Kabiné Komara : « il ne faut pas rêver, le projet Simandou ne peut pas donner tout l’argent qu’il faut à tous nos besoins d’ici 15 ans »

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Le projet Simandou a été longtemps presenté par les nouvelles autorités comme étant le projet du siècle pour sortir la Guinée de son sous developpement. Lors d’un panel organisé ce vendredi dans la capital guinéenne, l’ancien Premier ministre Kabiné Komara a soulèvé des points cruciaux sur les limites du projet  et la nécessité d’une planification stratégique à long terme. Son appel à une évaluation rigoureuse des besoins du pays et à des arbitrages stratégiques est pertinent, surtout dans un contexte où les attentes autour de Simandou sont élevées.

« Quand on parle de Simandou 2040, je voudrais que vous compreniez que ça demande qu’on fasse l’ensemble de nos atouts et de nos faiblesses à l’échelle du pays. Qu’est-ce qui nous manque ? Nous n’avons pas suffisamment d’écoles, nous n’avons pas suffisamment de routes, nous n’avons pas de production d’électricité, nous n’avons pas de ports, nous n’avons pas de transformation de ceci ou de cela. Chaque secteur doit faire la liste de ses faiblesses. Et à l’échelle de 15 ans, dire comment subvenir à ces faiblesses-là. Ensuite, on supporte ça par des projets. Ces projets sont en ce moment évalués, valorisés, et après vous vous rendez compte que ça dépasse de loin les capacités et les ressources que Simandou va donner. Parce que, il ne faut pas rêver, le projet minier Simandou ne peut pas donner tout l’argent qu’il faut, à tous nos besoins d’ici 15 ans. D’où la nécessité de faire des choix stratégiques. Les arbitrages seront, dans ce sens, nécessaires. Pour qu’on dise bon, c’est vrai qu’on ne peut pas faire 10 000 millions de routes, mais on va faire tel ou tel pour que la synergie de tout çà puisse donner une capacité, un choc au décollage du pays. Cet arbitrage, il faudrait que le Gouvernement fasse très attention. Parce que très souvent, l’émotion peut emporter sur la rationalité », a-t-il lancé.

L’ancien Premier ministre a par ailleurs, mis en lumière un défi souvent sous-estimé : l’anticipation des pertes d’emplois après la phase de construction. Son avertissement sur le risque de tensions sociales si ces travailleurs ne sont pas réintégrés dans d’autres projets est une réalité que le gouvernement doit prendre au sérieux.

« J’ai une inquiétude. Il y a, à peu près, 60 000 personnes qui travaillent dans Simandou aujourd’hui. Ces 60 000 personnes-là travaillent dans la construction. Quand la construction sera finie, elles n’auront plus rien à faire. Simandou va garder, peut-être, 5 à 10 000 personnes. Que faire de ces 50 000 personnes ? C’est maintenant qu’il faut commencer à les recycler, à les préparer à des projets le long du corridor. C’est là que le secteur privé doit travailler fondamentalement avec l’État. Il faut construire dès maintenant des activités pour occuper ces gens-là. Sinon, dans 5 ou 6 ans, ce sont ces gens-là qui vont se lever pour aller bloquer les rails pour dire que ce sont eux qui les ont construits. Il faut anticiper », a-t-il conclu.

Nous y reviendrons!

Gbassikolo.com

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BAMCE
BAMCE
22 février 2025 11:08

Kabiné Komara le conseiller et guide occulte de DOUMBOUYA et son CNRD….