Gobykhamé, le gourou du palais Gokhi Fokhè à Cona-crimes, a juré aux lendemains de son resquillage de la présidentielle passée d’émietter l’opposition guinéenne, de la réduire dans un état merdique au point d’inciter les opposants à se boucher les soupapes de dégoût. Diviser pour mieux régenter le bled pendant son second et dernier mandat. Goby Condé affine son stratagème, jette son dévolu sur Sidya Touré de l’UFR et Bah Guérémassoy de l’UFDG, et débauche ces deux ténors de l’opposition. Il bombarde par décret Sidya Touré son haut représentant.
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Son haut représentant en quoi, bordel ? C’est un décret bidon qui n’explicite rien, qui ne définit rien, qui ne dit pas si Sidya Touré est une sorte de vice-président ou de super des ministres ou d’ambassadeur itinérant ou d’un chargé de missions ou de on ne sait quoi. L’heureux récipiendaire sait, lui, de quoi ça retourne. « Je considère que c’est une marque de confiance que le chef de l’Etat vient de me témoigner. La veille nous avons discuté de tout cela. (…). Pour l’instant je me contenterais de cette déclaration liminaire quand tout cela sera un peu défini, je reviendrais vers vous, bien sûr avec l’accord du chef de l’Etat, comme vous l’avez vu ». Foin ! L’on s’indigne que Goby le cornaque de cette sorte. Et Sidya Touré, quant à lui, pétille carrément de félicité et ne semble nullement emmerdé par ce flou du décret qui le promeut au grade de haut représentant de Gobykhamé.
Le décret ne circonscrit pas les prérogatives de Sidya Touré pour éviter à celui-ci d’être accusé de marcher sur les plates bandes du gourou du palais Gokhi Fokhè. Goby Condé aime plastronner en public. C’est un frimeur qui aime que tous s’intéressent à lui, que tous le regardent, que tous ne parlent que de lui à Madina marché, au stade du 28 septembre de Cona-crimes, dans les bistros, dans les bars, dans les dancings, dans les motels jusques dans les toilettes. Malheureusement, il traîne deux caractéristiques qui déplaisent : son air (!) et son parler mièvre.
Sidya Touré, son haut représentant, parlera dans les instances notoires, au nom de Goby empêché. Sidya finira par lui voler la vedette du m’as-tu-vu. Ça ne va pas continuer à plaire dans les couloirs du palais Gokhi Fokhè. Et au finish ça va péter entre Goby et son obligé haut représentant.
Advienne que pourra, Sidya Touré est décidé, de son côté, à faire équipe avec Goby et n’entend pas blanchir dans une opposition ringarde. C’est vrai que l’opposition guinéenne a besoin d’être astiqué, d’être récuré après tout ce temps d’usage. Et c’est vrai que grands sont en ce moment les appétits de beaucoup d’opposants de profiter de cette recomposition du paysage politique pour bien se placer ou se replacer dans les instances des partis. Dans leur impatience, ils tombent dans ce qu’on appelle la transhumance politique qui est en fait une véritable gangrène pour la démocratie sur le continent. Elle fait des ravages au Bénin et surtout au Sénégal et râtèle des aigrefins, des politistes à l’esprit de lucre qui n’hésitent pas à sacrifier leur idée politique pour de l’argent.
En Guinée, les transhumants politiques chantonnent tout un autre air. Ils revendiquent leur statut de cancaniers de l’opposition et chantent en même temps les louanges de Goby Condé.
Le 26 octobre 2015, Baïdy Aribot, le député de l’UFR, clame que « L’UFR ne s’appelle pas opposition. L’UFR est un parti indépendant. » Qu’est-ce qu’un parti d’opposition ? Qu’est-ce qu’un parti indépendant ? Goby n’a rencontré aucune difficulté à débaucher Baïdy qui scandait pendant les manifestations politiques de l’opposition à Paris le slogan « Tout Sauf Alpha Condé en 2015 ». L’UFR est un parti indépendant et se positionne désormais en allié au régime dictatorial en place.
