Les vœux d’Alpha Condé encore revus

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GBK Dans son discours du 31 Décembre à la nation, Alpha Condé parle d'une partie de son bilan, sur lequel il convient de revenir brièvement. Quant aux perspectives de 2014, il sera utile d'en constater la démagogie… une nouvelle fois.

{jcomments on}Voici une sélection de contre-vérités et autre mensonges habituels (en italiques) … plutôt qu'une comparaison avec le contenu de ses vœux de l'année dernière, pourtant très instructif : http://guineeactu.info/debats-discussions/tribunes-libres/2467-les-vux-dalpha-conde-revus-et-corriges.html.

 

 

« C’est dans un climat de paix, d’entente et d’unité nationale que s’achève, pour notre pays, l’année 2013 » dit-il. Les massacres en forêt et tous les manifestants tués en 2013 sont passés par pertes et profits.

Ces vœux s'adressent aussi aux Guinéens de l’Extérieur, mais ces derniers n'existent que sur le papier, car ils n'ont aucune existence concrète sur le fichier électoral (un maximum de 100 000 électeurs, alors que le MAE lui-même reconnaît près de 3 millions de Guinéens à l'extérieur, la cinquième région du pays).

 

« Notre unité et notre cohésion nationale demeurent indispensables pour faire face aux multiples défis auxquels est confronté notre pays », c'est sans doute pour préserver cette unité, qu'Alpha Condé ose déclarer publiquement que la forêt a droit au perchoir, la Basse Côte à la primature. Sous-entendu, ceux de la Moyenne Guinée sont des parias.

 

« Depuis la fin de 2010, nous avons ouvert un nouveau chapitre de notre histoire, voué à l’avènement d’une société libre et démocratique », sans doute Mandian Sidibé, Mamadou Billo Sy Savané et les nombreux prisonniers ciblés injustement arrêtés (souvent en dehors des manifestations), pour ne citer que ceux-là, pourraient témoigner de cette liberté retrouvée.

 

« Le taux élevé de participation à ces élections [législatives]», sans doute parlait-il de Mandiana et des autres pourcentages incohérents en Haute Guinée (+90%).

 

« Je déplore certains actes de violence commis en 2013, et j’exprime ici ma profonde compassion à tous ceux et à toutes celles qui en ont été les victimes ». Au lieu d'exprimer de la compassion, il aurait fallu trouver les coupables, car jusqu'à preuve du contraire, ce sont les citoyens guinéens qui sont victimes, et le pouvoir – par l'intermédiaire des forces de sécurité – qui est coupable. Quel infâme cynisme.

 

« La Guinée a retrouvé toute la confiance de la communauté financière internationale et des bailleurs de fonds ». Il serait plus juste de dire que le FMI a accepté d'octroyer une annulation partielle de dette à la Guinée. Quant aux 6 milliards de $ d’investissements directs au profit de notre économie, il serait plus honnête de mettre à la disposition des citoyens les contrats qui l'assurent, car entre ce qui est dit et ce qui est fait, il y a souvent une grande différence. En outre, un contrat d'approvisionnement en bauxite n'a jamais développé un pays, mais juste fourni des recettes minières, qui bien souvent disparaissent d'ailleurs étrangement. Cela fait près de 60 ans que des multinationales ou des pays manifestent un vif intérêt pour notre pays. Cela n'a pas permis pour autant de développer le pays. Et si l'on constate que cela existe depuis longtemps, on constate de la même manière que rien n'a changé sous ce régime.

 

« La rigueur affichée par ces 2 départements ministériels [ministères des Finances et du Budget], est le signe … de la qualité du service public ». Lorsque le Ministre du budget affirme qu'il n'a pas pu travailler (proposer la loi de finances à la mi-Octobre) à cause de moins de 5 manifestations dans l'année, on est en droit de douter de cette rigueur.

 

« En 2010, le déficit budgétaire était de 13%, alors qu’il est aujourd’hui de 2%, le taux d’inflation de 23%, contre 12% en 2013 et la Banque centrale ne disposait, en termes de réserves de changes que d’un demi mois d’importation, contre six en cette fin d’année 2013 ». Là encore il est nécessaire de préciser 3 éléments.

