Dans la crise qui oppose Cellou Dalein Diallo à son Vice-President BAH Oury, El hadj Abdoul Diallo, membre du Bureau exécutif de l’Union des Forces Démocratiques de Guinée est revenu sur ses causes profondes. révélant de passage, l’absence total de soutien de l’UFDG, en particulier, de son président en faveur de BAH Oury durant son exil. Un extraitde son entretien avec notre confrère Africaguinee….
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El hadj Abdoul Diallo bonjour !
Bonjour Monsieur Diallo !
Vous êtes membre du Bureau Exécutif de l’UFDG et proche de l’ex vice-président. Quel regard portez-vous sur la crise que traverse le parti depuis le retour d’exil de Bah Oury ?
Merci de me donner l’occasion de m’exprimer sur l’évolution de ce parti et la situation actuelle de l’UFDG. En effet, Mr Bah Oury est rentré en Guinée le 24 janvier, et a été exclu le jeudi 04 février. La suite ce sont les incidents qui se sont produits le vendredi 05 février enregistrant la mort du journaliste Mohamed Diallo. Depuis cette date on peut dire que l’UFDG traverse une situation particulièrement délicate. L’UFDG n’est plus le parti que nous avons souhaité être, celui qui se bat pour la restauration de la liberté pour la démocratie et pour la modernité de la Guinée. Cette formation politique est devenue un parti qui divise, qui exclue. L’UFDG n’a plus d’empathie pour ses militants, cette formation politique est devenue un parti de dictateurs, de pensée unique. Bref il ne répond plus aux valeurs pour lesquelles il a été créé. (…)
Le parti a échoué. Mais lorsqu’on échoue il faut savoir tirer les leçons. Après l’élection de 2010, beaucoup de cadres ont écrit et ont demandé à ce qu’on fasse le constat, afin de voir tous les aspects positifs et négatifs qui ont conduit au résultat que nous avons acquis pendant ces élections. Malheureusement malgré notre appel, il n’y jamais eu de suite. Le président ne nous a jamais répondu. Il y a eu des problèmes. Par la suite en tant que forum des cadres du parti, nous avions analysé le fonctionnement du parti et tous les dysfonctionnements au sein du parti et les solutions (…) On a préparé ce document pour la réconciliation entre Cellou et Bah Oury qui était en exil. D’ailleurs vous n’estes pas sans savoir que Bah Oury en exil, n’a jamais obtenu le soutien de l’UFDG en particulier de son président.
C’est vous qui le dites ?
J’ai des preuves. Les faits sont là (…). Dites-moi une seule déclaration forte du parti UFDG, lorsque Bah Oury a eu des problèmes en 2011. Dites-moi une seule exigence que le parti a mis face au pouvoir pour obtenir la libération de Bah Oury.
Le parti s’est quand même insurgé contre sa condamnation ?
Je vous dis qu’aucune condition politique n’a été posée par l’UFDG pour obtenir la libération de Bah OURY. Lorsqu’il a été condamné, il y a eu une toute petite déclaration. Personnellement en compagnie d’assez de cadres, nous avons rencontré le président Dalein pour lui demander de prendre des dispositions nécessaires pour que le parti se batte pour obtenir l’élargissement de Bah Oury. Mais Cellou Dalein n’a pas bougé.
Mais lors du dernier congrès de votre parti, il y a eu des résolutions qui ont été votées dans ce sens. N’est-ce pas ?
Avant même ce congrès, des jeunes avaient pris l’initiative pour déposer une pétition pour demander l’élargissement des détenus politiques (…).
Bien sûr, mais Cellou a dit qu’il n’a jamais refusé de signer cette pétition, mais plutôt qu’il y avait des manquements qu’il fallait ajouter. Est-ce que pour vous avec la signature de cette pétition aurait donné la garantie de la libération de Bah Oury ?
C’est un acte politique. Le fait que des députés de l’UFDG n’aient pas signé cette pétition et que d’autres partis signent cette pétition, c’est un acte important que les autres ont fait. Pendant ce temps, des amis et des alliés de Bah Oury ne se sont pas exécutés, c’est extrêmement grave. Vous savez la direction nationale du parti n’a pas compris qu’en défendant une personne absente, vous gagnez la confiance de ceux qui sont présents. Le fait que l’UFDG et son président n’aient pas signé, est un acte politique important qui les condamnait. C’est là qu’ils ont perdu la confiance et l’estime et la confiance de certains cadres et militants du parti et surtout de ses partenaires.
