Bah Oury dit tout : qui a tué le journaliste Mohamed Diallo, son avenir politique etc…

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Amadou Oury Bah, dit ‘’Bah Oury’’, nous a reçu à son domicile ce mardi pour un entretien vespéral autour de toutes ses  récentes tribulations  politico-judiciaires. Un entretien exclusif avec notre partenaire Guineenews.. !

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Comment peut-on vous appeler,  Monsieur le premier vice-président de l’UFDG ou le vice-président exclu ?

Bah Oury : Je suis le premier vice-président de l’UFDG et le fondateur du parti.

il y’a eu des incidents qui se sont produits il y’a plus d’une semaine au siège du parti UFDG suite à une décision du conseil politique qui vous exclut. Pouvez-vous revenir sur ce qui s’est passé ce jour au siège ?

Bah Oury : Il faut qu’on éclaire l’opinion sur ce qui s’est réellement passé. D’abord, il y a eu une campagne haineuse contre ma personne depuis pratiquement deux mois. J’ai été victime d’une série de calomnies de toute nature, de diffamations, des menaces sur ma personne et mon entourage. Lorsque je suis rentré au pays, certains avaient fait croire que je suis rentré pour détruire l’UFDG et que j’aurais signé un deal avec le Président Alpha Condé. Donc, cette campagne a été entretenue par le directoire de Cellou Dalein Diallo. Ils ont fait croire qu’il y a problème. La première semaine de mon retour, ils ont envoyé des délégués, comme si je ne voulais pas participer aux séances du bureau exécutif national, alors que je leur avais signifié de manière nette et claire que je serai partie prenante à tout ce qui se passera au siège. Je considère que c’est la maison commune pour l’ensemble des militants et responsables de l’UFDG. Par contre, tout ce qui peut se faire dans la maison privée de Cellou qu’il a transformée en siège et en bureau pour l’UFDG, je ne mettrai pas les pieds à cet endroit. Donc, les vendredis, la réunion du bureau se tient régulièrement au siège. Des délégations sont venues pour dire qu’il faut que le débat soit interne. J’ai répondu qu’il le faut parce que nous avons intérêt à ce qu’il y ait un réel débat à l’intérieur du parti, pour qu’on fasse le bilan des 5 ou 6 années de gestion et de gouvernance du parti par Cellou, et qu’on tire les points forts pour les renforcer et les points faibles pour les corriger pour ne pas continuer dans la voie que nous connaissons présentement: l’impasse. J’ai été le premier à demander le débat interne donc, si je suis de retour, je ne peux qu’accepter ce débat. Cela s’est passé avant le vendredi 5 février, le mercredi 3 février 2016, j’ai eu une rencontre avec le Doyen Chaïkou Yaya de la Coordination Haal-pular, et à mon fort étonnement, j’ai trouvé toute une pléiade de dignitaires qui m’attendaient. Je leur ai fait savoir que j’étais invité par le Doyen et non pour rencontrer toute cette pléiade de personnes. Le début de la réunion a été houleux, mais en fin de compte, cette réunion s’est conclue positivement, et le Doyen m’a demandé d’aller le vendredi au siège en n’étant pas accompagné de garde de corps, au risque d’avoir l’air de venir dans une dynamique belliqueuse. C’est ce que je devais faire le vendredi 5 février 2016. La recommandation du Doyen a été que Bah Oury aille le vendredi 5 février pour la réunion du bureau exécutif. Cela mettait à nu la stratégie de ceux qui voulaient me présenter comme étant un éléphant dans un château de porcelaines. Ils ont convoqué immédiatement le jeudi 4 février le Conseil politique élargi aux députés où ils ont pris de la manière la plus illégale, en violant les statuts du parti, les résolutions du Congrès qui m’ont élu comme premier vice-président du parti et numéro 2 de ce parti qui remplace le président en cas d’intérim ou d’absence. Ils ont mis tout cela à l’eau de la manière la plus désinvolte en disant, on exclut Bah Oury du parti ! Donc, sachant que cette décision ne repose sur aucune légitimité et aucune légalité au regard des statuts du parti, j’ai dit que j’irai comme convenu le vendredi 5 février pour saluer l’institution politique qu’est le bureau exécutif national…

Pour le reste, vous savez ce qui s’est passé : il y avait un guet-apens qui était préparé ! Il y avait un portail fermé avec des gens de l’autre côté de la cour, ils fumaient de la drogue (parce que ça sentait), qui avaient des armes blanches, qui m’ont empêché d’être dans la cour. A un moment donné, un des battants s’est entre-ouvert, j’ai reçu un coup sur la tête à l’aide d’une barre solide, je sais plus si elle était en fer ou en bois, seulement heureusement, quelqu’un avait amorti le choc en mettant sa main. Cela a été le premier acte agressif sur ma personne.