Premièrement, comme pour les 2 années précédentes, le solde budgétaire est négatif (13 277,44 milliards de GNF en dépenses et 12 151,53 milliards de GNF en recettes, soit un manque de 1 125,91 milliards financé partiellement par emprunt extérieur, et si le déficit n'est que de 2% du PIB (environ 6,8 milliards de $), il représente néanmoins presque 10% des recettes, et il alimente la dette qui se remet à grossir, et ce depuis 3 ans.

Deuxièmement, c'est bien de réduire l'inflation, mais honnêtement dire qu'il existe une différence entre 20 et 10%, c'est se moquer du monde, car le panier de la ménagère ne le ressent pas, et partant le Guinéen est incapable de constater cette différence concrètement.

Enfin les réserves de change ne viennent pas d'une politique rigoureuse, – le CNT rappelle d'ailleurs que l'unicité de caisse est une vue de l'esprit et ne constitue qu'un slogan, qui ne correspond pas à la réalité -, mais de la recette exceptionnelle de Rio Tinto. Si vous gagnez au loto, il est clair que vous pouvez affirmer tout et n'importe quoi, concernant votre bonne fortune.

 

« Le fort endettement du Trésor auprès du système bancaire a été l’illustration la plus éloquente de la situation économique calamiteuse dont nous avons hérité. De 45 milliards de GNF à la prise du pouvoir par l’armée en 1984, celui-ci est monté à 137 milliards à fin Décembre 1999, à 274 milliards en 2001, pour culminer à plus de 2 000 milliards en 2006. Le régime de transition a porté ce montant à 3 449 milliards de GNF en 2009 et 6 433 milliards à fin Décembre 2010 pour atteindre un endettement global auprès du système bancaire de 8 347 milliards de GNF ». Là encore, on peut dire aux chiffres ce que l'on veut, par exemple que le régime d'AST était endetté.

 

« L’atteinte du point d’achèvement de l’IPPTE, a conduit à l’annulation de plus de deux-tiers de notre dette extérieure (soit plus de 3,2 milliards de $)». L'annulation porte sur 2 milliards de $, et non sur 3,2 milliards, qui représentant la dette totale. Il serait plus honnête de le préciser, car dit comme cela est annoncé…

 

« Après la tenue des élections législatives du 28 Septembre dernier, la Guinée a obtenu de l’UE le déblocage du 10ème FED. Cet accord marque aussi la reprise totale de la coopération avec l’UE, qui avait été suspendue en 2008 ». Là encore, mensonge éhonté. C'est le versement du FED qui était suspendu, pas la coopération avec l'UE. Les Guinéens le savent tellement bien qu'ils lisent régulièrement, que cette dernière finance de nombreux projets, procurent de nombreux dons et subventions (y compris alimentaires) et ont même financé les dernières élections. De toutes façons le solde du 10ème FED ne représentent pas grand chose (environ 150 millions d'€), comparés au milliard de $ non budgété (donc géré directement par Alpha Condé).

 

« Les retombés positives de tous ces efforts se sont traduites par une augmentation des salaires de 50%, l’adoption pour la première fois du SMIG (évalué à 480 000 GNF), la couverture médicale des travailleurs, le recrutement sur concours de 500 jeunes dans la Fonction publique, et bien sûr l’amélioration des conditions de vie des couches les plus modestes ». L'augmentation des salaires de 50% (tout dépend comment on compte) ne concerne que la fonction publique pléthorique. Un SMIG à 480 000 GNF signifie concrètement 420 000 GNF en termes de pouvoir d'achat, compte-tenu de l'inflation. Quant à l'amélioration des conditions des couches les plus modestes, ce n'est pas ce que dit le Programma Alimentaire Mondial corroboré par le Ministère guinéen de l'agriculture qui considère qu'un tiers des Guinéens sont malnutris.

