Acteurs politiques ou Histrions de la Rue Publique : l’opposition guinéenne aux abois

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Depuis que la CENI (Commission Electorale Nationale Indépendante) a fixé le chronogramme des élections présidentielles et communales, l’opposition guinéenne rue dans les brancards en lançant des accusations à tous vents de prétendu complot à son encontre, par rapport à l’ordre de ces 2 élections.

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Les élections présidentielles devant se dérouler en 1er lieu et les communales ensuite, cette opposition rejette l’ordre ainsi établi, car elle prétend que si les communales se tiennent avant, elle va les gagner, et ainsi pour les présidentielles qui vont suivre dans le schéma que cette opposition veut imposer, il n’y a que sa victoire qui serait crédible, estime-t-elle, toute autre victoire non conforme à la cartographie des communales ayant ainsi précédé, devenant impossible, ou le cas échéant,  étant entachée de fraudes, selon cette opposition. En réalité, elle n’est pas crédible dans ses arguments, ni auprès de l’Occident, ni en Afrique, ni surtout en Guinée, et elle est dans la plus malhonnête des postures visant à tromper sur la nature intrinsèque de ces 2 élections présidentielles et communales. C’est le signe d’une opposition aux abois.

 

Equivoque sémantique à lever

On entend souvent dire, par cette opposition et ses relais, qu’il y a inversion des élections présidentielles et communales. En réalité, il n’en est rien, car il y a inversion entre 2 éléments A et B lorsque l’élément A prend, par exemple, la place attribuée à l’élément B et vice-versa. Pour ce qui nous concerne ici, les élections présidentielles ont été fixées à date constitutionnelle et elles n’ont donc pas pris la place ou date des élections communales, d’où elles n’ont pas été inversées par rapport à celles-ci, même si on constate qu’il y avait chevauchement sur la même année électorale, d’où le report des communales par l’Autorité compétente.

 

Manque de crédibilité dans les arguments face à l’étalon démocratique en Occident

Les Politiques africains se référent souvent à l’Occident où le modèle démocratique est aux normes, pour mettre en exergue leurs avancées démocratiques ou fustiger des insuffisances démocratiques par rapport à ces normes occidentales. En l’occurrence 3 leaders de l’opposition guinéenne s’étaient retrouvés récemment en France pour prêcher leur prétendue bonne cause. Mais sérieusement, peut-on faire croire à la France que la vérité d’élections communales ou municipales sera forcément la même que celle d’élections présidentielles qui leur seront consécutives, d’où le non maintien de cet ordre équivaut à une volonté de frauder ! Peut-on sérieusement faire croire cela à la France, elle qui a vu le leader d’un parti sans ancrage municipal, en l’occurrence le Front National, arrivé au second tour des élections présidentielles de 2002 ! A-t-on entendu parler de fraudes à cette occasion du fait que la qualification de ce leader ne devait nullement être possible, car non fondée sur un ancrage municipal ou communal ! Autrement dit, le candidat arrivé en 3e position était donc fondé, dans la logique de l’opposition guinéenne, à exiger sa qualification au second tour, car son parti a bien un ancrage communal, contrairement à celui du candidat arrivé en 2e position ! Peut-on sérieusement faire croire cela à la France où le candidat arrivé en 3e position aux présidentielles de 2012 avec un score (18,57%) d’une appréciable envergure nationale, n’a pas pu se faire élire dans une élection de circonscription (législatives) consécutive aux présidentielles ! Ne voit-on pas là qu’une élection présidentielle de caractère national n’a rien à voir avec une élection locale, de type communal par exemple ! Peut-on sérieusement faire croire cela à la France qui a connu une situation de report d’élections municipales ou communales par rapport à des présidentielles, exactement comme en Guinée ! En effet, dans ce pays, il y avait chevauchement du calendrier électoral en 2007 : présidentielles, cantonales et municipales notamment. La primauté a été donnée aux présidentielles, comme en Guinée, et les municipales et cantonales notamment ont été reportées en 2008, c’est-à-dire l’année suivante comme en Guinée.

 

Professionnalisme de la CENI

Ce cas français permet par ricochet  de mettre en exergue le professionnalisme de la CENI en Guinée : comme en France, elle a pris la décision courageuse et judicieuse de reporter les élections locales qui chevauchaient sur l’année des présidentielles. Comme en France, la CENI n’a pas voulu bricoler en essayant d’organiser les communales quelques mois avant les présidentielles, ou de les coupler, comme le réclamaient et le réclament encore des esprits chagrins qui montrent par là le peu de cas qu’ils accordent à la préoccupation d’une bonne organisation des communales, leurs ambitions personnelles primant. Comme en France, la CENI a accordé la primauté à l’élection présidentielle à date constitutionnelle, et de façon responsable, comme en France, a reporté les locales à l’année suivante. Tiens, tiens, tiens, en cas de nécessité, de tels reports se font aussi en France, en démocratie de référence ! Pourquoi en Guinée crie-t-on donc au complot et en veut-on à la CENI ! Il est donc un devoir républicain de saluer ce professionnalisme de la CENI qui fait honneur à notre pays.