Quelques temps après, des jets de pierres ont commencé. Les pierres à l’endroit de ceux qui étaient dans l’allée et des jeunes sont venus me protéger en me demandant de baisser la tête et ils se sont mis à me pousser afin que je quitte rapidement les lieux. A un moment donné, j’ai trébuché, c’est ce qui m’a sauvé la vie car, au même moment, l’un des jeunes qui me protégeait a reçu le coup de poignard dans le dos : j’ai même la photo. C’est horrible ! C’était le deuxième acte violent agressif contre ma personne et qui a atteint Abdoulaye Cosa. Heureusement, sa vie n’est pas en danger.

Ensuite, on me fait traverser les deux voies pour rejoindre la route allant vers Hamdallaye, il y a eu un véhicule qui m’a aperçu et a fait marche-arrière pour m’évacuer. C’est à ce moment-là, qu’il y a eu un coup de feu qui a été certainement dirigé vers ma personne, mais qui a atteint le journaliste. Parce qu’à ce moment-là, on était pratiquement sur le même axe de tir par rapport à notre position. Lui, il était à l’entrée au niveau du trottoir, entre les tireurs et moi. Ça été fatal pour le jeune Mohamed Diallo et c’était le troisième acte agressif.

 Le quatrième a été, mon véhicule qui m’avait déposé au début, est revenu par la suite pour récupérer mes amis Abdoulaye Barry qui était caché dans le magasin de M. Baldé, ils ont reconnu le véhicule et deux motards ont poursuivi le chauffeur, ils ont cassé la vitre arrière et heureusement, le chauffeur a eu la présence d’esprit de se réfugier dans le commissariat de Taouyah. Et pendant, tout le trajet, il était poursuivi par les deux motards. Ils ont cru puis que les vitres étaient teintées que j’étais à l’intérieur du véhicule. Après le véhicule a été escorté jusqu’au niveau de mon domicile. Par rapport à ce qui s’est passé, il y a eu meurtre du journaliste et tentative d’assassinat sur la personne de Bah Oury. Aujourd’hui, 20 gardes de corps de Cellou Dalein ont été déférés au niveau de la sûreté et j’espère que la justice fera de manière diligente, de manière transparente et de la manière la plus objective pour que toute la vérité soit dite sur cette affaire.

De l’autre côté, il se dit que, et toutes les vidéos qui circulent l’attestent, que vous aviez votre main à la poche et que vous auriez une arme sur vous. Il y a eu même un communiqué disant que c’est vous qui avez tiré sur le journaliste.

Bah Oury : C’est ce qui est encore aberrant puisqu’ils se croient au 19ème siècle. Il y avait des images, un de mes collaborateurs avaient mon i-pad et il filmait la scène. Si j’étais armé, je n’allais pas demander à mon collaborateur de filmer tout ce qui allait se passer. Et puis, il y avait toute une pléiade de journalistes qui étaient là en train de filmer. J’avais les mains à la poche parce que je portais un boubou, j’étais rentré de la prière du vendredi et je protégeais mes téléphones tout simplement. La responsabilité de Cellou comme président du parti de cautionner et faire un communiqué aussi diffamant, m’accusant de meurtre et de mensonges, cela mérite de… Bon, laissons la justice se prononcer sur cette affaire. Mais je trouve cela scandaleux, c’est une attitude criminelle, totalement irresponsable.  Quelqu’un qui assume cette responsabilité, qui le montre de la manière la plus éhontée en accusant une autre personne d’avoir une arme et de tirer sur un journaliste alors que c’est cousu de fil blanc, je dirai que c’est comme si on était dans un roman ou au cinéma. On ne l’est pas, c’est de la réalité, le jeune Mohamed Diallo n’est pas de ce monde aujourd’hui, il laisse une veuve et un enfant de trois ans.

