Tibou Kamara : « Mamadi Youla a sa place dans le gouvernement, mais pas à sa tête »

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Invité de l’émission phare « Œil de Lynx » de la radio Lynx FM, l’ancien ministre de la transition, Tibou Kamara, a brisé le silence, après un long recul, pour parler des sujets de l’heure. En séjour au Maroc, il a longuement flingué le gouvernement actuel.

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(…) Parlant de la situation politique actuelle, Tibou Kamara fait état de quatre crises de confiance. Celle entre la classe politique, celle entre les gouvernants et les gouvernés, celle entre les citoyens eux-mêmes et celle entre les institutions et les citoyens.

Le gouvernement Youla est-il à la hauteur des attentes ? Réponse de Tibou Kamara. « Au lendemain de sa composition, l’équipe actuelle a suscité de l’espoir parce que les intentions ayant précédé le choix des membres étaient assez louables. Mais aujourd’hui, force est de constater que ce gouvernement n’a plus la confiance de l’opinion ».

Pour justifier son point de vue, Tibou Kamara cite une double raison. D’une part, le gouvernement n’a pas eu le sens de l’anticipation qu’il faut. D’autre part, il n’a résolu aucun problème. Au contraire, l’on assiste à une accumulation des frustrations et des difficultés.

Poursuivant, l’ancien patron du L’Observateur, connu pour sa plume critique, a pris l’exemple ivoirien. « Le premier ministre Daniel Kablan Duncan est à son deuxième mandat en tant que premier ministre. Depuis lorsque j’étais au lycée, il fut premier ministre, ministre de l’économie, ministre des Affaires étrangères. Donc, il a un parcours et une légitimité, dans le pays, qui lui permettent d’assurer avec plus d’efficacité et de succès sa fonction ».

Comparé à Mamady Youla, dit-il, qui est un novice en politique d’une part, et qui est propulsé à la primature pour sa première nomination d’autre part, nécessairement, il « aura besoin d’un temps d’apprentissage et d’adaptation. Mamady Youla a certainement, sa place dans le gouvernement mais il n’est pas à sa place à la tête du gouvernement ».

Dans le même ordre d’idées, Tibou Kamara prend l’exemple aussi sur l’élection d’Ibrahima Boubakar Keita en 2013 au Mali. « Aujourd’hui, il est au cinquième remaniement ministériel. Cela signifie que des réglages sont toujours nécessaires quand ont forme une équipe. La première composition est un brouillon et au fur et à mesure, on fait des réajustements et des changements nécessaires pour y apporter de l’efficacité ».

Pourtant, renchérit Tibou Kamara, le président Alpha Condé est animé des bonnes intentions. « Les raisons ayant précédé le choix de ses ministres sont louables mais je dis qu’au regard de l’action en cours, nous constatons plus d’atermoiement et d’hésitation ».

Preuve par dix que l’équipe actuelle a montré ses limites, l’ancien ministre cite trois exemples. « Quand il y a eu la grève du syndicat en février, il a fallu l’implication du Chef de l’Etat et la médiation de l’assemblée nationale pour désamorcer la grève syndicale ».

Deuxième exemple, Tibou Kamara cite la menace de reprise des manifestations de l’opposition guinéenne. « Selon la constitution, le premier ministre est chargé du dialogue politique. Or, avant cette menace, l’opposition avait multiplié les appels incessants au dialogue, mais elle n’a été ni écoutée, ni appelée, alors que le premier ministre a pour vocation de rencontrer les acteurs, de discuter de leur désidérata en vue de trouver des accords avant qu’on aille à la confrontation. Là aussi, il n’a rien fait ».

Troisième exemple, M. Kamara dit que Youla, bien qu’étant spécialiste des mines, mais il n’a pas empêché la crise dans le secteur minier avec la défection de Rio Tinto. « Même là où lui accorde des compétences, il n’y a pas d’embellie à plus forte raison sur le front social et bientôt l’ébullition politique qui s’annonce dans le pays. Donnez un seul exemple de problème où ce gouvernement a anticipé ou résolu. Pourquoi l’assemblée nationale a réussi là où le premier ministre et son équipe ont échoué ».

Pour toutes ces raisons, Tibou Kamara pense à la répartition des rôles au sommet de l’Etat. « Nous avons un président politique, qui s’occupe essentiellement de politique et un premier ministre, qui devrait s’occuper du fonctionnement de l’administration. Il doit pouvoir suppléer le président dans le dialogue politique et social ».

Conséquence, le président de la république est beaucoup plus à la manœuvre qu’il ne devrait l’être. « Il s’épuise dans le travail que le gouvernement devrait faire, intervient dans des dossiers, qui sont du ressort, habituellement, d’un gouvernement. Mamadi Youla n’est quand même pas le premier ministre. Il ne sera sans doute pas le dernier, mais la personnalité de chacun peut aider à l’accomplissement de sa mission ».

Pour Tibou Kamara, le RPG-Arc-en-ciel a le droit de revendiquer d’être le parti au pouvoir avec une meilleure représentativité dans les instances de décision mais il ne peut pas prétendre avoir tout le pouvoir parce que, dit-il, ce serait contre l’équilibre qu’on attend d’un chef d’Etat dans la répartition des postes et la gestion des affaires publiques ».

 

Avec Guineenews, partenaire de Gbassikolo.com

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