Ceci, c’est selon Elhadji Abdoul Diallo…
Moi et pour beaucoup d’autres. Vous savez l’on dit qu’il ne saurait y avoir l’amitié sans confiance et intégrité. Pour gagner donc l’intégrité c’est de défendre les absents. Ceci ils l’on perdu non seulement au sein de l’UFDG, mais de la classe politique toute entière.
Croyez-vous au retour de Bah Oury dans les rangs de l’UFDG ?
Revenons d’abord sur le processus d’exclusion de Bah Oury, parce qu’il ne faut pas taire cette partie, que l’opinion publique ignore. Tout d’abord avant son retour le 24 janvier, il y a eu un lynchage médiatique de la part de l’UFDG et d’une certaine presse, où ils l’ont qualifié de tous les noms d’oiseaux. D’ailleurs ils disent que Bah Oury aurait reçu 200 mille Euros de la part du chef de l’Etat pour venir déstabiliser l’UFDG. Ensuite ils ont dit qu’il ne mérite pas d’être reçu. C’est à la veille de son arrivée, compte tenu de la pression que la direction nationale du parti a subie de la part de la base, pour que l’UFDG s’active pour la réception de Bah Oury. C’est à la suite de cette pression, que la direction nationale du parti a demandé aux militants, le samedi pour accueillir le vice-président. D’ailleurs ce jour, tous ceux qui étaient connus comme proches ou amis de Bah Oury étaient dehors. Par contre ceux qui étaient considérés comme favorables au camp de Cellou Dalein étaient dans la cour. Ce sont des faits que j’ai vécus.
Ce jour-là ce ne sont pas que des proches de Bah Oury qui n’ont pas pu arriver sous la tente….
J’étais à l’aéroport avec les personnes déléguées par le président du parti, par contre, nous, nous étions dehors. Il a fallu qu’on se batte pour accéder à la cour.
Comme beaucoup d’autres d’ailleurs…
Pourquoi alors certains qui étaient avec nous à l’Aéroport ont eu accès à la cour et pas nous ? Une fois dans la cour tu n’as même pas de place pour t’asseoir. Mais le discours de fermeté tenu par Bah Oury, pour dire qu’il vient pour s’expliquer et par ricochet qu’il viendra saluer le Bureau exécutif le vendredi qui suivait son retour. A notre étonnement ce vendredi aux alentours de 15 heures, une délégation de Pita et des responsables du Parti sont dirigés vers chez Bah Oury, pour dit-on saluer le vice-président, alors que la réunion du bureau exécutif (B.E) se tenait, cette délégation est restée chez Oury jusqu’à 19 heures. Ceci pour ne pas permettre à Oury de se rendre au Bureau exécutif ce jour-là.
Est- ce que pour vous c’est un petit jeu de duperie ?
C’est une manipulation. C’est parce qu’on ne voulait pas qu’il arrive ce jour au B.E pour qu’il s’explique et qu’il s’adresse au B.E avec le ton par lequel il l’avait fait le jour de son retour. Il avait la volonté de demander des comptes à la direction nationale du Parti.
Tout est question d’interprétation de votre part, El-hadj ?
