Alpha CONDE dans ‘’Internationales’’ : radioscopie d’une interview présidentielle (par Boubacar Sanso BARRY)

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Le dimanche dernier, le président Alpha Condé était dans l’émission ‘’Internationales’’ de RFI, TV5Monde et Le Monde. Essentiellement axée sur l’épidémie à virus Ebola qui affecte le pays depuis bientôt un an, l’émission a également a permis au chef de l’Etat de s’exprimer sur d’autres sujets aussi bien nationaux que de politique étrangère.

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Au sujet de l’épidémie à virus Ebola, le président Alpha Condé est demeuré fidèle à ce qu’il dit depuis le début de la maladie. Rejetant les accusations de négligence que le gouvernement aurait eue à l’égard de l’épidémie, le chef de l’Etat s’abrite plutôt derrière le fait que la maladie était inconnue des Guinéens. Avec tact et sobriété, même une pondération nouvelle, il dénonce du bout des lèvres le retard dans la mobilisation de la communauté internationale. Sur la question de l’isolement de la Guinée par les pays africains, il est apparu moins véhément que lors de ces dernières sorties. Il se réjouit juste que de grandes personnalités dont François Hollande aident du mieux qu’elles peuvent à rompre cet isolement.

 

Contradiction et risque de contradictions

 

La véritable annonce du chef de l’Etat réside dans son engagement à faire tenir les élections présidentielles en 2015. A priori, l’opposition qui, ces derniers temps, soupçonnait le chef de l’Etat de vouloir exploiter Ebola pour repousser les élections dont il redouterait l’issue, peut se réjouir. Pour autant, de la part du président Alpha Condé lui-même, l’engagement plutôt catégorique à faire organiser les élections en 2015 s’apparente à une certaine contradiction.

 

En effet, l’on se rappelle que lors de sa dernière conférence de presse, le même président avait indiqué que sa priorité demeure la lutte contre Ebola! Les choses auraient-elles changé depuis ? Pas fondamentalement, en tout cas. Avec les nouveaux foyers qui pullulent et les nouveaux cas qui se multiplient, la fin de l’épidémie n’est pas pour demain. La situation qui prévaut sur le terrain laisse même croire que le président Alpha Condé prend de gros risques, en annonçant avec une certaine assurance que les élections se tiendraient au cours de l’année qui pointe.

 

Est-il notamment certain que la flambée va se calmer d’ici au mois d’octobre ? Même si l’épidémie venait à être jugulée dans les trois à six prochains moins, le pays disposerait-il alors de suffisamment de temps pour faire face aux multiples contradictions qui entourent le processus électoral ? Le président aurait certainement été plus avisé de se montrer plus nuancé sur cette question.

 

Des arguments présidentiels plutôt discutables

 

Nuancé, il aurait dû également l’être sur la question relative au correspondant de RFI en Guinée, Mouctar Bah. Car il n’a aucun intérêt à accréditer l’idée qu’en réalité c’est lui qui est à la base du blocage. Or, c’est exactement le sentiment que l’on a après avoir suivi cette interview. A cela, s’ajoute le fait que l’argumentaire du président Alpha Condé est tout sauf solide. D’abord, il met en avant le fait qu’à l’image de la BBC, RFI ne doit pas avoir ‘’dix correspondants’’ en Guinée. Tenant mordicus à cette ligne de défense, il n’a pas voulu écouter notre consœur, Sophie Malibeaux, quand cette dernière a essayé de lui dire que dans certains pays africains, la radio mondiale a deux correspondants.

 

Pourtant, la réalité, c’est qu’à Abidjan, Dakar et Bamako notamment, Rfi a un correspondant principal et un ''secondaire''. Le second argumentaire du président Alpha Condé a consisté en l’évocation d’un engagement que RFI aurait pris il y a deux ans, en faveur du remplacement de Mouctar Bah par un journaliste non guinéen. Yves Rocle, l’adjoint à la Directrice de RFI en charge de l’information Afrique, que nous avons joint, est catégorique : « Il n’a jamais été question du remplacement de Mouctar Bah ». Il ajoute, « Sidi Yansané a été recruté pour ‘’épauler’’ et non pour remplacer Mouctar Bah ». Par ailleurs, quel est l’intérêt du président Alpha Condé à vouloir d’un correspondant dont la spécificité serait qu’il soit ‘’non guinéen’’ ?

 

Alpha Condé, Hollandophile !

 

Le président Alpha Condé s’est également exprimé sur des sujets de politique étrangère. Il en a profité pour réaffirmer ses liens très forts avec le président François Hollande. C’est ainsi qu’à l’en croire, l’intervention de ce dernier au Mali ne doit aucunement être assimilée à la Françafrique. Ce serait plutôt la conséquence de la carence des leaders africains, eux-mêmes.

 

Plutôt courageux de la part du président guinéen. Sauf que quand il lui est demandé ce qu’il pense des changements constitutionnels en Afrique, il ne fait pas montre du même courage. Faisant dans la langue de bois, il dit ne pas avoir de conseils à donner aux autres dirigeants. Par contre, il pense qu’il est du droit de François Hollande de donner son opinion sur les mêmes modifications constitutionnelles.

 

De même, sur la question relative au chaos libyen, il est de ceux qui pensent que "l’occident doit assurer le service après-vente". Là aussi, pour ce qui est de François Hollande, Alpha Condé pense que ce dernier hérite d’une situation désastreuse résultant d’un acte posé par son prédécesseur.

 

Avec GCI

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