Le lundi 18 décembre, Conakry, capitale de la Guinée, a été le théâtre d’une tragédie : un incendie dévastateur résultant de l’explosion du principal dépôt de carburant du pays. Cet incident a entraîné la perte de vies humaines, des blessures, d’importants dégâts matériels, et a paralysé la ville. En ces moments difficiles pour la population guinéenne, une question cruciale émerge : la Société guinéenne des pétroles (SONAP) est-elle responsable de cette catastrophe ?
Créée en décembre 2021 par décret présidentiel, la SONAP avait pour mission de gérer l’administration pétrolière en Guinée, détenant le monopole d’importation des produits pétroliers. Cependant, des événements passés, tels que la pénurie de carburant en juin 2022, suscitent des inquiétudes quant à sa compétence et à sa gestion.
Pendant la crise, la SONAP avançait le changement d’importateur et les procédures administratives comme explications à la pénurie. Cependant, ces arguments semblent simplistes et manquer de crédibilité, ne parvenant pas à convaincre la population. Une direction responsable aurait dû anticiper et planifier, surtout lors de transitions entre fournisseurs. La gestion à la petite semaine doit cesser. Gérer, c’est prévoir, voir et anticiper.
Au début des crises de pénurie, des informations suggèrent que le gouvernement aurait été alerté sur l’incompétence de la nouvelle direction, sans réussir à y remédier. La question se pose : s’agit-il de favoritisme ou de népotisme ? La responsabilité semble donc être partagée entre la SONAP et le gouvernement, dirigé par la junte militaire depuis septembre 2021, le CNRD (Comité National pour le Rassemblement et le Développement).
Le CNRD va-t-il sévir, ou va-t-il continuer à justifier les critiques dénonçant « la gestion à « l’esprit CNRD », qui consiste à reléguer au dernier rang des soucis la compétence et l’expérience, privilégiant l’orgueil, le mépris, et le système de parrainage, conduisant à des conséquences néfastes sur le plan économique et financier » ? Dans un contexte de prétendue moralisation de la gestion publique, la moralité et l’exemplarité des acteurs de cette noble approche de gouvernance sont essentielles pour obtenir l’adhésion des populations dans l’atteinte des objectifs.
Les crises à répétition à la SONAP, de la pénurie de carburant à la mauvaise gestion, en passant par cette immense tragédie et ses conséquences économiques, environnementales, et humaines, impactent directement les conditions de vie des Guinéens. Cela entraîne une hausse des prix des produits locaux et importés, paralyse les transports urbains et interurbains, et entrave les affaires, conduisant à des coûts spéculatifs insupportables pour certains. Actuellement, avec cette tragédie, le prix du carburant, qui était à 12 mille francs, se négocie à plus de 50 mille francs le litre.
Pour satisfaire les besoins croissants des consommateurs, la jeune SONAP naissante s’était engagée à délocaliser les dépôts de Conakry à Moribayah et celui de Kankan à Kodiaran pour une meilleure capacité de stockage, de sûreté et de sécurité.
Projets de délocalisation :
Dépôt de Kankan : Le nouveau dépôt en projet dans la Préfecture de Madiana, sur le site de Kôdjaran, d’une superficie de cent hectares, avec une capacité de stockage record de 112 mille mètres cubes, aurait pu contribuer à éviter de tels incidents.
Dépôt de Moribaya : Un projet près de Forécariah avec une capacité trois fois supérieure aux dépôts actuels à Conakry, aurait assuré une meilleure gestion des risques liés aux installations pétrolières.
Que sont devenus ces projets ? L’absence du directeur général de la SONAP sur le terrain des projets laisse planer des doutes sur la concrétisation de ces engagements, qui auraient pu constituer une lueur d’espoir pour prévenir cet incendie et ces pénuries. La Guinée se trouve à la croisée des chemins, confrontée à une crise aux conséquences potentiellement énormes pour la population. Gouverner, c’est anticiper, dialoguer et rassurer. La gestion actuelle de la crise par la SONAP et le gouvernement soulève des questions fondamentales sur la compétence et la responsabilité des autorités en place.
Espérons que l’enquête en cours, initiée par le gouvernement et le CNRD, fera toute la lumière. Sera-t-elle une boussole guidant la SONAP hors de l’obscurité, ou bien une lanterne éclairant les zones d’ombre qui persistent ?
Ousmane Boh KABA
Effectivement la délocalisation aurait soit évité un tel drame soit atténué sa magnitude. Imaginons si on était en temps de guerre. Par ailleurs, ds la plupart des pays africains on investit paradoxalement très peu ds la lutte contre les incendies. Est il normal d avoir si peu de soldats du feu mal équipés ds une armée aussi pléthorique? Les produits pétroliers st très inflammables de nature mais ces sites tt comme les grands marchés doivent avoir des dispositifs anti incendies très opérationnels à Conakry et toutes les autres grandes villes. J’espère que des corrections majeures seront faites. Il faut aussi… Lire la suite