti ? Le problème n’est pas aussi crument posé encore, mais cela pourrait ne pas tarder.

Siaka Kouyaté pour www.guinee7.com
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Siakarichar@gmail.com

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