En Guinée, en politique, il y’a un professeur et un seul: Alpha Condé. Les autres sont des étudiants. Et ça se comprend. Pendant que ces derniers suivaient des carrières administratives, remplissaient des fonctions gouvernementales, s’occupaient à travailler, lui militait.
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Militant depuis ses années sur les bancs de l’université, au sein de la Fédération des étudiants d’Afrique noire francophone (FEANF), l’actuel locataire du palais Sékhoutouréya a toujours fait de la politique. Sous Sékou Touré, quand, contestataire en exil, il fut condamné à mort par contumace. Sous Lansana Conté, lorsque, opposant, il fut brimé, emprisonné, éloigné du pays…
Passé maître de l’art, Alpha Condé a continué à faire de la politique au sens politicien du terme, même après son installation sur le fauteuil présidentiel. Ses opposants en ont eu pour leurs frais, qui sont ballottés depuis cinq ans entre bras de fer et négociations de façade, entre accords à moitié appliqués et désillusions…
Le dialogue politique inter-guinéen, ouvert à quatre mois de la présidentielle, a été la dernière trouvaille du « professeur » pour rouler ses adversaires dans la farine. Il les a occupés pendant qu’il menait sa pré-campagne à travers le pays, a joué la montre pour faire au dernier moment des concessions qu’il est impossible de mettre en oeuvre. Arrivée à la présidentielle avec le fameux accord du 20 août, l’opposition se retrouve avec un fichier piégé que le temps ne permet pas d’assainir d’ici le 11 octobre. Elle ne peut toutefois rien faire, minée par ses divisions internes et ses querelles d’égos. En définitive, le candidat-président va à l’élection à son rythme et à ses conditions. Si on peut discuter des moyens utilisés, il a atteint ses fins. La fin justifie les moyens, pense-t-il certainement.
Alpha Condé a lu et assimilé la pensée de Machiavel. Et affiné son savoir-faire par une pratique continue depuis sa jeunesse. Il mérite son titre de professeur, professeur-ès-politique.
Cheick Yerim Seck