Le Ministère des Postes, des Télécommunications et de l’Economie numérique est la nouvelle dénomination du département ministérielle en charge du numérique et du secteur postal.
Il y a quelques décennies, on parlait du Ministère des PTT (Postes, Télégraphes et Téléphones) et les questions liées à l’informatique relevaient opérationnellement d’un tout autre domaine de compétence.Par la suite, les Télécommunications vont intégrer la Numérisation au cœur de leurs processus, ce qui est à la base de la nouvelle révolution que connait notre monde et qui a mis le secteur des TIC au cœur des principales mutations technologiques opérées depuis plusieurs décennies.Ensuite est survenu le big-bang dû au croisement entre les Télécommunications et l’Informatique, qui a prolongé les changements précédents et rendu presque infinie la chaîne du possible avec les TIC.Ainsi, avec la convergence des métiers de l’informatique et des Télécommunications, on a d’abord, il y a une vingtaine d’années parlé des NTIC, puis des TIC.Une économie à part entière s’est créée, dont les ressorts sont endogènes, mais qui est en parfaite interaction avec l’économie traditionnelle, dont elle est devenue un facteur d’accélération.
C’est à ce niveau que le basculement se fait des TIC vers « l’économie numérique ». Cette dernière va au-delà des infrastructures, donc des moyens utilisés, pour davantage mettre l’accent sur la finalité visée, sur les services rendus, sur les emplois créés, sur les richesses supplémentaires produites.Ce changement de dénomination atteste également d’un niveau de maturité du secteur plus élevé, qui permet de travailler plus en profondeur sur les services permis par les « infrastructures TIC ».
Il faut saluer la volonté clairement affichéede nos responsables politiques qui confirment par ce changement, l’ambitionde notre pays d’aller résolument vers une société transformée positivementgrâce à un apport efficace et inclusif des TIC pour plus de production de richesses,de savoir à partir de ces technologies.
En considération du rôle catalyseur des Technologies de l’Information et de la Communication dans le développement économique et la promotion du bien-être des populations, nous devons nous donner comme ambition d’assurer le développement par les TIC, en sorte de créer très rapidement les bases pour le développement d’une économie numérique pouvant impacter durablement la croissance économique, changer en profondeur le fonctionnement de l’économie sociale, et créer les fondamentaux pour une économie du savoir au service des populations guinéennes.
Certes, le numérique est tout aussi prioritaire que d’autres secteurs. Mais, il doit être considéré comme un axe sérieux et important à prendre en compte dans l’élaboration de toute stratégie de développement; au risque de se retrouver à la traîne, et par ricochet, d’empêcher d’atteindre les objectifs d’émergence.
Des progrès significatifs sont enregistrés dans un grand nombre de domaines. Par le phénomène de Leapfrogging qui désigne le saut d’une étape technologique pour passer directement à la suivante,nous avons passé l’étape du téléphone fixe, et même celle d’Internet sur ordinateur, pour passer directement à celle du mobile. L’accès à l’usage d’un téléphone fait désormais parti du quotidien de tous les guinéens. Cela est matérialisépar les abonnements aux servicesde télécommunications mobiles quisont aujourd’hui de 14,4 millions d’abonnés en fin 2020. L’accès internet est passé de 6 millions à la même période selon les chiffres publiés par l’ARPT, l’autorité de régulation des télécommunications. Le succès du Mobile Money, qui permet une plus grande inclusion financière n’est plus à démontrer. Nous pouvons également mentionner l’éclosion de nouveaux métiers générateurs de valeurs et d’emplois, tels que le commerce électronique, le paiement mobile, l’infogérance, la production d’applicatifs informatiques, la production audiovisuelle, la sécurité informatique, etc.
L’objectif ultime que vise le Ministère chargé de l’Economie Numérique, consiste à mettre l’ensemble du secteur en capacité de donner une plus forte impulsion à la croissance économique, au développement, à la modernisation de notre pays et au bien-être des populations, en nous appuyant sur les solutions les plus modernes permises par les TIC.
Plus concrètement, la politique à mettre en œuvre doit permettre à la Guinée de disposer à court et moyen termes, de services TIC compétitifs et accessibles au plus grand nombre de citoyens, et sur un terme plus long, de bâtir les fondamentaux d’une Economie Numérique porteuse de valeurs, tout cela à travers d’une une réglementation en adéquation avec les enjeux de développement de notre Pays (dynamisante et qui donne confiance) ; d’une offre abondante en réseaux large bande et en services de contenus locaux; de la vulgarisation des outils et services TIC, et de l’Internet en particulier, par l’appropriation, tant par les citoyens que par l’Administration publique, de ces technologies ; de l’émergence et le développement de nouvelles activités, créatrice de richesses, et génératrices d’emplois nouveaux et l’incitation au développement de contenus locaux profitables aux populations ; d’un plan ambitieux de formation et de développement d’une expertise nationale en matière de TIC.