 

« L’amélioration de l’environnement des affaires a été confirmée par le nouveau rapport, Doing Business 2013 de la Banque mondiale ». Ce n'est pas ce qui a été dit, le climat des affaires dépend d'actes concrets et non de discours lénifiants. Le délai pour créer une entreprise a été raccourci, ce qui est bien, mais cela n'empêchera pas les entreprises d'être rackettées. Pour l'essentiel, il s'agit de procédures administratives faciles à améliorer, on a du mal à comprendre pourquoi cette progression n'est pas spectaculaire (on a gagné 4 places seulement). En effet, il n'y a pas lieu de se glorifier de se trouver à la 175ème place sur 189 !!!

 

« L’effort fourni pour le développement agricole et l’autosuffisance alimentaire se fait sentir sur le marché et dans la sécurité alimentaire des ménages ». Les ménages ont toujours trouvé des aliments, c'est le prix qui pose problème, d'où les problèmes de malnutrition évoqués ci-avant.

 

« Le Gouvernement intensifiera les reformes entreprises dans le secteur minier qui ont permis à la Guinée d’être citée comme exemple de transparence et de gouvernance ». C'est sans doute la raison pour laquelle, personne ne connaît le contenu des accords avec Rusal, ni ne comprend, comment une société d'à peine 6 ans d'âge (Sable Mining Africa) – et donc sans expérience en la matière – et dont il est dit qu'elle appartient à la famille Condé elle-même, signe un contrat avec ce pouvoir pour exporter – dans quelles conditions ? – le fer de Simandou par le Liberia. Apparemment les seuls intérêts de ladite société se trouveraient en Guinée. Prôner la transparence en confiant des contrats juteux, sans appel d'offres, à une coquille vide située dans un paradis fiscal, à savoir les îles Vierges britanniques, constitue une autre illustration de cynisme.

 

« La stratégie de remplacement de la production thermique par la production hydraulique continuera d’être mise en œuvre ». En dehors de Kaléta, toutes les dépenses faites dans le secteur, ont été faites pour des installations thermiques, un énorme gâchis.

 

« Le Gouvernement engagera la réhabilitation de l’Hôpital national Donka pour en faire un des hôpitaux de référence de la sous région ». Il faut arrêter de dire qu'on va faire pour être les meilleurs, car pour l'instant nous sommes les plus nuls. Faisons déjà le minimum en matière de santé pour les guinéens, avant de vouloir éblouir nos voisins. En outre, pour devenir une référence, il ne suffit pas de posséder des installations modernes, encore faut-il posséder le personnel adéquat. I

 

« Les chefs-lieux des 33 préfectures du pays sont désormais éclairés grâce à un programme d’énergie solaire ». Il ne faut pas confondre le fonctionnement d'un lampadaire situé dans le centre d'une ville de province avec l'électrification du pays.

 

« Nous avons adopté une politique nationale de défense et de sécurité, visant, entre autres, à créer les conditions d’une amélioration des relations entre la population et son armée ». Cette politique consiste à tirer à balles réelles sur des Guinéens, puisqu'à Conakry les gendarmes tuent des manifestants en toute impunité, alors qu'à Kankan, ce sont les manifestants qui tuent des gendarmes en toute impunité ; ce sont même les gendarmes qui sont sanctionnés. Cela s'appelle de la discrimination, d'autres disent ethnocentrisme.

 

« Une loi créant et organisant un Conseil supérieur de la magistrature a ainsi été adoptée ». Ce qui n'implique pas qu'il ait eu à siéger. Pourtant sa saisine était obligatoire, lorsqu'il a fallu nommer de nouveaux juges à la Cour Suprême, une des nombreuses violations de la constitution.

 

« Je suis exigeant sur le respect des valeurs que les forces de défense et de sécurité doivent incarner et sur la conduite irréprochable de leurs missions ». On saura vous le rappeler en temps utile, vous le Ministre de la Défense, supérieur hiérarchique de tous les criminels qui agissent en toute impunité.

 

 

 

 

Gandhi, citoyen guinéen

« Dans tout État libre, chaque citoyen est une sentinelle de la liberté qui doit crier, au moindre bruit, à la moindre apparence du danger qui la menace » (Robespierre, Discours sur la liberté de la presse, Mai 1791).

 

 

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