Cité dans une affaire de corruption avec le fils du Président Alpha Condé, le patron de la compagnie minière « West Africa Exploration » qui dispose d’une concession sur les monts Nimba, a ouvert un coin du voile sur l’obtention de son permis. Dans ce entretien qu’il a accordé à notre confrère Africaguinée, Bouba Dinah Sampil revient ici en exclusivité sur ses rapports avec Mohamed Alpha Condé, l’ancien Ministre Mahmoud Thiam, le contenu de l’entretien entre Alpha Condé et Ellen Jhonson Sirelef du Libéria lors de sa dernière visite à Conakry…
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Votre nom a été cité dans une affaire de corruption au sujet de la concession minière dont dispose votre société West Africa Exploration sur les monts Nimba. Quel commentaire en faites-vous ?
Je pense que les gens font de l’amalgame. Si Sable Mining a des problèmes avec d’autres , c’est leur affaire. Ils sont cités dans plusieurs cas de corruption, dont le Liberia, l’Afrique du Sud, au Mozambique et au Zimbabwe. Comme ils sont avec moi, on fait automatiquement des liens de corruption. S’il s’avère que c’est leur habitude, c’est bien évident qu’ils le fassent en Guinée. Je parle de cette corruption entre guillemets. Malheur à ceux qui pensent ainsi. Moi je n’ai pas besoin de corrompre pour avoir quelque chose qui m’appartient déjà. Avant qu’Alpha Condé ne soit élu en 2010, moi j’avais déjà le permis. Je l’ai eu exactement en 2009 des mains de l’ancien ministre des Mines Mahmoud Thiam. En 2010, j’ai procédé à une extension sur l’autre site. Je vais vous dire la vérité. Vous savez nous sommes dans un secteur un peu sensible. Plus on communique, plus les gens s’intéressent à l’argent. C’est pourquoi je ne fais pas trop de commentaires. Cela n’à rien à voir avec ce que nous faisons ici. Dans ce pays dès qu’on entend parler d’investissements à hauteur de 500 millions de dollars ou plus, automatiquement cela rend les gens fous. Donc la meilleure façon de faire en Guinée, c’est de s’abstenir de dire certaines choses considérées comme des détails, en raison du fait que je viens d’un pays extrêmement pauvre. J’ai d’ailleurs entendu des gens dire qu’un bateau rentre dans ma cour. C’est de la folie. C’est pourquoi je m’abstiens de faire trop de commentaires.
Votre société West Africa Exploration a donc été créée bien avant l’arrivée au pouvoir du Président Alpha Condé ?
C’est West Africa Exploration, que j’ai créé, qui a tous les permis. Sable Mining est venue avec une autre société comme actionnaires chez moi. L’Etat guinéen, n’a jamais donné de permis à Sable-Mining, le seul permis a été délivré à West Africa Exploration qui continue de travailler. Les gens font l’amalgame. C’est comme quand on dit SIMFER, ce n’est pas Rio-Tinto, c’est Rio qui est actionnaire dans SIMFER. Quand on dit SMFG on parle Bhp Billiton parce que c’est costaud. Sinon BHP n’a pas le permis au grand NIMBA, où d’ailleurs l’Etat est actionnaire (…).
Avez-vous participé au financement de la campagne du Président Alpha Condé en 2010 ?
Pas du tout. Les archives sont là. Ils nous accusent d’ailleurs d’avoir envoyé un hélicoptère au Président Alpha Condé. Cet avion là a été utilisé où ? Tout le monde a vu en 2010 Alpha Condé faire sa campagne dans un bus chinois. Même pour la dernière campagne si l’on parle d’avion, c’est la tournée du chef de l’Etat avant l’ouverture de la campagne, dans l’hélicoptère présidentiel. En 2010, je crois que c’est Kouyaté Lansana qui avait un avion, Kassory aussi à bord d’un avion est passé pour lancer des affiches publicitaires.
Vous n’avez joué aucun rôle dans l’élection d’Alpha Condé en 2010 ?
Pas du tout. Par contre au premier tour je faisais parti du comité qui organisait (…). Dès après j’ai continué à m’occuper de mes affaires. Financer quoi ? Les gens imaginent des sommes faramineuses alors que vous savez ici la campagne est purement ethnique. En général les gens apportent des tee-shirts et après c’est rien. L’hélicoptère dont ils parlent ce n’est rien d’autres que celui que j’ai. D’ailleurs pour aller à Lola, il me faut faire un détour par le Liberia pour m’approvisionner en kérosène et ensuite rejoindre le site. Celui que le président utilise a une plus grande autonomie et il prend assez de kérosène. C’est un appareil de type ‘’écureuil’’, où on va prendre ce kérosène pour la campagne avec une autonomie d’une heure ?
