GBK Dans un entretien qu’il a accordé à notre confrère de nouvelleguinée, M. Bah Oury, a abordées plusieurs questions d’actualité, notamment, l’hégémonie du RPG Arc-En-ciel à l’Assemblée nationale, la reconduction surprise de Mohamed Saïd Fofana, le risque "d’éparpillement des forces" que pourrait représenter des actions politiques sans concertation avec d’autres forces ayant la même vision de la part de Diallo Sadakaadji, etc…
{jcomments on}La Guinée vient d'avoir un président de l’assemblée nationale. Quel regard portez-vous sur l'élection de Kory Kondiano ?
Bah Oury:L'élection de M. Kory Kondiano est dans la logique des choses. En effet avec une majorité relative à l’assemblée nationale, son élection était attendue.
Mais un suffrage de 64 votants en sa faveur a montré que des voix de l'opposition parlementaire se sont portées sur le candidat du RPG, privant ainsi Mme Anne Marie Toffany, candidate de l'UFDG de voix précieuses. Ceci démontre la fragilité de l'unité de cette opposition parlementaire.
Le caractère versatile de certains responsables montre également la possibilité pour la mouvance présidentielle de pouvoir disposer d'une majorité à géométrie variable en usant des subterfuges classiques à savoir l'achat des votes, l'intimidation des récalcitrants et l'isolement des députés réfractaires.
Les débuts de ce parlement n'ont pas convaincus l'opinion nationale, mais au contraire ont attisé les frustrations et les colères qui sont tout à fait légitimes.
La répartition des postes au niveau du bureau de l'exécutif a consacré la domination totale du RPG au grand dam de l'opposition. Cela était aussi prévisible.
Est-ce que l’UFDG vous a consulté pour choisir madame Anne Marie Toffanie comme candidate de l'opposition ?
Non.
Comment sont vos relations avec le président Cellou Dalein Diallo ?
C'est le statu quo.
Quel commentaire faites-vous de la décision du PEDN de Lansana Kouyaté de bouder l'assemblée nationale?
M. Kouyaté a eu une attitude digne et courageuse.
Diallo Sadaakadji envisage de se lancer dans la politique. Votre commentaire sur la nouvelle aventure de ce richissime homme d'affaires ?
C'est un citoyen libre et il a le droit d'exprimer ses vues sur la manière dont son pays sinistré est gouverné.
Quant à la forme de l'engagement politique, un échange et une confrontation des expériences me paraissent opportuns pour éviter de commettre les erreurs du passé et surtout être en mesure de mutualiser les forces pour vaincre les mauvaises politiques du pouvoir comme de l'opposition afin de sauver notre pays du naufrage.
L'engagement politique à mon entendement ne se réduit pas uniquement à créer un parti politique. Un parti est comme un arbuste qu'il faut arroser pendant des années pour espérer le voir grandir. Son âge de maturité demande des décennies de sacrifices, d’échecs et aussi de succès.
Or l'espace politique occupé par les partis politiques est quantitativement encombré et une forte demande en ressources humaines de qualité se fait pressante.
En d'autres termes ,je plaide pour la mutualisation des forces, des talents et des expériences pour faire émerger une équipe politique de qualité en mesure d'être la véritable alternative démocratique dont le pays a besoin. C'est mon souhait et c'est aussi mon ambition. Il faut éviter l'éparpillement des forces.
À votre avis, quel est le bilan de Rabiatou Sera Diallo et du CNT après trois ans de travail ?
La durée de vie du CNT a été plus longue que ce qui était raisonnable. Dans ce contexte deux réalités étaient confrontées : la transitoire avec une légalité certaine et la légitimité du responsable de l’exécutif, s’appuyant sur une élection présidentielle. De ce point de vue le combat était inégal.
Ensuite, l’opposition démocratique a négligé le CNT et l'a laissée à elle-même. Tout cela, a conduit à un bilan contrasté de cette instance de la transition qui est devenue par la suite «un instrument» d'appui à l'action gouvernementale.
Le bilan négatif de la gouvernance politique, économique et sociale de l'exécutif guinéen a entraîné celui du CNT également.
Le président Alpha Condé envisage de nommer un « gouvernement de mission » pour se mettre enfin au travail. Qu'attendez-vous de cette future équipe ?
M. Alpha Condé a reconduit M. Saïd Fofana comme Premier Ministre et Chef du Gouvernement. Après avoir vilipendé le gouvernement la semaine dernière, M. Alpha Condé reconduit le chef de file de ce gouvernement.
Ceci indique qu'il y a un manque total de cohérence du Chef de l'Etat guinéen. La gouvernance d'Alpha Condé a montré ses limites et aucun changement qualitativement positif ne peut être attendu par son fait.
Dans les prochains jours, l’équipe des ministres sera connue. Je ne m'attends pas à aucune inflexion notable de la manière dont la Guinée est gouvernée. L'affairisme sera encore plus triomphant que jamais.
Les démocrates et les forces de progrès doivent en tirer toutes les conséquences et assumer par conséquent l'indispensable implication de tous pour abréger cette gouvernance dangereuse pour l'unité du pays.
Nous devons combattre cette gouvernance qui est incapable d'améliorer le sort de nos compatriotes qui sombrent de plus en plus dans la misère et la famine.