Goby Condé a réussi un autre tour de force politique : faire de Bah Guérémassoy, son avocat politique. « Au cours des entretiens que j’ai eus avec le Président, j’ai eu la ferme conviction qu’il souhaite profondément aller dans le sens de l’apaisement et de la décrispation politique dans le pays. Je souscris totalement à cette approche qui sert l’intérêt national, » défend Bah Guérémassoy. Relisez autant de fois que vous voulez ces lignes. Ce qui reste clair c’est que Gobykhamé salope nos politicards. Il a fini de leur tourner la tête.
On ne peut parler d’apaisement, de décrispation politique, de réconciliation nationale tant que un seul Guinéen ou une seule Guinéenne croupiront en taule du fait de leur conviction politique et de leur appartenance ethnique. Pourquoi ce deux poids deux mesures dans la grâce présidentielle concernant les personnes poursuivies dans l’affaire du 19 juillet 2011 ? Pourquoi ? La grâce présidentielle est archiconnue et rabâchée par tout le monde comme étant une prérogative constitutionnelle de Goby qui peut en abuser de manière discrétionnaire pour élargir les gens de son ethnie ou de son clan sans avoir à se justifier.
C’est imbécile de gracier Bah Guérémassoy, Tibou Kamara, Diallo Sadakaadji dans cette affaire et vouloir justifier le maintien au trou des AOB, Fatou Badiar Diallo, Nouhou Thiam et consorts. Il y a bel et bien du favoritisme dans cette grâce de Gobykhamé. Bah Guérémassoy a peut-être raison de s’écrier :
« Décidément le dégel du climat entre Alpha CONDE et BAH Oury ne fait pas que des heureux. Il en était de même lorsque Nelson Mandela et Frederik de Klerk s’étaient donnés la main pour en finir avec l’apartheid en Afrique du Sud. »
Mais tension !… Le rapprochement est trop prétentieux et trop osé. D’abord Goby Condé n’atteindra jamais Frederik de Klerk à la cheville même s’il se blanchit la peau. C’est comparer Dieu à une corne. Et on ne peut pas comparer Bah Guérémassoy à Nelson Mandela. Par surcroît cette poignée historique entre Nelson Mandela et Frederik de Klerk ne peut être comparée à un rapprochement entre Gobykhamé et Bah Guérémassoy. Il faut savoir faire des comparaisons sans heurter les gens. Ensuite, quand Frederik de Klerk avait gracié Nelson Mandela, celui-ci avait posé des conditions dont l’élargissement de ses compagnons de lutte. Pour dire que Bah Guérémassoy se devait alors de conditionner la grâce en sa faveur par l’élargissement des AOB, Fatou Badiar Diallo, Nouhou Thiam et consorts. Il n’est pas tard de reculer. Il faut refuser cette grâce merdique et refuser de rentrer au bercail tant que les autres ne seront pas élargis.
L’on a peur que Bah Guérémassoy ne coure à sa perte politique. Goby a déjà suicidé Sidya Touré. Il est sur le point de suicider aussi Bah Guérémassoy qui passe de plus en plus pour un courtisan de Goby Condé à travers des propos de soutien. « Tout courtisan s’estime obligé de soutenir dignement son rang», écrit Tolstoï.
Bah Guérémassoy, qui ne dit plus de mal mais ne dit que du bien de Goby, n’est plus cet individu qui réprouvait l’injustice sociale, l’ethnocentrisme du régime de Goby Condé, sa médiocrité et ses détournements de deniers publics. Pour rentrer et s’occuper de sa maison qu’est l’UFDG, Bah Guérémassoy semble prêt à tout dire pour saper la personnalité politique de Cellou Dalein Diallo, président de l’UFDG, et s’affiche ouvertement comme un bien-pensant de cette politique de débauchage de Goby lancée dans les rangs de l’opposition.
