Dans son échange avec un internaute de GBASSIKOLO, au sujet de la corruption dans notre pays, un de nos concitoyens, M. Baren SOUMAH, en toute bonne foi, écrit ceci, entre autres :
« ….En Guinée, la corruption est non seulement endémique mais malheureusement acceptée par la population. Du policier au ministre, Des secrétaires aux directeurs nationaux…. »…
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Cette affirmation est en partie erronée. Mettre le petit peuple et les notabilités gouvernementales, administratives, sécuritaires, politiques, et notamment les « grands commerçants » sur le même plan, est une ERREUR de lecture d’une réalité pourtant incontestable, à savoir la CORRUPTION en Guinée.
Mon intention n’est pas d’engager une polémique, ni de développer une argumentation explicative de la corruption dans notre pays. Elle est juste de lever brièvement une équivoque d’expression malheureuse : « corruption acceptée par la population ».
Si l’ampleur et la permanence de la corruption sont indéniables dans notre pays, les populations ne l’ « acceptent » pas pour autant.
La population n’accepte pas la CORRUPTION. Elle la subit. Ne voyant pas très bien comment s’en débarrasser ou la réduire, à horizon prévisible, elle s’y résigne. Et certains, à défaut de pouvoir s’y soustraire, ou l’arrêter, se mettent à en profiter pour leur compte. Ils sont dans l’esprit qui consiste à dire : « puisque à moi tout seul, je ne peux pas grand-chose contre ce système, je vais rentrer dedans, le soumettre à mes intérêts, et peut-être le moment venu, le battre de l’intérieur », et ainsi le transformer en système moins détestable.
Je rationalise ici des logiques de démarches individuelles et personnelles que j’ai souvent observées lors de mes fréquents séjours en Guinée. Mais en le faisant, je ne pense pas être trop éloigné des raisons qui expliquent l’ « adhésion » supposée des populations à une corruption qui d’ailleurs, la révulse profondément. Elle en pâti plus qu’elle n’en profite. Mais on ne peut parler d’acceptation.
Dans sa profondeur, le petit peuple, et c’est l’immense majorité, accepte d’autant moins la corruption, qu’en dernier ressort, c’est lui qui paye la note. Ce n’est pas parce que, il ne sait pas verbaliser de manière collective et structurée ce qu’il récuse profondément, qu’il l’accepte. Dans le cas présent, c’est le terme » SUBIR » qui me semble plus approprié.
D’autre part, vous croyez que M. Alpha CONDÉ n’est pas corrompu, et qu’il détesterait l’argent. Vous êtes indulgent, et peut-être même NAÏF.
En ce qui concerne la corruption ou non de M. Alpha CONDÉ, vous risquez d’être déçu, tôt ou tard, peut-être même tôt. Mais « Alons toun » comme le dit quelqu’un. Le président Alpha CONDÉ est loin d’être un SAINT. Bien au contraire. Il n’est pas moins intéressé que les autres, moi compris.
Par ailleurs, vous dites croire que M. Alpha CONDÉ « n’aime pas l’argent ». Ici, je pense que vous n’êtes pas naïf, mais de mauvaise foi. EXPLICATION:
Je connais peu de personnes qui aiment l’argent pour l’argent. Et pour être honnête, je n’en connais pas. Il n’y en n’a pas .Chacun et chacune, pauvre ou riche, cherche l’argent pour ce qu’il peut en faire, et non pas comme finalité, c’est-à-dire l’argent pour l’argent. De ce point de vue, M. Alpha CONDÉ est comme tout le monde, peut-être ni plus, ni moins.
Personnellement, j’ai tendance à croire qu’il aime l’argent plus que la moyenne des personnes. En effet, lui il sait que, avoir de l’argent est un PUISSANT moyen qui lui permet d’accéder à ce qui est encore plus puissant que l’argent : le POUVOIR en tant que contrôle sur la vie de millions de personnes, et surtout, sur les ressources du pays. Ici, je veux parler du pouvoir pour le pouvoir, c’est-à-dire comme FINALITÉ de sa propre existence.
Avec M. Alpha CONDÉ, nous y sommes. Le POUVOIR en tant que privilège suprême de disposer des ressources d’un pays et de ses habitants, sans avoir l’aptitude d’améliorer leurs conditions d’existence, ni capacité à protéger l’espace territorial des dégradations durables, et presque irréversibles. La Guinée est un pays délabré, parce qu’ABANDONNÉ dans une main dont le seul OBJECTIF, est la JOUISSANCE du pouvoir.
Dire que M. Alpha CONDÉ « n’aime pas l’argent » est une plaisanterie pas plaisante. C’est exactement comme ceux qui voulaient nous faire croire que Sékou TOURÉ n’aurait aucun Bien. Mais il n’avait pas besoin de dire ou de faire savoir qu’il avait des BIENS ou pas. Il était PROPRIÉTAIRE de la GUINÉE et de la vie des Guinéens. Il en disposait selon son bon vouloir. La preuve ?—lui et son P.D.G. avaient fait de la Guinée un immense lupanar, où tous ses collègues tyranneaux africain, et un ambassadeur de France, aujourd’hui décédé, venaient se servir en chair fraiche. Les « élections » de MISS, n’étaient rien d’autre que les « marchés » organisés dans le but de repérer et sélectionner les chairs fraiches pour la consommation insatiable du « Chef Suprême » de la « Révolution » et de ses acolytes, fort nombreux.
Alors M. Alpha CONDÉ n’est pas Sékou TOURÉ. Il ne fera pas de notre pays un lupanar. La Guinée n’est pas sa préoccupation première. Il croit que lui mérite la Guinée, mais que la Guinée ne le mérite pas. D’où son énergie à se faire passer pour le plus PANAFRICANISTE des panafricanistes qui aient jamais existé. Pour lui, notre pays n’est qu’un moyen, à mettre au service de ce qui à ses yeux à lui est ESSENTIEL : sa propre promotion.
Mamadou Billo SY SAVANÉ.