Curieux parcours que celui d’Alpha Condé ! Diplômé de la prestigieuse université de Sorbone et figure historique du mouvement d’Etudiants panafricanistes (FEANF) en France dans les années 70, condamné à mort par contumace par le régime de Sekou Touré, l’homme a charmé pendant plus de 40 ans l’opinion nationale et internationale pour son combat en faveur de la démocratie et l’Etat de droit en République de Guinée. Devenu Président à la suite d’élections qualifiées, à tors ou à raison, de « truquées », Alpha Condé n’a cessé de surprendre…négativement. Hélas !
Opposant, l’homme était dévoué à la cause de la République. Apparemment honnête et juste puisqu’il n’a voulu aucunement se mêler, de près ou de loin, à la gestion opaque et extravagante de ses prédécesseurs qu’il a toujours qualifiés de dictateurs. Il paraissait allergique à la corruption, au détournement de fonds publics, au clientélisme, au népotisme, à l’injustice et à la division. Il se voulait rassembleur, concepteur d’unités nationale et promoteur de l’État de droit. Pour cela, il a toujours eu l’estime et le soutien de la presse, du syndicat et de la société civile, qui furent d’ailleurs les principaux instruments qui l’ont servi comme cheval de bataille dans son combat.
Alpha Condé Président : une fois à la présidence, les rêves de l’opposant s’envolent avec les réalités de la chefferie africaine. Ne connaissant pas l’administration guinéenne et les guinéens dit-il , il s’est cru obligé de « pactiser avec le diable » en se faisant entourer par les pires « prédateurs » de la République qu’il avait pourtant renié autrefois ; il les avait même qualifiés « de pillards » qui ont contribué à la misère du peuple de Guinée ! À ceux là s’ajoutent les opportunistes qui ont rempli le navire du RPG arc-en-ciel en 2010 ; des gens sortis de nulle part et parfaitement identifiables de par leurs médiocrité et leur affairisme.
Alpha Condé satisfait de son élection et du soutien des ces « escrocs de la République », il passe à la phase des récompenses d’où le slogan «gouvernement de récompense ». Ainsi, il vous suffit d’avoir « mouillé le maillot », pour être promu et reconduit à un poste juteux ; peu importe que soyez corrompu ou accusé de détournement de centaines de milliards de nos francs !.
Toutefois, si sa réélection pour un troisième mandat en novembre dernier, à la suite d’un changement contesté de la constitution a été vivement critiquée par ses opposants, Alpha Condé semble désormais prendre conscience de l’échec de sa gouvernance durant ces dix dernières années. C’est en tout cas le sens qu’on pourrait être tenté de donner à son discours d’investiture, dans lequel il a indiqué la direction qu’il compte donner à sa nouvelle gouvernance.
Ses visites inopinées dans les différents Départements ministériels, doublées de propos qualifiés « d’indignes » de la part d’un Président à l’endroit de ses compatriotes, traduiraient-elles un certain agacement et une réelle volonté d’en finir avec la mal gouvernance ? Autrement dit, va-t-il vraiment « gouverner autrement » durant son sextennat ?
Rien n’est moins sûr, a-t-on coutume de dire…
Mohamed Cherif Barry, journaliste