Hier, dimanche 11 octobre 2015, lors de la conférence de presse de fin d’après-midi, le chef de la Mission d’observation électorale de l’Union européenne, Frank Engel, a dressé un tableau favorable, considérant que «Ce que nous avons vu, observé, et ce qui nous a été signalé, pour moi n’entache pas la régularité du vote». Le chef de la Mission d’observation électorale de l’Union africaine, Dileita Mohamed Dileita, s’est dit satisfait à l’issue du scrutin et appelle tous les candidats à attendre le résultat du premier tour et à contrôler les réactions de leurs partisans.
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L’opposition guinéenne, composée d’anciens premiers ministres, accuse le pouvoir d’avoir fomenté des fraudes, avant la fermeture des bureaux de vote. Cet empressement bien connu de ceux qui n’ont, jusqu’à ce jour, pas réussi à présenter la moindre offre politique claire et crédible aux Guinéens, montre que leur fonds de commerce est vide, et que seule la critique arrogante est leur moyen d’expression.
On ressent, de manière angoissante, l’intonation d’une politique de la terre brûlée qui va essayer d’imposer à ce suffrage universel leur rythme de suspicion et de contestation : un brouillage opportuniste s’inscrivant dans la continuité d’une stratégie de sabotage préméditée qui ne fut jamais abandonnée par des assoiffés du pouvoir que l’on peut accuser de tous les défauts sauf celui de la constance. Il s’agit d’un bourdonnement cupide destiné à masquer leur faillite politique.
Encore aujourd’hui, lundi 12 octobre, vers 13 heures, « ils » réclament l’annulation pure et simple du scrutin de dimanche, qu’ils réfutaient déjà, quelle qu’en soit l’issue. Cela signifie que s’ils remportaient les suffrages, ceux-ci devraient être annulés et le peuple devrait revoter. Plus clairement, si un candidat au baccalauréat contestait ses notes avant même de les connaître, et qu’elles soient bonnes, pourrait-il refuser le certificat ? Non. Les élections, tant qu’elles ne sont pas invalidées par les instances compétentes, donnent un vainqueur qui ne peut pas récuser le mandat. Et qui l’oserait, après une campagne électorale à quelque 800 millions de francs guinéens ? Ni vous, ni moi, ni « eux » !
En 2015, leur défaite certaine reposera sur leur incapacité à proposer quoi que ce soit. L’accusation préméditée de fraude trahit donc un vide de projet de société concurrentiel à opposer à celui du Professeur Alpha Condé.
« Cellou Dalein Diallo, son équipe de campagne, la Direction Nationale de l’UFDG et ses partis alliés dénoncent la fraude massive orchestrée le 11 octobre par le pouvoir en place. » déclarent-ils dans un communiqué transmis à la presse hier avant même la fermeture des bureaux de vote.
La véhémence de la charge ne doit pas faire illusion ! Cette accusation est proférée à partir d’une conception despotique de l’élection. Dans l’optique de nos anciens premiers ministres, l’élection est un instrument d’auto-consécration du pouvoir. Cette dénonciation est donc proférée à partir d’une culture politique autocratique démodée qui continue à considérer la population guinéenne comme un bétail électoral juste apte à être conduit vers les abattoirs électoraux des autocraties du passé.
Dans ce pays qui place désormais les élections nationales sous le regard inquisiteur des organismes internationaux de surveillance, tous les partis politiques et les politiciens sérieux et dotés du minimum de scrupules, savent désormais qu’ils ne peuvent compter que sur leur bilan et sur la crédibilité de leur offre politique pour remporter des élections. Le monde a changé, les africains avec. Ils ne sont plus naïfs et manipulables, nous en avons l’exemple avec le Burkina Faso. Nous savons ce qui brûle votre cœur, ce que vous faites, et pourquoi vous formulez des procès d’intention constamment. Nous avons vu clair dans votre jeu. Votre hypocrisie vous dessert et maintenant que nous avons les yeux ouverts, notamment grâce à Alpha Condé, nous ne nous laisserons plus manipuler ni endormir.
A la différence d’autres pays africains souffrant de la dérive de pouvoirs autocratiques, la Guinée endure la médiocrité de son opposition. Cette situation doit interpeller les démocrates africains. En Afrique Noire, la vigilance critique, indispensable à la sauvegarde de la démocratie, doit être dirigée autant contre les oppositions bien souvent médiocres et opportunistes que contre les pouvoirs établis qui, parfois, violent allègrement les droits humains. On ne doit pas seulement œuvrer à la limitation du pouvoir, mais travailler à bâtir des oppositions constructives qui apprennent à contester les pouvoirs établis sur la base d’un projet républicain clairement décliné, et sur la base d’expertises économiques, sociales et politiques structurées, franchement établies et publiées.
C’est pourquoi le peuple de Guinée va plébisciter dans les prochains jours le Professeur Alpha Condé.
Ousmane Boh Kaba