Ousmane Goual Diallo : « Notre pays est le seul où des acteurs politiques sont contents de compter les victimes et en font des trophées… »

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Après un séjour d’un mois hors du pays, le ministre des Transports M. Ousmane Gaoual Diallo s’est prêté aux questions de nos confrères d’Africaguinee, relatives à la tragédie survenue le dimanche 1er décembre 2024, au stade de 3 avril à NZérékoré et qui a enregistré  des dizaines de morts et de nombreuses parsonnes « portées disparues ».

Alors que le gouvernement  fait état d’un bilan provisoire de 56 morts, des acteurs de la société civile, notamment des organisations de defense les droits humains dans la région de Nzérékoré, parlent plutôt de 130 morts.

Tout en  tenant à s’associer à tous les Guinéens qui, selon lui, « ont eu une minute de prière pour les victimes, pour le repos de leur âme et pour la quiétude sociale »,  le porte-parole du Gouvernement, a d’abord rappelé que « la plupart de ceux qui parlent aujourd’hui, pour indexer la responsabilité des organisateurs, étaient des organisateurs des événements du 28 septembre ».

À ceux qui avancent le chifre de 130 morts, O. Gaoual déclare que « si quelqu’un estime qu’il y a 130, 140 morts, le plus simple c’est de publier les noms de ceux-là, que l’État ne connaît pas, ou qui n’est pas encore actualisé. Ces organisations ne doivent pas s’habituer à s’amuser avec des chiffres. »

Nous en livrons un extrait de l’entretien…

 

Parlant de sa réaction personnelle suite à cette tragédie qui a eu lieu à Nzérékoré:

« D’abord, c’est de m’associer à tous les Guinéens qui ont eu une minute de prière pour les victimes, pour le repos de leur âme, pour la quiétude sociale et rappeler aussi, la responsabilité première est celle de l’État. C’est l’État qui est regardé lorsqu’il y a une tragédie. Ensuite, la deuxième chose, c’est de dire aux hommes politiques, aux acteurs de la société civile, à toutes ces personnes qui s’expriment et qui essayent de dire que les organisateurs seraient les coupables de cet événement-là, de faire attention(…). Rappelez-vous que la plupart de ceux qui parlent aujourd’hui, pour indexer la responsabilité des organisateurs, étaient des organisateurs des événements du 28 septembre.

C’est eux qui appelaient les citoyens au stade, mais ils n’ont pas été incriminés, ni par la justice, ni indexés par la société, parce qu’ils étaient des organisateurs. La justice a cherché les coupables. Vous appelez quotidiennement à des manifestations politiques qui entraînent des morts, mais personne ne vous indexe parce que vous avez appelé à la manifestation. Il faut chercher les coupables, mais il faut faire attention. Ce n’est pas parce que quelqu’un a appelé à l’organisation d’un événement et qu’il y a une tragédie qu’on doit tout de suite indexer l’organisateur. Il y a eu des défaillances, il y a eu un certain nombre de manquements, il y a eu un certain nombre de choses.

Ce stade n’est pas un stade dans les normes, mais ce n’est pas un stade qui a été construit maintenant. Beaucoup de ceux qui parlent étaient en situation de responsabilité au moment où ce stade se construisait. Quand on fait une enceinte comme ça, même limitée à 10 000 personnes avec une seule entrée, c’est un risque. Il y a longtemps que la FIFA a recommandé qu’il y ait plusieurs entrées, plusieurs sorties pour qu’à moins de dix minutes, qu’on soit capable d’évacuer un stade de 80 000 personnes. Donc là, on a vu que même ça, ce sont des dispositions qui n’étaient pas en place. Et puis il y a eu d’autres manquements, d’où la responsabilité de l’État.

L’État va prendre sa responsabilité pleine et entière. Mais ce n’est pas parce qu’il est coupable, mais c’est parce que c’est lui qui incombe en premier lieu la protection de la vie des citoyens. C’est à lui qu’incombe en premier lieu la prévention de ce type de tragédie. Donc quand ça arrive, on ne se dérobe pas. On tire des leçons pour mieux construire l’avenir »

Parlant des chiffres de de 130 morts annoncés par des acteurs de la société civile:

« (…)Le gouvernement a donné un chiffre provisoire, les premières informations qui sont données, c’est à partir de sources hospitalières et des services de sécurité qui étaient présents. Si quelqu’un estime qu’il y a 130, 140 morts, le plus simple c’est de publier les noms de ceux-là, que l’État ne connaît pas, ou qui n’est pas encore actualisé. C’est très important. Ces organisations ne doivent pas s’habituer à s’amuser avec des chiffres.

Si vous avez la liste de 130 personnes ou de 300 personnes mortes, comme j’ai vu certains le dire, le plus simple élément c’est de publier la liste, parce qu’au moins, librement, là où vous avez fait la tribune pour annoncer ces chiffres, vous pouvez publier la liste des gens, avec leur famille. C’est quand même plus simple, pour ne pas qu’une tragédie soit source de polémiques, mais qu’ils permettent de connaître la vérité. S’il y avait 300 morts, le gouvernement aurait annoncé 300 morts, parce que de toute façon ce sont des victimes, et ce ne sont pas des gens qu’on a assassinés. C’est un accident tragique, mais on aurait annoncé les chiffres. (…) C’est pour ça que notre société doit être une société apaisée, où on va dire les choses de façon objective, pas chercher à jeter l’anathème lorsqu’il y a ce type de tragédie, mais à participer à la construction psychologique de notre société, à la solidarité, à l’effort de compassion et de l’empathie. C’est à cela que nous invitons nos concitoyens. »

Parlant du « silence des autorités » sur le cas de portés disparus….