Il est difficile de garder la constance dans la politique. Très difficile. Trop de contingences. Ça explique en partie le fait que Goby se joue de nos politicards comme des marionnettes. Ah, non ! On n’est pas extrémiste. Ce n’est pas parce qu’on est sûr que le marionnettiste du palais Gokhi Fokhè ne fera pas peau neuve que l’on passe pour extrémiste. C’est un manipulateur. Il manipule les politiques. Il manipule les militaires. Il manipule les juges. Il manipule les observateurs de l’union européenne. Il manipule l’ambassadeur de la France à Cona-cris. Il manipule l’ambassadeur américain. Il manipule la cour pénale internationale dans l’affaire du massacre du 28 septembre 2009 au stade du 28 septembre à Cona-crimes. Il manipule votre femme. Il manipule votre fils. Il fait massacrer des manifestants politiques pacifiques en Guinée Forestière, en Moyenne Guinée, En Basse Guinée. Il tourne en ridicule les familles des victimes qui réclament justice. Et maintenant pour redorer son blason aux yeux de certains, il lance un ministère croupion dit de la réconciliation. Et ses ennemis d’hier, Bah Guérémassoy en tête, le trouvent changé et disposé à transformer le bled en un havre d’apaisement et de paix. Et ça pousse à la réflexion quand Bah Guérémassoy dit :
« La réussite de la politique de décrispation et son parachèvement par l’engagement d’un processus de réconciliation durable nécessitent l’existence d’une force d’opposition constructive et crédible et des contre-pouvoirs efficaces. A ce niveau, il s’agit de réinventer une autre manière de faire la politique pour réconcilier la Guinée avec elle-même. »
Il a presque raison de soutenir ça sauf qu’on ne peut pas y arriver en la bouclant sur les dérives totalitaires du régime de Goby. On a dit force d’opposition constructive et on s’en fout du reste. Sinon quelle instance sera chargée de la déclarer crédible ou non. Crédible aux yeux la communauté internationale ou aux yeux de Goby Condé ou aux yeux de qui ? On ne peut fabriquer une opposition synonyme de contre-pouvoir dans la compromission. L’on est d’accord que faire de la politique ce n’est pas glisser dans l’animosité ou encore avoir le couteau entre les dents comme nous le reproche Yamoussa Sidibé de la RTG. Mais ce n’est pas non plus le copinage. L’on peut lancer un bonjour à Goby Condé quand on le voit passer, ou lui serrer les pinces ou même cancaner avec lui. Mais on ne va pas se priver de dénoncer l’enrichissement illicite de son rejeton, le Crésus Princier du palais Gokhi Fokhè. On ne va pas se priver de fustiger le clanisme, l’ethnocentrisme, la médiocrité et l’incompétence qui gangrènent son régime. On ne va pas se taire sur l’état déliquescent du système de santé en Guinée. Comment voulez-vous qu’on ferme notre gueule face à la médiocrité de l’enseignement que le régime tyrannique en place impose aux élèves et étudiants guinéens ?
Pour une bonne santé de la démocratie, on a besoin en Guinée de contre-pouvoirs efficaces, dynamiques. Dans les pays dits de démocratie on s’accote contre la presse considérée comme un élément important du contre-pouvoir. Or elle a des jambes en coton en Guinée. La semaine passée, le journaliste Moussa Moïse Sylla de la télévision privée Espace TV, a échappé à une tentative d’assassinat. Les encagoulés tueurs stipendiés ont emporté sa voiture. Moussa Moïse Sylla doit sa vie sauve à la miséricorde de Dieu. Il a échappé belle contrairement à son confrère, Chérif Diallo, porté disparu depuis le 23 juillet 2015 soit plus de cinq mois.
Kalil Kelin Diallo journaliste à la radio communautaire de la région de Mali est interdit d’antenne depuis le 28 septembre 2015. Pourquoi ? Parce qu’il a eu l’outrecuidance de marmonner à l’antenne un communiqué de l’Union des Forces Démocratiques de Guinée (UFDG).
Et voilà qu’il sera question « de réinventer une autre manière de faire la politique pour réconcilier la Guinée avec elle-même. » Quelle sera cette manière dans ce pays qu’est la Guinée où l’immunité parlementaire, les droits de l’homme, et les femmes sont quotidiennement piétinées et violées ? Quelle va être cette nouvelle façon de faire de la politicaillerie en Guinée avec un imbécile au trône qui chante les louanges de Sékou Touré, responsable de la mort de plus de 50.000 Guinéens ?
L’on ne sait pas de quoi sera constitué ce bidule politique à réinventer. Mais on ne fermera pas notre gueule. Si Dieu nous accorde la santé, on l’ouvrira grande pendant ces cinq prochaines années.
Et pour terminer, sans rire, l’on décrète Fatou Badiar Diallo femme de l’année 2015.
Benn Pepito