Au cours de cette période de transition, les enjeux du développement de l’économie numérique doivent nous conduire à la fixation des objectifs opérationnels réalistes qui baliseront notre marche au cours des prochaines années. Assurer, par exemple, une couverture de près de 100% de la population guinéenne en services de téléphonie;porter le taux de couverture data/internet à plus de 90% de la population;porter le taux de pénétration de l’accès haut débit à près de 50 %;fournir en ligne aux citoyens Guinéens, à travers le programme de gouvernance électronique de l’Etat, des services informationnels et certains services transactionnels.
Ce programme doit comprendre la mise en œuvre, en étroite collaboration avec les ministères sectoriels, qui doivent être pleinement parties prenantes du projet, d’un plan de numérisation des processus de production et d’offres de services de l’ensemble de notre Administration.
Pour permettre à chacun de mieux mesurer le parcours à réaliser, nous devons nous fixer trois bornes, trois buts ultimes, trois cibles à viser à moyen et long terme. Il s’agit premièrement de la mise en œuvre de l’identifiant unique, qui simplifiera le suivi administratif et l’offre de services aux citoyens guinéens ;partant du principe que leGuinéen Nouveau est forcément Numérique, nous devons chacun à son niveau nous efforcer de parvenir à l’objectif du « Zéro papier » dans la gestion de nos processus, ce qui consistera pour l’Administration Publique à dématérialiser la (presque) totalité de ses processus de production et de fourniture de services aux populations. En disposant d’un cyber espace de sécurité accrue et de confiance, nous créeronsde nombreux emplois nouveaux (directs et indirects) dans le secteur, à travers les nouveaux métiers rendus possibles par les TIC (centres d’appels, commerce électronique, Mobile Money, infogérance et sous-traitance internationale, développement d’applicatifs, production de contenus, montage d’équipements, formation et assistance aux utilisateurs, construction et maintenance de réseaux, cyber sécurité, etc.).
Nous pouvons ajouter à ces objectifs des ambitions telles que, un développement accru de la gouvernance électronique de l’Etat, à travers une plus grande disponibilité des services en ligne dans tous les domaines (Education, Santé, Etat civil, Agriculture, Justice, Finances, etc.);la mise en œuvre de mécanismes d’encouragement et d’incitation des jeunes à l’innovation pour plus de création de valeurs (centre d’incubation, avec accompagnement technique, administratif, financier…);le renforcement des actions en matière de sécurité numérique;la mise en œuvre effective de l’IPV6 et des adresses statiques au niveau de la fourniture du service internet ;la consolidation du marché de la téléphonie autour d’un maximum de 4 opérateurs (marché plus concurrentiel, services de meilleure qualité, accroissement des capacités des acteurs…);enfin, tous nous travaillerons à rendre nos politiques de régulation plus efficientes pour un fonctionnement plus optimisé du marché de l’offre de services TIC.
Il convient de noter que le renouvellement des licences des principauxopérateurs de services de télécommunications doit toujours se faire dans un climatde confiance avec les acteurs, toute chose qui pourra attester que notreéconomie sera porteuse d’espoir pour l’ensemble des investisseurs.
L’ensemble de cette politique et des actions à mener dansle secteur doit être encadrées par une loi d’orientationgénérale sur les TIC et le développement de l’économienumérique.
L’objectif ultime visé est que l’ensemble des actions à mener le soient d’une façon plus cohérente de sorte à créerplus de valeurs, plus d’emplois pour notre jeunesse, plusde connaissances pour nos populations, et contribuent endéfinitive à un relèvement substantiel de la maturité numériquede la Guinée.
Imaginons une Guinée … Que vous ayez besoin d’un taxi, un petit creux ou que vous cherchiez l’amour, vous trouverez des applications faites pour cela. Une Guinée où il y a tellement d’entreprises et de start-ups qui s’adressent à leurs clients par ce biais qu’il existe n’importe quel type de services pour à peu près toutes les demandes. Cette Guinée est possible si l’économie numérique, basée sur l’informatique,devient un domaine pris au sérieux par les entreprises comme par les gouvernements, et à juste titre.
Ousmane Boh KABA
Excellente contribution Mr. Kaba ! Vous dites : « Plus concrètement, la politique à mettre en œuvre doit permettre à la Guinée de disposer à court et moyen termes, de services TIC compétitifs et accessibles au plus grand nombre de citoyens, et sur un terme plus long, de bâtir les fondamentaux d’une Economie Numérique porteuse de valeurs,… » Je suis d’avis avec vous Mr. Kaba. En un mot, le développement technologique n’est pas le fruit d’un hasard, au contraire, il suit le plan défini par la politique. C’est le cas en tout cas en Allemagne. À titre d’exemples, on peut citer, entre… Lire la suite