Je viens d’apprendre le décès de Jean-Marie Doré. J’adresse mes condoléances attristées à toute la famille Doré et alliées et prie Le Tout-Puissant Allah pour le repos de l’âme du défunt. Amen!
C’est un tas de souvenirs lointains que cette disparition éveille en moi. Les années de Collège à Conakry. Lui au Collège moderne, portant encore le nom de Doré Gbla, moi au Collège classique…
{jcomments on} Le prénom Jean-Marie est venu plus tard . Au Collège, c’ était déjà un garçon turbulent au verbe haut mais un joyeux luron que tous les copains appréciaient . Après le Collège , il intégra la fonction publique, dans le Service de la Main-d’oeuvre à Conakry. C’est à partir de ce Service que le Bureau international du Travail (BIT) à Genève qui avait besoin d’étoffer ses ressources humaines en agents africains, le recruta au début des années 1960.
Genève étant à un jet pierre de Dijon, nous avons entretenu des rapports, d’autant plus qu’il faisait des déplacements fréquents de Genève à Paris dans le cadre du Front anti-PDG ( autour des années 1966-1973). Dans le cadre des activités du Front , tout un code de noms (de guerre) des membres ou sympathisants du Front , code des fonctions et de lieux géographiques avait été établi pour brouiller l’espionnage des agents du PDG qui deviendra officiellement Parti-Etat de Guinée en 1978 . Ainsi, Sékou Touré était appelé tantôt Kerfala tantôt El Hadj ou Samba. Les membres du Front qui étaient fréquemment en voyage avaient également leurs pseudos . C’était le cas entre autres de Nabi Youla, Abou Soumah, Ibrahima Kaké, Saïdou Conté, Siradiou Diallo et de beaucoup d’autres.
Jean-Marie Doré, s’est appelé selon le cas : Paul, Rafaël, Lorami . Ba Mamadou était Nicolas, Jacques . Dr Charles Diané était Vivien, Dani. Siradiou Diallo, était Pierre, Gaston, Dr Conté Saïdou était Georges . Koïkoï Guilavogui était Etienne. Julien Condé était Thomas, etc. Enfin le Ministre guinéen était désigné comme commerçant et l’Ambassadeur guinéen comme griot,etc.
Ce code de correspondances très détaillé a fini par tomber aux mains du Pouvoir à Conakry et a constitué la matière d’un important document de 294 pages comportant des lettres et manuscrits des activistes du Front. Ce document intitulé « RDA-PDG : Révélations sur les activités criminelles de la contre-révolution, N° 69, Conakry , Août 1973 », a sonné le glas du Front.
Aurait-il fallu en dire plus sur cette période de braises de notre histoire ? En cet instant de deuil , je ne le pense pas , d’autant plus que la classe politique guinéenne, dans son ensemble , vient de rendre un hommage appuyé à Jean-Marie Doré, pour son action constructive au sein des leaders politiques guinéens qui ont lutté, sous le régime du Général Lansana Conté, pour l’avènement de la démocratie pluraliste dans notre pays. Il a, en outre, pris assez tôt ses distances avec l’intermède populiste et sanglant (notamment le 28 septembre 2009) du Capitaine Moussa Dadis Camara (décembre 2008-décembre 2009). Jean-Marie a également contribué, à la place qui était la sienne, au niveau de l’Etat guinéen, comme Premier Ministre de la Transition (2009-2010), à la préparation de l’élection présidentielle de juin-novembre 2010.
Encore, une fois, l’objet de ce billet à la mémoire du disparu n’a pas pour objet de faire le bilan de toutes ses actions politiques. Mais c’est pour moi, ici, un devoir de liens familiaux de rompre le silence (voulu de part et d’autre) qui nous séparait depuis son retour en Guinée quand la dictature du Parti-Etat de Guinée, le PDG, était encore en place.
Ce que je veux dire ici, c’est de présenter des condoléances attristées du fond du cœur à la famille du disparu, aux militants du l’UPG, son parti politique et à ses amis.
Paix à l’âme de Jean-Marie Doré, Amen !
Ansoumane Doré