Adama Gaye n’est pas un forban de presse !…(par Benn Pepito)

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Pour déclamer contre le journaliste Adama Gaye,  l’ancien chef de cabinet du Président Abdoulaye Wade, Pape Samba Mboup, n’y va pas de main morte. C’est à peine s’il ne le fait pas passer pour un forban de presse.

Ecoutez Pape Samba Mboup se défouler dans les colonnes de Walfnet :

« Je connais très bien Adama Gaye. C’est un ami et il est coutumier des faits. C’est ce qu’il faisait avec Abdoulaye Wade. C’est un ami de Wade. S’il n’obtient pas ce qu’il veut, il se comporte de la sorte. »

En fait le célèbre journaliste Adama Gaye est en prison depuis quelques jours pour des écrits qualifiés d’ « injurieux » envers le Président Macky Sall. Foutaise !

Et Pape Samba Mboup de balancer ce long réquisitoire :

« Avant que nous accédons au pouvoir, il fréquentait Wade. C’est un grand ami de Wade, c’est l’ami de sa famille. Il a même aidé Karim, après son baccalauréat à trouver une école pour continuer ses études. Chaque fois qu’il venait à Dakar, la première personne qu’il visitait était Wade. A l’alternance de 2000, il a voulu être ministre des Affaires étrangères. J’en sais quelque chose parce qu’il m’en parlait mais Abdoulaye Wade n’a pas voulu. Je ne sais pas le pourquoi. C’est à ce moment qu’il a commencé à attaquer Wade. Il insultait Wade, moi-même il m’injuriait. Il pensait peut-être que je pouvais influer Wade. Parce que simplement Wade n’avait pas voulu faire de lui un ministre des Affaires étrangères. Il disait qu’il était bien connu, qu’il avait les relations, un bon carnet d’adresses qu’il allait beaucoup apporter pour le Sénégal. Il disait aussi qu’il est un expert du pétrole qui pourrait aider le Sénégal. Wade n’a pas répondu à ses appels du pied, il s’est mis alors à insulter Wade. Je m’étonne de sa rencontre avec Wade la semaine dernière. Macky Sall n’est pas Wade. Ce que Wade peut tolérer Macky ne peut pas le tolérer. Il est allé trop loin avec Macky. Ce n’est pas parce que je soutiens Macky Sall que je dis ces choses. Je suis un citoyen et cela ma gêne qu’une personne attaque le président de la République et dise des insanités. C’est malsain. Je suis écœuré. On ne souhaite pas à une personne des déboires mais ce qui lui est arrivé il l’a cherché. Il a été trop excessif avec Macky Sall. Il est coutumier des faits. On ne peut pas se mettre à harceler des présidents, à raconter des histoires, des insanités sur eux. Il cherche quelque chose que Macky ne peut pas lui donner. »

C’est des balivernes, tout ça !

Il suffit de se pencher sur le parcours professionnel de Adama Gaye pour se rendre compte qu’on peut tout lui reprocher sauf être un journaliste alimentaire ou un forban de presse.

Adama Gaye a un parcours professionnel éloquent. Il est professionnel, compétent, connaît son métier. Il n’a plus rien à prouver dans le métier de journalisme. Et puis ce n’est pas Pape Samba Mboup qui viendra, aujourd’hui, lui donner des leçons de vie. Ah, non ! Tout le monde sauf Pape Samba Mboup et l’autre… Et Pape Samba Mboup sait ce qu’on insinue !

Adama Gaye a parfaitement raison de prétendre à un poste ministériel. C’est dans ses cordes d’assumer les fonctions de ministre. On voit au Sénégal, des personnes qui ne l’atteignent pas à la cheville et qui sont bombardés ministres. Donc ce n’est pas dégradant ni choquant que Adama Gaye pousse ses pions pour devenir ministre des Affaires étrangères. Où est le problème ? Dites ? Où est le problème que Adama Gaye grenouille (si vous voulez !) pour décrocher un strapontin ministériel ?

Le problème est de savoir si oui ou non Adama Gaye est capable d’assumer les fonctions de ministre des Affaires étrangères.

Effectivement, il a un carnet d’adresse étoffé. Effectivement, il a des relations politiques et économiques de par le monde.

