C’est avec regret et une profonde amertume que je m’adresse à vous par la forme interpellatrice qu’est la lettre ouverte. Comme vous le savez, le 05 février dernier aux abords du siège de l’UFDG sis à Dixinn, le journaliste Mohamed Koula DIALLO a été fauché à la fleur de l’âge par une balle qui selon les conclusions de l’ordonnance du juge d’instruction du Tribunal de Première Instance était destinée à m’abattre. Le même jour à peine une heure après le drame, Cellou Dalein DIALLO, Président de l’UFDG a fait publié un communiqué qui a fait le tour du monde où je suis formellement désigné comme « le tueur de Mohamed Koula à l’aide d’une arme à feu que je détenais »…
{jcomments on}
Monsieur le Ministre,
L’ordonnance du juge d’instruction du 24 mai 2016, a retenu la jonction entre « l’assassinat de Mohamed Koula DIALLO et la tentative d’assassinat de BAH Oury ».Par la suite 18 personnes (maintiens d’ordre de l’UFDG) ont bénéficié d’un non lieu . Or le parquet a interjeté appel de cette décision du juge d’instruction bloquant ainsi la libération de ces personnes qui deviennent ainsi doublement victimes. Victimes de Cellou Dalein DIALLO qui a établi leur liste pour la communiquer aux gendarmes-enquêteurs, et ensuite victime d’une procédure judiciaire qui les prive de leur liberté au-delà du temps nécessaire. Le peu de diligence de la chambre d’accusation contraint ces pères de famille à une détention préventive disproportionnée. En réalité leur emprisonnement protège ainsi à leur corps défendant les vrais responsables de ce crime de sang.
Monsieur le Ministre,
Dans cette même ordonnance, Souleymane BAH Thiaguel , le responsable communication de Cellou Dalein DIALLO est inculpé de complicité d’assassinat et de tentative d’assassinat. Il a été convoqué par les enquêteurs de la Brigade des investigations criminelles de la gendarmerie ces dernières semaines. Il a systématiquement refusé de se présenter et depuis lors il a pris la fuite afin de se soustraire aux questions des gendarmes. Il avait auparavant publiquement déclaré « qu’il ne sera pas seul à aller en prison ! » s’adressant ainsi à d’autres proches collaborateurs de Cellou Dalein DIALLO.
Monsieur le Ministre,
Je suis effaré de constater que M. Souleymane BAH Thiaguel a bénéficié d’une large mansuétude de la part des autorités judiciaires ce qui, lui a permis de préparer en toute tranquillité sa fuite. D’ailleurs le parquet général ne s’était pas gêné d’organiser au courant du mois de juin une conférence de presse pour « tenter de ridiculiser » l’ordonnance du juge d’instruction M. Mamady DIAWARA qui internationalement est reconnu par sa droiture, sa rigueur et son professionnalisme. Comment expliquer cette intrusion des magistrats du parquet général pour mettre en doute l’inculpation de Souleymane BAH Thiaguel ! La famille de Mohamed Koula DIALLO et moi même, parties civiles dans cette affaire méritons d’avoir des explications de votre part.
Monsieur le Ministre,
J’ai porté plainte contre Cellou Dalein DIALLO pour dénonciations calomnieuses suite à la diffusion du communiqué me présentant comme le meurtrier du journaliste Mohamed Koula DIALLO. Le procureur de la République de Dixinn, M. Souleymane Ndiaye a « requis de ne pas informer en raison de la qualité de député de Monsieur Cellou Dalein DIALLO,en se fondant sur l’article 65 alinéa 3 de la Constitution ». Or dans le cadre d’une bonne justice respectueuse des droits de tous les justiciables, il devrait conformément à la Constitution demander à l’assemblée nationale de lever l’immunité parlementaire du député Cellou Dalein DIALLO afin que l’instruction judiciaire puisse être ouverte pour le volet dénonciations calomnieuses. Devant l’inaction du Procureur de la République, à ma demande mes avocats ont requis cette demande auprès de l’Assemblée Nationale. Pour le moment nous ignorons la réaction de l’assemblée à ce sujet. Toutefois, nous pensons que votre charge de Ministre de la Justice nous permettra de trouver les voies juridiques pertinentes d’instruire en conformité du droit la plainte contre Cellou Dalein DIALLO pour dénonciations calomnieuses.
Monsieur le Ministre,
Mon avocat Thierno Amadou Oury DIALLO subit des intimidations, des harcèlements et des menaces de mort proférés par des milieux proches de Cellou Dalein DIALLO. Ceci m’amène à vous rappeler que nous avons formulé des plaintes qui sont restées sans suite. C’est le cas contre Ibrahima Sory Camara qui a revendiqué publiquement d’être l’organisateur de l’agression dont je fus victime le 29 avril aux abords de la mosquée de Dabondy-Ecole. C’est le cas également de la plainte contre Boubacar DIALLO dit Grenade et consorts qui le 12 avril ont agressé mes proches à Bambeto pour les empêcher d’organiser une réunion publique dans ce quartier. Cet agresseur fait d’ailleurs l’objet d’un mandat d’arrêt pour détention d’armes et menace contre des forces de l’ordre dans le cadre de l’exercice de leur fonction.Bizarrement, ce mandat est jeté aux orties, comme si une « milice privée officielle » existe dans ce pays pour servir Cellou Dalein DIALLO et son clan en toute impunité. Les mandats d’arrêts contre Alphadio BAH Wanidara et Mamadou Saidou BARRY dit freeman, tous les deux inculpés dans le cadre de l’affaire du 05 février sont également restés sans suite. Cette situation est d’autant plus révoltante qu’en l’espace de 48 heures le jeune Ibrahima Djoundiou DIALLO de Bambeto a été jeté manu militari en prison à la Maison Centrale depuis plus de trois mois pour une « histoire montée de toutes pièces de vol de téléphone » que les proches de Cellou Dalein ont fabriqué pour tenter de m’atteindre. D’un côté une histoire de meurtre gérée avec beaucoup de « souplesse » et de l’autre une banale affaire sanctionnée avec démesure. Deux poids, deux mesures ! De quel côté se trouve la justice !
En conclusion, Monsieur le Ministre
Vous avez la charge de rendre la justice guinéenne, juste, équitable et transparente. Nous, partie civile dans le cadre de l’assassinat du journaliste Mohamed Koula DIALLO et de la tentative d’assassinat sur BAH Oury, nous estimons que les comparutions des inculpés Souleymane BAH Thiaguel, Alphadio BAH Wanidara, Mamadou Saidou BARRY Freeman, et Boubacar DIALLO Grenade constituent un préalable nécessaire pour une bonne justice.Nous espérons que notre légitime requête trouvera une issue heureuse pour que la justice soit rendue avec sérénité et honnêteté !
Avec respect !
BAH OURY
Ancien Ministre
1er Vice-Président de l’UFDG
03/08/16