UFR : guéguerre entre ennemis intimes ? (par Top Sylla)

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ufr« Baïdy a voulu retourner dans son métier d’origine. Un député quand il s’en va, il y a un autre qui prend sa place.  Baïdy est à l’assemblée de l’U.F.R., donc je ne vois pour le moment aucun problème ». C’est ainsi qu’a réagi Sidya Touré après la nomination du secrétaire exécutif de son parti, Baïdy Aribot, comme deuxième vice-gouverneur de la Banque centrale de la République de Guinée (B.C.R.G.)…

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On pourrait penser que cette ‘’clarification’’ a mis un terme au malaise engendré par ce que d’aucuns, au sein même des instances du parti ou dans le cercle des proches de son président, ont vu comme un débauchage orchestré par Alpha Condé aux dépens de l’U.F.R., ou pire, une traitrise d’un membre de son bureau exécutif. Si l’on peut s’attendre à ce que les propos de Sidya Touré tempèrent, ne serait-ce que « pour le moment », les ardeurs de ceux qui avaient vite fait de décocher, par leur attitude ou écrits, des flèches empoisonnées  contre l’ancien député, il y a fort à parier que le profond ressentiment de ce dernier ne se dissipera pas de sitôt.  Et pour cause. Quand, à la suite du président de l’U.F.R. et d’un autre élément de ce parti (Mohamed Tall), un décret publié sur la R.T.G. a annoncé la nomination de Baïdy Aribot, les réactions n’ont pas tardé. Celles venues de leur propre formation politique, curieusement, auront été les plus virulentes. Avec une célérité inhabituelle, le chargé de com. a indiqué aux médias, quelques heures seulement après la publication du décret, que l’U.F.R. et son président n’avaient pas été consultés, et qu’ils auraient d’ailleurs appris la nouvelle comme tout le monde. Avant d’ajouter : «  le bureau exécutif  se réunira dans les prochaines heures  pour tirer toutes les conséquences » !

Un site guinéen d’information révélera par la suite, qu’il n’y avait pas à consulter Sidya Touré, vu que c’est sur une liste fournie par lui que le président Condé a sorti le nom de Baïdy Aribot. Mais rien n’y fera.

Un autre, se réclamant de ce parti et jugé proche du président de l’U.F.R., ira plus loin en assénant que « l’appartenance politique  du récipiendaire, le moment choisi pour le nommer, et les soupçons légitimes engendrés par sa nomination précipitée, obligent à se poser des questions sur les mobiles (politiques) du président, et sur l’acceptation hâtive de sa ‘’générosité’’ par le ‘’notable’’ supposé de l’U.F.R. ». Si le désormais vice-gouverneur de la B.C.R.G., et toujours secrétaire exécutif de l’U.F.R., est resté jusque là silencieux face à ces attitudes hostiles, en tant qu’observateur de l’arène politique guinéenne l’on est en droit de se poser des questions. Après l’engagement du parti, de plein gré et en connaissance de cause, dans un rapprochement avec le président Condé, pourquoi certains semblent tant s’offusquer de voir le député uninominal de Kaloum accompagner celui-ci dans la circonscription pour (officiellement) sensibiliser les populations sur un projet d’aménagement urbain ? Pourquoi l’appartenance politique de Sidya et de Tall, le moment choisi pour les propulser Haut représentant du chef de l’Etat et ministre (dans le contexte d’une réélection d’Alpha Condé contestée par la plupart des partis d’opposition), ainsi que les soupçons engendrés par leurs nominations (ceux de vouloir faire un pied de nez à l’U.F.D.G. et affaiblir l’opposition), n’ont pas tellement intrigué les contempteurs actuels de Baïdy ?

   L’on ignore si les deux avaient « hâtivement » accepté la « générosité » du président Condé, mais nul n’avait perçu à l’époque le plus petit bruit de la moindre hésitation de leur part. Il y en a même un qui aurait accepté la fonction avant d’en connaître les contours … Devrait-on également voir le fait d’accepter leurs statuts officiels (et les avantages qui s’y rattachent) comme un ‘’manque de loyauté’’ envers le parti et ses militants ? Et dire que c’est Baïdy qui faisait le tour des médias pour défendre la position du parti et justifier sa présence dans le gouvernement à travers le ministre Tall… Comment peut-on présenter sa nomination comme une velléité du pouvoir de « saboter », avec sa complicité, le meeting de l’U.F.R., alors que Baïdy qui en était justement le président du comité d’organisation, s’est sans doute investi pour la réussite dudit événement ?

Au lendemain du tour de force réussi par Sidya Touré et son parti (journée portes ouvertes, débats de haut niveau, et surtout le meeting géant), ce genre de malaise interne  est un bémol dans cette belle partition qui, aux yeux de nombreux observateurs, annoncerait des lendemains qui chantent. Cette situation où des éléments s’attaquent à d’autres qu’ils rejettent comme des corps étrangers, sous le prétexte de défendre leur formation commune, fait penser à une maladie auto-immune dont souffrirait l’U.F.R. Cela n’est certainement pas le meilleur atout dans la perspective des joutes électorales à venir. Mais après tout, Talleyrand ne disait-il pas qu’ « on doit se conduire  avec ses amis  comme s’ils devaient être un jour des ennemis, et avec ses ennemis comme s’ils pouvaient devenir des amis » ?

 

Top Sylla

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