*Il n’y a point de bonheur sans courage, ni de vertu sans combat.*Disait Jean-Jacques Rousseau.
Beaucoup de choses intéressantes sont à noter dans nos traditions.
Il y a aussi des aspects dangereux, moins ou mal compris par la population.
Des sujets parfois tabous, difficiles de voie d’abord, exhalant de notre tradition. Voici trois rubriques parmi d’autres :
1-Les Groupements ethno-communautaristes
Il n’y a aucune tradition indépassable qui justifie la terreur comme disait Noël Mamère, journaliste et politicien Français.
En Guinée actuellement, L’usage excessif et itératif de cette somme de valeurs vieillies que représente la tradition peut être potentiellement un danger qui risque de produire des effets nocifs sur notre écosystème social.
Personne ne doute que la tradition rassure, mais lorsque la société se fragmente outrancièrement en groupements communautaristes dont le repère principal se matérialise par les appartenances ethniques, évidemment, ces valeurs vieillies se transforment en véritable bombe à désintégrer l’essence de notre raison d’être ! La nation Guinéenne.
On voit de plus en plus la naissance de nombreux groupements ethno communautaristes en Guinée, qui se mobilisent pour des objectifs ultra communautaristes au détriment de l’unité nationale.
Même si parfois on peut noter quelques sujets respectables débattus dans certaines communautés comme la paix, le reboisement etc.
L’esprit de groupementethno communautariste peut être un facteur de replis identitaire, un écran à la culture de la notion d’unité nationale.
On peut fonder notre identité sur une base de valeur nationale sans lisière ethnique et dans le respect de nos particularités culturelles.
Les artifices d’un communautarisme excessif à Rubicon ethnique, sont de véritables réservoirs d’antigène à désintégrer les valeurs fondamentales de notre société.
Dans le même ordre d’idée, l’état doit revoir le caractère excessif de la place occupée par l’échelle des sages en Guinée avec tout le respect que je réserve à l’intelligence de la sagesse.
Platon définit le sage pas par celui qui sait beaucoup de choses, mais celui qui voit leur juste mesure.
Malheureusement chez nous, l’hypocrisie est souvent de mise, à telle enseigne qu’on évite parfois de dire la vérité pour plaire ou pour esquiver les frustrations. Hors, nous sommes dans une société en constante évolution.
Donc nécessité de s’adapter et surtout de respecter les vraies valeurs d’une justice sociale équilibrée, fondement d’une paix durable.
*Ce qui est fort doit être juste et ce qui est juste doit être fort.*Blaise Pascal.
Les sociétés traditionnelles guinéennes d’autrefois, de l’époque de nos grands-parents, n’ont pas le même fondement que les innombrables et infinis groupements communautaristes ultra ethniques d’aujourd’hui.
Dans les temps anciens, les sociétés traditionnelles avaient pour vocation principale, la recherche de solution aux différents problèmes de notre société et non uniquement la recherche des solutionsaux problèmes d’une communauté circonscrite.
Un exemple parmi d’autres :
Autrefois, lorsqu’il y avait un problème de société à régler en Haute Guinée, les sages et érudits du foutah étaient systématiquement conviés et inversement.
C’est pour cette raison d’ailleurs que le quartier Timbo de Kankan qui recevait ces sages du foutaa fini par porter le nom d’un célèbre village du foutah appelé Timbo.
C’était le vrai symbole de l’unité de nos sociétés traditionnelles d’antan.
Ce symbole semble gravement compromis de nos jours par les tentations communautaristes même chez les intellectuels.
Cette prolifération du communautarisme excessif et débordant est souvent source de violences inter ethniques
*La vraie marche à suivre pour obtenir la paix est de reconnaitre etsupprimer ses mauvaises qualités.*
Disons non aux nuisibles déclivités ethno- communautaristes.
2-Les mutilations génitales féminines
Elles continuent de plus belle, malgré de gros efforts réalisés par l’état, les ONG nationales et internationales.
C’est l’occasion de gratifier l’énorme et courageux travail depuis plusieurs années réalisé par notre frère et confrère le Dr Morissamda Kouyaté dans la prévention des mutilations génitales féminines.
Nombreuses complications gynéco-obstétricales, rénales et hématologiques sans oublier les maladies transmissibles (sida, hépatites virales etc.)Sont des risques infligés à nos sœurs victimes de cette tragédie des pratiques traditionnelles.
Le combat doit continuer sans relâche par la sensibilisation régulière sur le caractère inutile et surtout dangereux de cette pratique médiéviste.
3–L’état de nos mares et l’archaïque méthode de pêche ancestrale
Ces petites étendues d’eau stagnante dans une dépression de sol appelée maressont une partie de l’écosystème de notre patrimoine naturel.
Notre devoir est d’assurer leur protection.
Les fêtes des mares !
Quelle belle tradition : les rencontres, le son du djembé, les chants, les danses, les légendes etc. Un patrimoine à protéger à tout prix.
Mais attention !Nous devonsnous préparer à abandonner nos vieilles habitudes dégradantes de l’environnement.
C’est le cas de cette méthode ancestrale de pêche où la populationse jette massivement dans une petite mare tranquille pour une pêche dont l’esprit est surtout festif,détruisant ainsi chaque année, sans se rendre compte une grande partie du gitede l’écosystème naturel (faune et flore).
Le risque étant la disparition de la mare et de son contenu.D’ailleurs beaucoup de mares ont disparu et d’autres en état de dépérissement.
Djibril Tamsir Niane, un de nos célèbres historiens écrivains Africains de Guinée, avait élaboré un excellent plan de revitalisation de la faune et flore de la mare de Baro il y a quelques années, avec la participation de l’ambassade de France. C’était une belle initiative.
L’abandon de cette technique ancestrale dans le respect des activités culturelles festives doit être un défi à relever.
Pratique encrée depuis des années et donc difficile à aborder.
Je pense qu’il faut oser mettre la question sur table avec courage et trouver des méthodes de sensibilisation pour que nos parents comprennent l’intérêt de la préservation de l’écosystème environnemental.
D’autres formes de pêche peuvent être envisagées comme la pêche à la ligne etc. Plus respectueuse de la nature.
*La sagesse de la terre est une complicité totale entre l’homme et son environnement.*Pierre-Jakez Helias.
Une invite est faite à son excellence Mr le ministre de l’environnement pour que ce sujet délicat soit abordé avec courage car notre environnement est indissociable de notre bien-être.
Vive la paix dans le respect des lois de la république.
Vive l’unité nationale.
Docteur Solian Konaté
Praticien Hospitalier Permanent des Hôpitaux
Chirurgien orthopédiste et Traumatologue CHHB
France