Vous dites que c’est une question d’interprétation, mais bien sûr que c’est les faits qu’on interprète. J’ai eu les preuves, puisque certaines personnes présentes m’ont signifié, qu’il fallait coûte que coûte empêcher Bah Oury de participer à la réunion du B.E. Deuxième acte, le samedi au cours de l’assemblée générale du parti, Cellou Dalein demande sur un ton impératif à Bah Oury de rejoindre les rangs. Donc par voie de presse, Bah Oury répond qu’il viendra s’adresser au bureau exécutif le vendredi 05 février participera à l’Assemblée Générale du 06 février. Troisième acte, le mercredi suivant, le doyen de la coordination envoit un message à Bah Oury pour le rencontrer. Tout naturellement il répond à l’invitation du sage Elhadji Saikou Yaya, accompagné de son chauffeur et d’un ami. A sa grande surprise, une fois sur les lieux, tous les membres de la coordination l’attendaient. Etonné, il indique qu’il ne s’attendait à voir tous les membres de la coordination et qu’il était simplement venu répondre à l’appel des doyens. Ainsi les gens s’offusquent et estiment qu’il leur a manqué de respect. Après moult tractations les choses rentrent en ordre. On lui demande néanmoins d’aller le vendredi au siège sans être accompagné de beaucoup de personnes. Il répond positivement. C’est ainsi Jeudi contre toute attente, Cellou Dalein réuni une cellule inexistante des instances du parti. Il y avait les membres du bureau politique, des membres du bureau exécutif, des secrétaires nationaux, des députés et des personnalités qui ont été invitées. C’est cette assemblée qui n’existe pas dans les instances du parti qui a décidé de l’exclusion de Bah Oury (…)
Juridiquement cette exclusion n’est pas valable, humainement elle est inacceptable et pas du tout défendable. Cette décision d’exclusion est une preuve de cécité politique de la Direction nationale du parti. C’est l’une des pires sottises que cette direction politique ait posé. Pour moi cette décision doit être purement et simplement annulée. Même si le ciel doit tomber sur la tête des personnes qui ont pris cette décision. Il y a une gestion opaque à tous les niveaux au sein de ce parti. Pour preuve, on vient de voir ce qui s’est passé à Mamou. Des représentants du parti qui ont été appelé à des fonctions communales, ont été chopés. Ce sont des boucs émissaires. La faute incombe au parti, qui n’a pas préparé les hommes à exercer ces fonctions de responsabilité.
Dans ces conditions, vous-voulez dire que l’UFDG n’est pas prête à gérer le pays ?
Si on gère comme ça, on n’a même pas été capable de gagner les élections, comment allons-nous faire (…).
Ce n’est que deux fois que l’UFDG a échoué aux élections. Tout n’est jamais perdu ?
L’UFDG est un parti qui a des militants déterminés et qui a une base électorale très importante. Ce qui manque à ce parti, c’est une direction visionnaire, exemplaire et qui a une intelligence de la situation qui peut prendre les mesures et les décisions politiques les plus appropriées pour gagner. Nos militants eux ont montrés qu’ils sont capables et prêts à se battre à nos côtés. Ils ont voté, et nous, à notre tour on a été incapable de défendre les bulletins qu’ils ont mis dans l’urne. Vous savez diriger c’est prévoir. Il faut avoir toutes les stratégies et des plans.
Ces dernières semaines, nous avons assisté à une série d’affrontements qui ont opposé des partisans de Bah Oury à ceux de Cellou Dalein Diallo. Qu’en dites-vous ?
Justement comme je vous l’ai dit, cette direction nationale du Parti est une direction qui divise et qui exclue. Comment pouvez-vous comprendre l’exclusion du vice-président qui ne vient pas au siège, qui va à la rencontre de ses militants on envoi des personnes hostiles pour perturber une rencontre qu’il a organisé ? Est-ce depuis que Bah Oury est exclu il a fait envoyer des loubards lors des réunions du Bureau exécutif au siège ? Voilà ce qu’il faut combattre, c’est cette volonté de parti unique. Toutes les personnes actuelles qui sont les barons de la direction nationale du parti sont des partisans de la pensée unique. Soit tu es avec moi ou tu es contre moi. Il n’y a pas de contradiction. Pendant ce temps, nous de notre côté, nous nous battons pour l’émergence de nouvelles idées. Si des gens comme ça, arrivent au pouvoir, ce pays sera un pays fermé. Voilà comment de 1958 à 1984, on a vécu dans un système dictatorial. Avec la pensée unique. Tout le monde derrière Cellou Dalein, sinon on vous abat ou on vous clou le bec. Nous ne voulons pas d’un parti qui divise, qui exclut et d’un parti où les députés se jettent sur des responsables politiques ou des responsables politiques et qui insultent des gens.
A qui faites-vous faites allusion ?
Je parle des responsables du parti, qui sont parmi des députés de l’UFDG. Ce n’est pas cela représenter valablement notre parti ou le peuple de Guinée. Quand on est député, on respecte les citoyens et les autres partis politiques. Aujourd’hui pourquoi s’attaquer à Sidya Touré, parce qu’il a pris une option différente de l’UFDG. C’est aux militants de l’UFR de s’attaquer à l’orientation politique du parti. Ce n’est pas aux autres formations politiques. On peut coopérer ou ne pas le faire. Mais il est libre comme nous de prendre la ligne qu’il voudra et de défendre la ligne qu’il voudra. Nous, notre objectif c’est de travailler avec tous les partenaires pour l’émergence de la démocratie. Actuellement d’ailleurs, tout le problème de l’UFDG, c’est de faire des manifestations pour dire qu’on est derrière Cellou Dalein.