 

Arguments non crédibles au regard d’exemples similaires en Afrique

Au Bénin,le candidat qui a été élu aux présidentielles de 2006 n’avait pas de parti politique propre à lui, a fortiori d’ancrage communal. Il n’était pas du monde politique traditionnel et pourtant il a été élu face à des candidats dont les partis étaient bien implantés dans les communes ! On n’a entendu personne contester cette victoire du fait d’absence de succès du Président élu aux dernières élections communales ! Au Sénégal, on a procédé à un report d’élections, comme en Guinée, report dû à des causes exogènes ayant semé la désolation comme en Guinée ; élections initialement prévues avant les présidentielles et reportées après celles-ci, comme en Guinée. Il s’agit d’inondations au Sénégal qui ont fait que les législatives de 2006 ont été reportées en mai 2007, après les présidentielles de février 2007 car cette dernière date était constitutionnellement immuable. Même si l’opposition a protesté au Sénégal, elle n’a jamais été dans la posture de mettre le pays à feu et à sang comme c’est le cas avec l’opposition guinéenne avec sa tentative dans ce sens, alors qu’au Sénégal les motifs du report ont été nettement moins dévastateurs (inondations n’ayant fait « que » des dégâts matériels) face à la Guinée où les motifs de report des communales ont été beaucoup plus décimants (Ebola ayant fait des milliers de morts). Le monde ne s’est pourtant pas effondré au Sénégal, et la vie politique continue de plus belle.

 

Incohérence des arguments face à la réalité du terrain en Guinée

L’argument selon lequel l’opposition gagnant les communales doit logiquement gagner les présidentielles, brille par son incohérence. En effet, les présidentielles et les communales sont 2 types d’élections totalement différentes, les 1ères étant nationales et les secondes locales. Ainsi si comparaison il doit y avoir sur la base d’une logique de victoire à l’identique sur 2 élections qui se suivent, il faudrait que ce soit sur 2 élections de même type : soit 2 élections locales, soit 2 élections nationales. En l’occurrence, si on doit appliquer cette logique par rapport aux présidentielles, ça devra être sur les présidentielles donc, et sur la partie nationale des législatives qui ont précédé, car les législatives comportent un volet purement national (scrutin de liste) et un volet de circonscriptions identiques à des élections locales (scrutin uninominal). En prenant donc une base de comparaison cohérente, c’est-à-dire une base nationale, on voit que la majorité présidentielle a gagné la partie purement nationale des législatives, d’où avec la logique de l’opposition, cette majorité présidentielle doit à nouveau gagner les présidentielles à venir et qui sont une élection nationale. Imparable non ! Mais alors, à quoi bon, pour l’opposition de s’égosiller partout, même si dans son propre schéma, finement analysé, elle est battue !

 

Sophisme de l’opposition : posture visant à tromper

En définitive, on voit bien qu’une élection présidentielle est une élection nationale qui vise à choisir un homme ou une femme pour présider aux destinées d’une Nation. Un candidat d’une pareille élection peut donc être minoritaire dans telle ou telle circonscription et au final être majoritaire dans l’ensemble de la Nation considérée. Une élection présidentielle n’obéit donc pas à la même logique qu’une élection locale, comme les élections communales. Tout d’abord, un candidat d’une circonscription, ici, sera battu dès qu’il est minoritaire. Ensuite les motivations des électeurs ne sont pas les mêmes face à un candidat de proximité en élections locales et face à un candidat en élections présidentielles, l’électeur pouvant choisir en local, par affinité par exemple, un candidat sans étiquette ou d’un bord différent de la coloration politique du candidat présidentiel pour lequel il va voter. L’opposition guinéenne sait pertinemment que les logiques de ces 2 élections ne sont pas identiques. Tout se passe donc, comme si, sentant la victoire du Président Alpha Condé dès le 1er tour à la prochaine présidentielle, elle use de subterfuges, aidée de ses relais : à travers tout ce débat sur l’ordre des présidentielles et des communales/ en essayant de faire accréditer  une fausse idée de lien logique entre ces 2 types d’élections/ en essayant d’ancrer dans l’esprit des gens que les communales lui sont acquises à partir d’amalgames insidieusement distillés sur le report opéré par la CENI et le respect de cette décision par la majorité présidentielle, assimilés ainsi à de la connivence /en multipliant les agitations dans la rue/ etc., dans le but d’empêcher la tenue des présidentielles, ou à défaut de les faire entacher de vices, justifiant ainsi sa défaite prévisible. Mais on l’a vu, sa stratégie n’est crédible nulle part et on comprend mieux pourquoi une certaine presse s’offusquait du fait que les 3 leaders ci-dessus cités de l’opposition guinéenne n’aient pu se réunir à Paris que dans un restaurant. On peut au contraire se réjouir du grand crédit dont bénéficie le Président de la République Alpha Condé, cet homme d’Etat, animé d’un esprit de responsabilité et de servitude envers son peuple, qui a ainsi été traité avec tous les égards, par les Présidents Hollande et Obama, dans ses récentes visites en France et aux Etats Unis.

 

Avec le Professeur Alpha Condé, la Guinée gagnera aux prochaines présidentielles d’octobre 2015.

Ibrahima Sory KEÏTA

Economiste – Expert Consultant

Militant RPG/Arc-en-ciel – Conakry

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