Moustapha Naïté, le magicien (par Haroun GANDHI)

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Il y a un an, j’avais écrit un papier pour évoquer Moustapha Naité, le bonimenteur qui brasse du vent. Nommé pour communiquer essentiellement, il a surtout montré sa propension à délivrer des messages insipides et sans contenu.

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Rappel de ses actions à la tête du ministère

 

On se rappelle du projet appelé « nos jeunes ont du talent » initié en 2010, et qui prévoyait de faire un bilan au bout de 5 ans, pour évaluer ce qui a été fait, voir quelles mesures apporter, quelles préconisations amener pour renforcer la politique nationale… consistant, on vient de le voir, à observer. On remarquera au passage que ce bilan – juste avant les élections de 2015 – n’a pas été fait.

 

Moustapha Naïté indiquait alors, que les besoins des jeunes ne consistaient pas à se soigner, aller à l’école, jouer au foot et avoir un emploi, mais à « libérer leur parole ». « Dans toutes les sous-préfectures visitées », disait-il « aucun jeune ne m’a demandé un emploi. Ce qu’ils demandaient, c’est leur épanouissement culturel ».

« Notre rôle n’est pas seulement de trouver de l’emploi pour les jeunes [évidemment puisqu’ils en sont incapables], mais aussi, notre mission prépondérante et principale, c’est de cultiver la citoyenneté, les valeurs de la république, que nous pouvons inculquer à ces jeunes », ajoutait-il.

 

On admet que Naïté a su combler ces jeunes au-delà de leurs exigences, puisqu’ils ne demandaient rien, et qu’il a donc su les satisfaire… en ne leur donnant rien. Il remplit même sa mission avec une telle maestria, qu’il convient de l’ériger en modèle. Dorénavant la seule façon de faire mieux que Naïté, sera sans doute de racketter ces jeunes.

 

En fait Naïté avait surtout démontré que le changement ne consistait plus à dire aux jeunes ce qu’ils devaient faire, mais à faire semblant de les écouter, tout en leur rappelant qu’en réalité c’est ce qu’il dit, qui est important, sic…

 

Cela s’est traduit concrètement par le fait qu’il ne fallait pas solliciter des présidents d’associations élus par les jeunes (donc représentatifs), mais plutôt « d’écouter » environ 350 personnes nommées par ce gouvernement (les fameux rapporteurs et commissaires), dont on imagine bien qu’ils ne sont que la courroie de transmission du gouvernement, qui leur fera dire ce qu’il a envie (dont entre autres, qu’ils ne veulent pas d’emplois). D’ailleurs la publication du fameux Livre blanc, je l’attends toujours…

 

Bref la consultation des jeunes, telle que managée par Moustapha Naïté a été une nouvelle opération propagandiste : on n’a rien fait rien pendant 5 ans pour les jeunes, puis ensuite on a communiqué un maximum (on a brassé de l’air en réalité), juste avant les élections, pour dire à environ 5 millions de jeunes, qu’on va s’occuper d’eux. Comment ? Ils verront bien… mais après les élections.

 

J’ai demandé à la lune

 

Aujourd’hui que des fonds des Nations-Unies sont disponibles (il faut forcément les utiliser sinon ils sont perdus, en vertu de la fameuse capacité d’absorption), on nous explique qu’un vaste programme national d’insertion socio-économique des jeunes, dans lequel seront impliqués 13 ministères, va être mis en place.

 

Bien entendu, en préalable, on va instaurer une structure représentative de la jeunesse (voir ci-dessus), ce qui permettra de mettre à disposition des véhicules, des bureaux et les fameux « per diem », pour que les soutiens du régime aillent expliquer à ceux qui en ont besoin, comment ils peuvent se passer d’aides, ce qui diminuera d’autant la part consacrée aux projets.

 

D’ici 2020, c’est-à-dire juste avant les prochaines élections (bizarre), on fera le bilan que 750.000 emplois pour les jeunes ont été plus ou moins réalisés, grâce aux 60 millions de $ décaissés entre 2017 à 2018 et aux 79 millions de $ de 2019 à 2020.

 

Malheureusement comme d’habitude, aucune explication précise n’a été donnée sur la manière de créer ces emplois. Moi qui suis simpliste, j’ai divisé les 139 millions de $ du projet par les 750 000 jeunes annoncés (en admettant que la structure d’encadrement n’ait pas consommé trop de $), et j’ai obtenu 46$ annuels par jeune. Sachant que le Guinéen moyen vit avec 1$ par jour (soit 365$ annuels), je ne vois pas comment ces 46$ vont permettre à 750 000 jeunes d’avoir accès à l’emploi…

 

Par contre si on lit l’annonce gouvernementale entièrement, on découvre que ce montant servira aussi aux jeunes, à intégrer la citoyenneté dans leurs comportements quotidiens… et on imagine bien que les 13 ministères y prendront part (ou leur part).

 

Gandhi, citoyen guinéen

« Dans tout État libre, chaque citoyen est une sentinelle de la liberté qui doit crier, au moindre bruit, à la moindre apparence du danger qui la menace ». (Robespierre, Discours sur la liberté de la presse, Mai 1791).

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