Lors de la reconstitution des faits avec les enquêteurs, vous étiez venu seul et les autres étaient avec toute la garde. Donc, pour le camp de Cellou Dalein, il y a deux poids, deux mesures.

Bah Oury : Moi, j’ai été au siège avec mon collaborateur Barry, un membre du bureau exécutif, El hadj Bokoum et un journaliste qui nous avait accompagné durant la journée de la Mosquée de Nongo Taadi au siège. C’est tout.

 Il semble que dans les enquêtes, aucune personne proche de vous n’ait été interpellée et que vous n’avez pas fait d’objet d’interrogatoire. Seulement Cellou Dalein, ce pourquoi, ils disent qu’il y a deux poids, deux mesures.

Bah Oury : C’est évident. Je suis victime, le jeune Mohamed Diallo est victime, les jeunes qui m’ont protégé, l’un au dos, l’autre au cou sont des victimes, mon collaborateur qui a été obligé de fuir pour se protéger dans un magasin d’en face également. Ils veulent que les victimes soient transformées en bourreaux. Ceux qui ont tiré ont été formellement identifiés. Ceux qui ont planté le poignard au cou ou encore au dos des victimes ont été aussi identifiés.

On les connait aujourd’hui ?

Bah Oury : Ce sont tous des éléments de la garde de Cellou Dalein Diallo.

Peut-on connaitre leurs noms ?

Bah Oury : Bon, je préfère que la justice se prononce et que le Procureur comme il sied dans des cas pareils, doit communiquer sur le plan national et international, les premières conclusions. On attend avant de dire quoi que ce soit.

Dans votre camp, personne n’a été arrêté ni placé en garde en vue ?

Bah Oury : Personne. Parce qu’ils n’ont commis aucune faute. Ils ont plutôt porté assistance à une personne en danger en l’occurrence moi-même.

Les gens ont été surpris également de ne pas vous voir aux obsèques du journaliste.

Bah Oury : Vous savez il y a eu une campagne systématique de mensonges avec ce communiqué qui a fait le tour du monde que j’étais le coupable, des gens sont montés un peu partout dans le pays, instrumentalisés, certains sont payés parce qu’ils dépensent beaucoup d’argent pour faire croire qu’ils bénéficient d’un soutien. Donc, il y a des réseaux qui dénaturent les faits, qui entretiennent cette campagne systématique contre Bah Oury. Aller aux obsèques était un risque pour moi et les personnes qui se trouvent là-bas dans le cadre de cette affaire criminelle. Indépendamment de cela, j’ai d’excellents contacts avec la famille. Le 6 février, je m’étais dirigé à la morgue pour rendre hommage à la victime. Une semaine plus tard, le vendredi 12 février, j’ai posé une gerbe de fleurs là où le jeune Mohamed a été assassiné.

Le vendredi, quelques heures avant d’aller au siège de l’UFDG, vous aviez dit à la presse ‘’quel que soit ce qui va se passer, vous irez à cette réunion’’. Ceci a été interprété comme quelque chose de préméditer. Qu’en dites-vous ?

Bah Oury : Vous savez, il y avait déjà des menaces qui ont circulé un peu partout. Un député que je ne citerai pas avait mis sur sa page Facebook, le scénario qui a été appliqué. C’est-à-dire que Bah Oury viendrait, accompagné de loubards et Lamine Keïta qui est son collaborateur sera l’agneau à sacrifier. Donc, le scénario était déjà écrit, et il avait communiqué autour. Sachant cela, je n’avais pas donné une grande importance à ce genre de menaces et je me suis dit intérieurement, peut-être qu’ils vont essayer de faire obstacle à un certain nombre de faits mais je ne pouvais pas penser qu’ils en viendraient à mettre en place un guet-apens pour m’assassiner alors que ce ne sont que des contradictions politiques qui peuvent avoir un espace de débats pour les gérer et trouver des solutions. Ils sont hostiles à tout débat et cela est devenu une pathologie jusqu’après les exclusions, ce sont les éliminations physiques. Je crois qu’on a à faire à des gens qui sont devenus complètement fous.

