Le ministre Diaby au siège de Haali Pular: « la guinée est une famille » ne veut pas dire accepter l’injustice, la discrimination, l’exclusion, les discours de haine ou la violence

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Le ministre des Droits de l’Hommes et des libertés publiques, Kalifa Gassama Diaby, a bouclé sa rencontre avec les quatre coordinations nationales du pays par celle du Foutah. Cette rencontre s’est tenue au siège de la coordination Haali Pular à Touguiwoundy, dans la commune de Matam.

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D’entrée, le ministre Gassama a dit qu’il est venu rencontrer les sages du Foutah pour leur exprimer ses inquiétudes face à la situation sociale actuelle de la Guinée : « Je suis venu pour vous exprimer mes angoisses et vous dire à quel point je suis préoccupé par l’état du tissu social de notre pays. »

Cette situation serait les conséquences de l’injustice et bien d’autres facteurs négatifs : «Nous savons tous bien évidemment qu’il y a dans notre pays, et cela fait des années, beaucoup d’injustice, beaucoup de frustration, beaucoup de violences, beaucoup de discours d’exclusion et de haine, beaucoup de problèmes. S’il n’y avait pas de problèmes, ça se saurait. Il y en a plus de maux à avoir l’honnêteté de le reconnaitre avant de le combattre. »
 

Ces problèmes, selon M. Diaby, peuvent être résolus si tout le monde fait front commun pour un même idéal.

« Mais, poursuit-il, malgré tous ces problèmes, il y a à côté les fondementaux. Et je crois que ces fondementaux, nous ne pouvons pas les gagner si nous ne formons pas une famille. Lorsqu’on dit faire une famille, ce n’est pas faire l’économie de la justice. Nous devons faire famille mais aussi en nous battant pour la justice. Quand on dit faire famille ça ne veut pas dire accepter l’injustice, la discrimination, l’exclusion, les discours de haine ou la violence. […] Je suis convaincu d’une chose, s’il y a des combats en Guinée et à leur fin une des régions dit que c’est elle qui a gagné, c’est la Guinée aura perdu. Il n’y a en Guinée qu’une seule victoire souhaitable, une seule victoire qui puisse sauver l’honneur et la dignité de notre pays. C’est cette victoire qui donnerait le sentiment à chaque Guinéen qu’il est Guinéen à part entière. »

Poursuivant son intervention, il a invité les sages du pays à travailler ensemble afin de sauver la Guinée : « Je souhaite qu’on travaille main dans la main pour ne pas laisser ce pays entre les mais des apprentis sorciers, entre les mains des pyromanes, de nous battre pour que la voix de ceux qui plaident pour la paix soit plus forte que celle de ceux qui plaident pour la violence ou la haine. »

Quant au porte-parole de la coordination Haali Pular, il a égrainé plusieurs points noirs depuis que le Pr Alpha Condé est à la tête de la Guinée. Pour cette coordination, cela a commencé par l’assassinat de Diakariaou Diallo lors de l’arrivée à Conakry de Cellou Dalein Diallo, le 3 avril 2011. Et le dernier cas serait l’assassinat d’El hadj Amadou Oury Diallo, président de la section motards de l’UFDG.

«A cela s’ajoute la destruction des boutiques, des magasins, des pharmacies, des parcs automobiles, domiciles et des exactions contre nos sœurs, nos mamans et nos épouses dans la commune de Ratoma où les forces de l’ordre donnent des coups de pieds aux marmites sur le feu, piétinent les aliments, cassent des vitres et pare-brises des véhicules. Bref, elles détruisent tout sur leur passage avec des injures ethnocentristes visant notre communauté. En passant, nous citons le cas de ce doyen de plus de 80 ans qui a eu ses doigts tranchés par des forces de l’ordre à Cosa ou bien de cet imam qui partait à la prière du 5h du matin, battu, injurié par des gendarmes. Des incendies criminels perpétrés par des militants du RPG encadrés par des forces de sécurité à Sidibéyah, derrière le camp Alpha Yaya, la confiscation par les forces de l’ordre de plus de 200 motos appartenant à nos enfants», a souligné le porte-parole.

Revenant sur le procès des accusés dans l’affaire de l’attaque du domicile du président Alpha Condé, la coordination dit que cela aussi a été fait pour ‘’éliminer’’ les cadres peulhs dans l’armée : « L’affaire du 19 juillet 2011 avec le procès des accusés a montré que tout a été fait pour cibler les Peulhs qui occupaient des postes importants dans la hiérarchie militaire. Les cas 80% des accusés sont Peulhs, les 90% des condamnés sont des peulhs. »

Ils ont cité entre autres violations des droits de l’homme, ou des actes commis contre les Peulhs, et qui sont restés impunis, la tuerie des bœufs à Beyla, à Kassadou ; les tueries de Saoro, Zogota, Koulé, N’Zérékoré, et Siguiri.

Rougou Barry, ministre conseiller à la Présidence de la République, présente à cette rencontre en tant que haali pular, s’est dit effondrée : «Le contenu du plaidoyer que je viens d’entendre m’a effondrée. Je ne peux pas être une fille de Guinée, une fille du Foutah et que j’entende qu’on fait du mal aux gens du Foutah. »

C’est pourquoi elle a demandé à M. Gassama d’examiner tous les cas évoqués par la coordination.

« Monsieur le ministre, dit-elle, vous devez prendre acte de toutes ces déclarations. Vous devez faire ouvrir une session extraordinaire de conseil de ministres pour qu’on étudie cas par cas toutes ces déclarations qui viennent d’être faites. Lorsqu’on entend ces déclarations, on a l’impression que le Foutah est la cinquième région naturelle de la Guinée. Notre Guinée est riche. Nous avons beaucoup de choses. Mais nous avons la malédiction sur nous à cause des mensonges, à cause des injustices. Parce ce n’est pas normal avec 56 années que nous sommes là jusqu’à présent nous sommes dans des situations difficiles. »

Rougou Barry, issue d’une mère Soussou, et dont le mari est Malinké, dit être concernée par toutes les communautés du pays.

Poursuivant, elle a pris l’engagement devant les sages, de faire copie du plaidoyer de la coordination au président de la République.

« En tant que ministre conseiller du président de la République, je saurai introduire une copie de ce dossier, et je lui demanderai humblement en tant que Guinéen, en tant que premier magistrat de la République, en tant que président de tous les Guinéens et non d’une seule région naturelle, de faire son travail. Car si nous ne continuons pas à travailler, en tant que tous fils du pays, si on ne fait pas l’égalité de chance pour tout un chacun, si nous n’appliquons le droit pour chaque citoyen de ce pays, Dieu va nous punir », a-t-elle prévenu.
 

Et cette malédiction serait même en passe d’être faite. C’est pourquoi elle a estimé qu’Ebola est une malédiction.

« C’est la première fois que les Guinéens ne vont pas à la Mecque, a-t-elle ajouté. Depuis des années nous avons eu des morts. Après il y a des morts à la plage, puis il y a eu plusieurs autres morts. Dieu nous a envoyé encore quelque chose pour nous dire que puisque ‘’vous ne vous entendez pas à nouveau, je vais vous punir. Vous n’allez même pas pouvoir vous dire bonjour, même entre frères et sœurs. Je vous envoie Ebola’’. »

Il faut ajouter qu’avant de quitter, le ministre Gassama a fait savoir aux sages du Foutah, comme il l’a fait dans les trois autres coordinations, de sa proposition de désigner deux sages de chaque structure pour travailler ensemble.

 

Avec Media Guinee

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