A Pita on a réuni des gens pour des conférences ou des assemblées pour dire que tout le monde est derrière Cellou dans la ville natale de Bah Oury. Tout ceci ressemble à des châteaux qui vont s’écrouler bientôt. Les exemples ne manquent pas avec la disparition de Sékou Touré aimé et choyé par tout le monde. A la prise du pouvoir par l’armée toutes ses effigies et symboles ont été détruits.
Comprenez-vous le revirement de Bah Oury ?
Ce n’est point un revirement, mais plutôt du réalisme politique. Bah Oury était en exil. Malgré cela, il s’est positionné clairement sur tous les problèmes de la Guinée. Il a tout fait pour que l’opposition guinéenne prenne ses responsabilités et exigent ce qu’il fallait exiger pour qu’il y ait des élections libres et transparentes et démocratiques.
Mais son slogan c’était de faire tout pour « chasser Alpha Condé du pouvoir ». Et subitement Alpha est devenu la colombe à choyer et Cellou l’animal à abattre…
Dans sa globalité, l’opposition a été incapable de réunir les conditions d’une élection transparentes. L’on s’est battu pour que Waymark soit remplacé, il y a eu même des morts pour ça. Une soixantaine à l’UFDG. Bah Oury avait même averti de ne pas aller aux élections avec ce fichier corrompu. C’était son point de vue. Pour les autres comme c’est un enjeu important où l’on obtient des financements importants ; ils ont décidé d’aller et pour en faire ce qu’on veut. Pour moi, l’UFDG a décidé d’aller à ces élections tout en sachant qu’elles sont perdues d’avance, mais il fallait quand même y aller pour obtenir des soutiens. Et on a obtenu ses soutiens qu’on gère au choix. Ceux qui sont allés à ces élections ont trahi les militants de l’UFDG, parce qu’ils savent que ce n’était pas possible. Ils ont engagé les militants à se battre et à soutenir une cause déjà perdue d’avance.
Est-ce que le boycott de ces élections n’aurait pas été une faute politique ?
Ça aurait été la décision la plus judicieuse politiquement (…).
Mais ça aurait permis à d’autres partis politiques de se positionner politiquement ?
Quel aurait été le résultat. Il y a un seul président. Qu’il y ait mille ou deux candidats, c’est un seul qui passe. Si vous savez que d’avance vous êtes perdant, pourquoi vous dépensez vous, malgré l’objectif d’être au pouvoir. Des militants de l’UFDG ont été tués dans ça. Certains sont encore en prison. Si on n’avait pas été à ces élections, est-ce que ces militants seraient tués ou enfermés. Il faut toujours se fixer des objectifs qu’on peut atteindre. Il faut être transparent et intègre vis-à-vis des militants.
Comment entrevoyez-vous l’avenir de l’UFDG ?
Aujourd’hui l’UFDG est entrain de glisser dangereusement dans l’abîme de la fange et de la boue. Il faut qu’on tire ce parti de cette situation. Pour cela, il faut tout d’abord tirer les leçons du passé et de revoir les statuts, faire en sorte qu’à la tête de ce parti, qu’il y ait des dirigeants qui ont l’intelligence de la situation.
Il y a moins d’un an que le congrès a eu lieu. Les dirigeants élus ont un mandat de cinq. Cela ne suffit pas à vos yeux ?
Vous parlez d’élection, j’accepte parce que j’ai participé au congrès et j’ai vu la liste. Mais il faut renouveler de la base au sommet les mandats des dirigeants et de convoquer les instances qui sont indiquées dans le congrès, d’avoir une direction qui accepte le débat et qui a de la vision. Une direction qui doit être exemplaire dans ses choix et dans ses actions. Aujourd’hui l’UFDG est un parti qui ressemble à un tigre en papier. Une grande masse de militants mais avec une tête pourrie. C’est cela le mal. Il faut écarter tout ce qui est pourri à la tête de cette formation politique pour les remplacer par des valeurs sûres qui ne manquent pas.
Croyez-vous au retour de Bah Oury au sein de l’UFDG ?
Je suis sûre et certain que le combat que Bah Oury est en train de mener aujourd’hui, le mènera à la tête de l’UFDG dans les mois à venir.