Le verdict est tombé dans la guéguerre fratricide et égocentrique qui a mis aux prises les 2 figures emblématiques de l’UFDG, en l’occurrence, les sieurs CellouDalein Diallo et Bah Oury, au sujet du contrôle des rênes du parti. Les partisans du sieur Bah Oury pourront glousser de plaisir en attendant, avec déférence, le retour de leur leader au siège du parti, quand on sait l’aporie qui a émaillé sa dernière tentative…
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S’il est vrai qu’il faille se garder de prêter le flanc à toutes velléités triomphalistes en l’espèce, force est de reconnaître que le modus vivendi qui, jusqu’à présent, a prévalu au sein de l’UFDG laisse entrevoir l’inévitabilité de contre-mesures au verdict du juge, par la recrudescence de violences sur l’axe Bambeto-Cosa avec son cortège de morts, au gré d’obscurs desseins.
Ce n’est qu’une lapalissade que de rappeler que les moments de gloire, de défaites et d’incertitudes de M. CellouDalein Diallo ont tous ceci en commun, la perte en vies humaines ! Les conséquences de la posture d’une communauté gagnée par la fièvre obsidionale et résolument déterminée à souffrir le martyre pour l’avènement du <<Peul Historique>>, le Primus Inter Pareset précisément la réalisation des ambitions personnelles du sieur CellouDalein Diallo prouvent à suffisance que les béances de la manigance savamment orchestrées par Cellou et sa troupe ont fini par faire d’eux des politiciens non conventionnels, hors normes. Quand un leader politique se voit attribuer le lugubre loisir de décanter ses problèmes politiques et exprimer sa menace par le biais du sang et de la vie de ses militants, il y a indubitablement péril en la demeure. Le sang et la mort des militants sont, hélas, de redoutables fonds de commerce politique pour l’UFDG, surtout quand on sait la fonction symbolique que cela représente à travers la notion de victimes identifiables, que ceux qui sont familiers à la psychologie sociale reconnaîtront tout de suite. Or, avec l’accord désaccordé du 19 octobre 2016, M. Dalein Diallo semble avoir marchandé tout le <<stock>> dont il disposait et donc se trouve désespérément dans une situation où il doit se remettre à niveau pour les besoins des élections législatives de 2018.
La réintégration décidée, par le juge, de M. Bah Oury à l’UFDG est une illustration parfaite de cette contradiction notaire entre la moult errance politique de l’UFDG et la source intarissable de martyrs dont elle dispose comme joker de luxe. En effet, le contexte qui a prévalu avant la décision du juge dans l’affaire Bah Oury était marqué par le fait que l’UFDG disposait d’une carte politique, en l’occurrence, le vote du nouveau code électoral issu des fameux accords du 19 octobre 2016, dont elle aurait pu dénuer de toute son importance par son refus de le soutenir. En revanche, l’UFDG avait véritablement envie de se débarrasser du sieur Bah Oury.
De son côté, le RPG qui a été l’interlocuteur principal de l’UFDG était intéressé non seulement par le vote du nouveau code électoral, mais aussi et surtout par le retour du sieur Bah Oury à l’UFDG, ne serait-ce que pour voir le parti s’occuper de problèmes internes que de rendre la cité ingouvernable. Partant, un deal était possible entre les 2 camps. Bah Oury contre le code électoral ! Cependant, cet équilibre de Nash n’était possible que si les deux décisions étaient rendues le même jour et au même moment ou après que les 2 parties aient eu connaissance des documents y affairant. Dans une telle affaire, le premier qui agit le fait à ses risques et périls, et l’UFDG en a fait les frais.
On pourrait s’étonner que je prenne la décision du juge pour acquis, mais je m’étonnerai aussi dans le contexte guinéen que cette question se pose !
Pourtant, ce ne sont pas les signes avant-coureurs qui ont fait défaut. Prévu au mois de janvier 2017, la décision du juge dans l’affaire Bah Oury a été reportée sans motif apparent au mois de février et exactement au lendemain du vote de la loi sur le nouveau code électoral. Nul doute que le RPG avait en tête, les conséquences d’une réintégration du sieur Bah Oury avant le vote sur le nouveau code, alors que cela constitue un énorme coup politique pour ce parti. L’UFDG n’a-t-elle pas vu le coup venir ? Dans l’hypothèse d’un deal non respecté entre le sieur Dalein Diallo et le président Condé sur cette affaire, n’avions-nous pas entendu le premier scander urbi et orbi que le dernier n’est pas digne de confiance ? <<Tout le monde sait que je respecte mes engagements, Alpha non>>http://www.jeuneafrique.com/391357/politique/guinee-cellou-dalein-diallo-alpha-conde-refuse-jeu-democratique/
Dans l’un ou l’autre cas, l’incompétence et l’incrédulité sont d’une énormité abjecte. Et, l’histoire n’a eu cesse de se répéter. Les jours qui s’annoncent vont être décisifs pour M. CellouDalein Diallo pour redorer son blason, lui qui n’a appris à se racheter de ses débâcles politiques qu’en créant les circonstances de troubles où les jeunes sur l’axe Bambo-Cosa iront trouver la mort.
Chers militants UFDGistes, je vous invite pour cette fois-ci à réfléchir sérieusement et sereinement à l’invitation de M. Dalein Diallo à une manifestation quelconque ; A vous poser cette question grave, sur le sens de donner sa vie pour quelqu’un qui poursuit ses ambitions personnelles et passe tout son temps à faire des deals sur la mort de ses militants ; A évaluer tout ce que vous aviez subi et les réponses qui y ont été apportées ; mais surtout qu’est-ce que vous gagnerez à reconduire un système clanique que vous prétendez combattre depuis 2010.
Salim Gassama Diaby
Montréal