« Mais quand c’est signalé, c’est pris en compte, mais ça ne peut pas être considéré comme un décédé. La question, si vous avez des témoignages, rappelez à ces gens qui vous donnent ces témoignages, que l’État a des structures où ils peuvent aller signaler l’absence d’un des leurs. L’État le prendra en compte et mettra en place des mécanismes pour les retrouver.

Aussi, ils peuvent aller à la morgue pour voir parmi les victimes déjà, si celui qu’ils recherchent n’est pas parmi ces gens-là oubien voir, parce que d’autres ont été évacués à Labé, d’autres sont évacués dans d’autres endroits, certains sont à Conakry, est-ce que ceux qui les recherchent ne sont pas parmi les blessés qui sont passés par là. Il faut encore prendre tout ça avec beaucoup de recul. C’est pour ça que je dis, la plupart des responsables politiques et ceux qui se réclament des organisations de droits de l’homme, qui se sont exprimés, se sont laissés submergés par l’émotion.

J’ai entendu tous dire, c’est parce que c’est organisé au nom du président Mamadi Doumbouya, ils sont responsables, le CNRD, les gens qui organisent sont responsables. Si on fait ce raisonnement, alors ça devient inquiétant pour les organisations de la société civile, les organisations politiques qui sont promptes à appeler à des manifestations, souvent qui se soldent par des tragédies ou des accidents. Il ne faut pas faire ça. Même quand on fait des campagnes électorales dans les tournées, il arrive que des gens meurent. Mais ce n’est pas pour autant qu’on va arrêter le leader pour dire que c’est parce que c’est sa campagne que c’est lui le coupable. Il faut faire attention. »

Cette mobilisation, il faut reconnaître qu’elle a été faite parce qu’il y avait un tournoi qui a été doté de la refondation, mais aussi placé sous haut patronage du président Mamadi Doumbouya alors que les mouvements de soutien sont officiellement interdits. Comment pouvez-vous expliquer cela ?

Ce que je dis, ce n’est pas parce que la FIFA organise la Coupe du Monde et qu’à l’occasion des matchs, des tribunes s’effondrent, qu’il y ait des morts, qu’on va arrêter tous les responsables de la FIFA. Il faut faire attention. Oui, c’est un mouvement de soutien qui a été organisé à l’attention du chef de l’État. Oui, nous soutenons ce type de mouvement-là. Il y a une tragédie que nous déplorons, mais il ne faut pas dire parce qu’ils ont organisé un mouvement de soutien qu’ils sont responsables de la mort des gens. C’est un accident malheureux parce que personne n’est allé là-bas pour donner la mort. C’est cela aussi qui est important.

Si on part de ce principe, alors demain, si les partis politiques appellent à des manifestations et qu’il y a des morts, ils doivent répondre pénalement, débattre devant le tribunal parce qu’ils ont appelé à des manifestations. C’est eux qu’on doit… interpeler ou bien on doit aller rechercher les auteurs de ces assassinats ou de la tragédie. Oubien on doit juste dire : tu as appelé la manifestation, s’il y a mort d’hommes, c’est toi le coupable. C’est comme ça qu’on construit notre société ? Ce n’est pas comme ça que notre cadre juridique fonctionne. Ce n’est pas comme ça que notre texte législatif a prévu. Et donc, c’est pour ça qu’on a diligenté des enquêtes pour situer les responsabilités. Les responsabilités peuvent être justes par négligence, par impréparation, par inadvertance. Il faut les situer quand même. Et en ce moment-là, redistribuer les sanctions et puis dans tous les cas, l’Etat prend ses responsabilités. C’est pour ça que nous nous occupons de ce qui est urgent. Prendre en charge les blessés les plus importants. Prendre en charge les familles des victimes pour les accompagner psychologiquement et peut-être financièrement. Pour apaiser notre société. C’est cela notre rôle. Après, derrière, les responsabilités, on va les situer. Et il y aura une communication transparente sur cette question-là parce qu’elle est importante, parce qu’elle touche la paix sociale, parce qu’elle touche notre communauté entièrement…

Lisez l’intégralité chez notre confrère Africaguinée…

Avec Gbassikolo.com

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BAMCE
BAMCE
11 décembre 2024 14:30

Incroyable, décidément le cynisme D’OUSMANE GAOUAL n’a aucune limite. Lui, au temps d’Alpha Condé qui utilisait les morts de la communauté peulh comme fond de commerce et qui exacerbait les tensions ethniques en Guinée est devenu d’un seul coup moralisateur. Ce type est en faillite morale totale, il n’a aucune dignité, foi et morale.
Sous d’autres cieux, les organisateurs et même ministres de tutelles auraient démissionner ou demi de leurs fonctions