En lieu et place d’un gouvernement « resserré », composé de cadres triés sur le volet, le président Alpha Condé a relooké son équipe en conservant plus de la moitié de ses ministres, dont les plus « décriés » comme Oyé Guilavogui ou Dr Ibrahima Kourouma. Encore une fois, certains observateurs estiment que ce gouvernement ne comble pas les attentes des Guinéens, d’autant qu’on y décèle des calculs politiques du chef de l’Etat. Pour ces observateurs, c’est comme si le Premier ministre, Mamady Youla aura été mis devant le fait accompli.
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Une de ses surprises, est le fait que sur les seize nouveaux ministres qui font leur entrée, on retrouve Makalé Camara, qui a déjà occupé les fonctions de ministre sous la deuxième république. Cette dame n’avait pas laissé que de bons souvenirs du côté du département de l’Agriculture où elle avait été accusée d’avoir mis à la touche les meilleurs cadres que comptait ce ministère pour des raisons subjectives. Makalé Camara, qui après des traversées du désert avait pu rebondir, en entamant une carrière de diplomate, en tant qu’ambassadrice de Guinée au Sénégal, puis en France. Le refamp aidant… On attend de la voir à l’œuvre à la tête d’un département aussi stratégique que celui des Affaires étrangères et des Guinéens de l’étranger.
Dans la nouvelle ossature gouvernementale, en plus de dame Makalé, six autres femmes accèdent à des ministères clés. Il s’agit de l’Economie et Finances, l’Agriculture, le Plan et la Coopération Internationale, les Travaux Publics, l’Environnement, les Eaux et Forêts, l’Action Sociale, la Promotion Féminine et l’Enfance.
A la tête du Plan et la Coopération Internationale, c’est l’ancienne épouse du chef de l’Etat, Madame Kanny Diallo, précédemment Conseillère économique principale du Président de la République, qui s’est vue confier ce portefeuille. Une nomination qui fait jaser dans les milieux de l’opposition, où on crie au « népotisme. »
Dans ce gouvernement qu’on présente comme étant un gouvernement d’ouverture, on enregistre la nomination d’un cadre issu de l’opposition au poste de ministre de l’Elevage et des Productions Animales. Il s’agit de Mohamed Tall, jusqu’alors chef de cabinet du leader de l’opposition Sidya Touré et porte-parole de l’Union des Forces Républicaines (UFR).
Parmi les ministres reconduits, on note quatre changements de portefeuille ministériel. C’est le cas avec Oyé Guilavogui, précédemment Ministre d’Etat, Ministre des Postes, Télécommunications et des Nouvelles Technologies de l’Information, affecté au poste de Ministre d’Etat, Ministre des Transports. Thierno Ousmane Diallo, précédemment Ministre de l’Elevage et des Productions Animales, a aussi bénéficié des mêmes faveurs, en se retrouvant à la tête du Ministère d’Etat, Ministre de l’Hôtellerie, du Tourisme et de l’Artisanat.
D’autres membres de l’ancienne équipe qui ne bénéficiaient pas de préjugés favorables, tels que Dr Ibrahima Kourouma, Sékou Kourouma, Sanaba Camara, respectivement ministres de l’Enseignement pré-universitaire, de la Fonction publique et de la réforme administrative et de l’Action sociale, ont été tout de mêmes reconduits, à la grande déception de certains citoyens. Qui flairent des calculs politiques dans cette démarche du chef de l’Etat, qui selon eux, aurait encore besoin des services de ces cadres, pour les joutes électorales à venir.
A cette déception qui agite les esprits, s’ajoute le manque de « cohérence » entre la structure du gouvernement et sa composition, où on retrouve des ministères d’Etat, qui n’étaient pas prévues auparavant. A vrai dire ce remaniement ministériel laisse un goût d’inachevé. C’est à se demander si Mamady Youla va trouver ses marques, dans un tel environnement. Il faut surtout craindre que de petits malins ne viennent tailler les croupières à cet homme qu’on qualifie de placide.
In L’Indépendant.