
Conakry, 25 septembre 2025 – Le référendum constitutionnel du 21 septembre, présenté comme une étape clé du retour à l’ordre constitutionnel en Guinée, a livré ses premiers résultats : près de 89,38 % de “Oui” et un taux de participation estimé à 86,42 %. Un triomphe officiel, salué comme une victoire historique par le gouvernement. Mais l’opposition, elle, dénonce un scrutin « truqué » et « joué d’avance ».
Le gouvernement salue une « victoire civique »
Devant la presse réunie au Palais de la Colombe, le Premier ministre Amadou Oury Bah a rendu hommage à la mobilisation populaire. « Chers compatriotes, vous avez tourné le dos au discours du passé et affirmé votre voix à l’avenir. Ce Oui est un mandat de confiance, une exigence de transformation », a-t-il déclaré, en saluant le calme et la discipline dans lesquels s’est déroulé le scrutin.
Selon lui, cette large adhésion ouvre la voie aux prochaines étapes du processus électoral : présidentielle, législatives, communales, régionales et sénatoriales. Le chef du gouvernement a également insisté sur la souveraineté du processus, rappelant que l’organisation du vote avait été financée exclusivement par le budget national.
Une opposition vent debout
Mais pour l’opposition, le récit officiel relève de la pure fiction. Le chef de file de l’UFDG, Cellou Dalein Diallo, a qualifié le référendum de « mascarade » et dénoncé des résultats « connus d’avance ».
« Ce scrutin n’a rien de démocratique. Les organes électoraux sont contrôlés par le pouvoir, et tout a été mis en œuvre pour imposer le Oui », accuse-t-il.
D’autres responsables politiques, comme Faya Millimono du Bloc libéral, évoquent des irrégularités flagrantes : urnes pré-remplies, bulletins annulés de manière sélective, pressions locales exercées sur les électeurs.
Plusieurs partis avaient d’ailleurs choisi le boycott, estimant que le climat politique – marqué par la suspension de formations d’opposition et la restriction des libertés médiatiques – rendait impossible une compétition équitable.
Deux récits irréconciliables
Le contraste est net. Pour le gouvernement, le scrutin est un succès démocratique et une démonstration de maturité citoyenne.
Pour l’opposition, il s’agit d’un plébiscite fabriqué, destiné à consolider le pouvoir du général Mamadi Doumbouya, arrivé à la tête du pays après le coup d’État de 2021.
Le taux de participation, particulièrement élevé, est lui aussi au cœur de la polémique : là où le gouvernement y voit une mobilisation sans précédent, l’opposition dénonce des chiffres « gonflés » qui ne reflètent pas la réalité observée dans plusieurs localités.
Une transition toujours sous tension
La validation des résultats définitifs par la Cour suprême sera une étape cruciale. Mais déjà, ce référendum, censé marquer une réconciliation nationale, révèle la persistance d’une fracture profonde.
Entre un pouvoir qui se félicite d’une « victoire civique » et une opposition qui crie à la « mascarade », l’avenir de la transition guinéenne reste incertain. Une chose est sûre : la bataille pour la légitimité ne fait que commencer.
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