Effectivement, il est dense en français et en anglais, à l’écrit et à l’oral. Effectivement, son background pouvait et peut encore servir le Sénégal.

Voyez-vous ! Un homme comme Adama Gaye n’a pas sa place à Rebeuss.

Adama n’est pas un harceleur de Présidents. Mais c’est un talentueux journaliste qui empêche depuis quelques années les dictateurs du continent de dormir sur leurs deux oreilles. Il a largement contribué à la chute du dictateur Yaya Jammeh de la Gambie. On oublie de rappeler l’apport considérable de Adama Gaye dans la chute de l’ancien dictateur gambien. Maintenant il ne faut pas lui chercher des poux dans la tête en taxant de harceleur de présidents comme s’il était un escroc intellectuel, un aigrefin. Ah, non ! « Je suis Adama Gaye ! » Tous les Africains soucieux du développement de leur pays respectif « sont  Adama Gaye ! »

Macky Sall est en train de s’embourber dans de graves fautes politiques : il ne doit pas mettre en prison les journalistes qui le critiquent et critiquent sa gouvernance. C’est à son mérite si Adama Gaye le critique voire le traite de tous les noms d’oiseaux. Ça doit l’aider à rectifier le tir et à bien gouverner.

Macky Sall est un intellectuel. Il est très apprécié sur le continent. Les critiques, les injures ne peuvent pas le déprécier au point qu’on le vomisse partout où il passerait.

Un président de la République qui ne peut pas souffrir les journalistes, qui le critiquent de façon acerbe, doit démissionner. De nos jours le seul contre pouvoir qui se dresse face aux pouvoirs absolus dans nos pays, est celui de la presse.

En politique on doit avoir le dos large sinon on se retire dans une mosquée, dans une église, dans une synagogue. La politique, c’est des coups qu’on donne et des coups qu’on reçoit. En témoigne Nicolas Sarkozy, ce mardi 19 avril 2011 face à ses lieutenants :

« Je pars ce week-end, combien de paparazzis ? Quatre, chaque jour, qui me suivent partout, avec mon vélo. Les coups, j’en prends. Les salauds, je les connais ; les salauds, il y en a plein en politique ; et il y a rien de plus contagieux que les salauds. C’est comme ça, il faut faire avec. Sinon, on fait un autre métier. Et les coups, ça fait grandir ; un bon article, ça fait plaisir, mais ça fait pas grandir ; c’est les coups qui font grandir. Moi, on m’a traité de Iago ; Iago ! Mais je vais vous dire : si on m’avait pas traité de Iago, j’aurais jamais été président de la République. Vous comprenez ? Si j’avais pas été Iago, je serais pas président de la République. »

Témoignage rapporté par Bruno Le Maire dans son livre : « Jours de pouvoir ».

Dans l’œuvre Shakespeare, Iago, le traître, symbolise « l’un des personnages les plus maléfiques et machiavéliques » de son œuvre.

Le 11 janvier 2015, les présidents Malien Ibrahim Boubacar Keïta, Nigérien, Mahamadou Issoufou, Sénégalais Macky Sall, Béninois Thomas Boni Yayi, Togolais Faure Gnassingbé, Gabonais Ali Bongo s’étaient déplacés jusqu’à Paris pour marcher aux côtés du président français, François Hollande, pour dénoncer la barbarie qui avait endeuillé Charlie Hebdo. Ils avaient marché pour défendre la liberté de la presse. Or avec les nouvelles technologies, cette liberté de la presse ne peut être cantonnée en France. Elle traverse toutes les frontières du monde de gré ou de force et s’impose aux pouvoirs absolus.

Dites à Macky Sall de faire libérer illico presto Adama Gaye, victime d’accusations fantaisistes !

Dites à Macky de reculer et de ne pas trop prêter l’oreille à ceux qui veulent sa perte et qui l’encouragent à emprisonner des journalistes !

Dites à Macky de ne pas marcher dans les pas de Goby Condé qui a juré d’embastiller tout journaliste ou homme politique qui le traîneraient dans la boue. Du reste Faya Millimono, le leader du bloc libéral, croupit en prison pour une bagatelle.

Dites à Macky de dire à Goby de libérer Faya Millimono.

Benn Pepito

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