On vous reproche aussi que depuis un certain temps, le changement de  discours depuis la rencontre avec Alpha Condé à Paris. Cela faisait un peu de dissonance au sein du parti. C’est-à-dire que le parti avait une position et vous, une autre.

Bah Oury : J’ai ma position depuis longtemps indépendamment de la période des trois mois. Je n’avais jamais partagé la manière de gouverner durant ces 5 années. J’avais critiqué la gouvernance de Cellou Dalein, la stratégie politique qu’il avait adoptée et à chaque fois, j’ai marqué ma différence. Parce que je n’ai pas vu de stratégie efficace qui prenne en compte les données fondamentales de la sociologie politique guinéenne. Tout est simplement ramené à l’égo d’une personne. J’étais totalement en déphasage avec lui sur cette question. Après l’élection présidentielle, au moment où il demandait aux gens de descendra dans la rue, le mardi 13 octobre, j’ai demandé aux gens de ne pas sortir, et je remercie tous ceux ont contribué à empêcher qu’il y ait une crise post-électorale dans notre pays. Et depuis lors, nous avons atteint le point de rupture. Ils disent qu’ils ne reconnaissent pas l’élection présidentielle mais c’est une attitude que je considère suicidaire pour un parti politique. Ils doivent être conséquents par rapport à cela, mais ils manquent de conséquence à ce niveau. Moi, j’avais déjà marqué ma différence car, j’en avais assez de voir les gens mourir pour rien. Si lui, il a le culte de la mort, moi, j’ai le culte de la vie. J’en ai assez et les stratégies politiques mises en avant doivent tenir compte de l’intérêt du parti et de l’intérêt national. Pas de faire descendre les gens dans la rue au risque d’être perpétuellement dans une situation de crise. A la fin du mois d’octobre, le Président Alpha Condé m’a demandé de le rencontrer, c’est ce que j’ai fait. Nous avions discuté de la libération des détenus politiques et du retour des exilés et aussi, de la nécessité de faire en sorte qu’il y ait une réelle décrispation dans ce pays. Je crois que toute personne censée, ne peut qu’acquiescer cette démarche.  C’est ce que j’ai fait et je continue de faire. Je crois fermement que notre pays a besoin de stabilité, de décrispation en profondeur pour nous permettre à la suite de s’attaquer aux choses essentielles. C’est-à-dire, la question de la pauvreté, de la gouvernance économique. Je pense qu’on ne peut pas faire avancer l’intérêt national en étant toujours dans une situation de guerre civile larvée.

Comment vous voyez la suite judiciaire de cette affaire, et personnellement, comment voyez-vous votre avenir politique ?

Bah Oury : D’abord, il y a une affaire judiciaire. Il y a meurtre et tentative d’assassinat, il faut que justice se fasse. Il y a des diffamations et accusations graves, il faut que justice se fasse. Ceci dit, il y a des démarches, il y a la situation de l’UFDG. Egalement des actions en cours. Je ferai tout pour que l’UFDG reprenne sa vocation première. C’est-à-dire, être un parti de l’opposition dans le contexte actuel, constructif, ouvert et tourné vers l’avenir. Et ça, il n’en demeure pas que je suis et je reste le premier Vice-premier de l’UFDG jusqu’à ce qu’il y ait une instance conformément au parti, un congrès pour mettre à plat cette gouvernance. Entre-temps, la justice doit trancher un certain nombre de problèmes cités plus haut.

Mot de la fin ?

Bah Oury : Je crois à l’avenir, je crois que le combat actuel n’est pas un combat entre simplement deux égos : Bah Oury et Cellou Dalein. Il s’agit de la conception de la démocratie dans notre pays. Il y a deux cultures politiques qui s’affrontent. Il y a le parti unique, le refus du débat, le culte de l’exclusion, de la violence et ça ils l’ont prouvé. Et l’autre, celui de la modernité, de la démocratie, de la tolérance, de l’ouverture. Je suis du second cas et je ferai en sorte que notre pays, au-delà de l’UFDG, s’engage dans cette démarche.

 

Avec Guineenews

 

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