Mais on vous connaît très proche du Président, Mohamed Alpha Condé…
J’ai de très bonnes relations avec lui. Des relations qui n’ont rien à voir avec mes affaires. A cause de ces insinuations, j’ai même pris mes distances. Ici les gens imaginent qu’on ne peut rien faire sans être proche du sérail du président. Donc en guise d’exemple et c’est qui est malheureux à ce sujet, c’est que tous ceux qui comme Rio-Tinto, BHP ont eu le permis l’on obtenu grâce aux relations avec le président. Donc pourquoi, les gens s’acharnent contre moi ? Alors que je ne suis pas le seul guinéen à avoir le permis. Une question toute bête, est ce que le gouvernement peut délivrer un permis et en même temps donner de l’argent pour aller exploiter ce site ou le développer ?
En résumé donc, vous voulez dire qu’il n’y a jamais eu de corruption dans l’attribution de cette concession minière ?
Cela est même impossible. A l’époque il était même impossible de corrompre Mahmoud Thiam. En plus dans cet article, j’ai vu soit disant que j’ai obtenu ce permis d’exploitation pendant que le code minier était fermé. Mais c’est archi faux. Belle-Zone l’a obtenu, trois mois après j’ai eu le mien. Renseignez-vous au niveau de la Présidence ou du département des mines, le permis le plus compliqué à avoir c’était le mien. Uniquement parce que je suis noir. Finalement je m’étais découragé vu cette lourdeur à mon égard. Finalement une mission mixte du ministère des finances et des mines, accompagnée des conseillers du président, s’est rendue sur le site et ont tiré la conclusion en disant que jamais un travail aussi important n’a j été réalisé par un minier.Ceci, contrairement à d’autres grandes compagnies qui excellent dans le même domaine. Parce, que je savais bien sûr que j’allais être contrôlé puisque je suis ami au fils du président.
Qu’est-ce qui retarde le développement de cette mine ?
Le retard actuel est accusé du côté libérien. Depuis l’apparition du virus Ebola, nous avions signé un accord de développement d’infrastructures qui existent au Liberia qu’on doit utiliser. Alors avec cette maladie, tous les occupants dont des britanniques qui y travaillaient ont été sommés de quitter. Nous étions obligés de les transporter vers l’Aéroport de Nzérékoré pour les faire évacuer vers le Liberia. Malgré cela nous avions continué le travail jusqu’au moment où l’épidémie faisait rage, nous avions libéré 70 sur un effectif de 120 personnes. Avec la constance de la maladie, les Libériens ne voulaient plus que les guinéens traversent. Après tout cela, c’est la baisse de la valeur des matières premières avec la chute des cours. Auparavant avec 90 dollars la tonne, nous nous sommes retrouvés avec 40 dollars. Tout le monde s’est ainsi résigné pour dire qu’il n’était pas propice de déclencher le développement. Compte tenu du faible coût de production, moi, même si c’est à 50 dollars, j’ai une marge. Ce n’est pas comme les Rio-Tinto qui ont des coûts de production de 70 dollars. Si les cours sont au dessous de 70 dollars tu ne peux pas développer à perte. Moi je suis dans la marge, donc le processus est relancé. Dieu aidant, la présidente du Libéria lors de sa dernière visite en Guinée m’a appelé pour qu’on en parle. Malheureusement j’étais en déplacement aux Etats-Unis. Cela a été évoqué, même dans le discours final qui parle des mines, ce n’est rien d’autres que ma mine. Alors on m’a demandé de me rendre au ministère pour essayer de relancer et de voir quelles sont les solutions pour la ratification de ce document.
L’exploitation pourrait commencer bientôt ?
C’est clair. Puisque les deux présidents ont réitéré leur engagement pour que ce projet voit le jour. C’est un moyen de rapprochement entre les deux Etats. Ici on ne dira pas que j’ai corrompu la dame. Pour ce projet pour qu’il y ait des rails, j’ai convaincu la Présidente du Libéria pour venir parler au président Alpha Condé. Je suis allé lui expliquer les avantages de ce projet. Dans ce cas même, j’entends les gens dire que j’ai des rapports avec le fils de cette dame aussi ; c’est du n’importe quoi. Ils ne peuvent pas croire qu’un noir puisse développer ce genre de projets en Afrique, plus particulièrement le guinéen.
Avec Gbassikolo.com