Dans un entretien qu'il accordé à notre partenaire Guineenews, le président du groupe parlementaire de la Majorité députe Amadou Damaro Camara a riposté sans ménagement au Vice-président de l’UFDG, Dr. Fodé Oussou qui a récemment évoqué la possibilité pour l’Assemblée nationale de proroger le mandat du chef de l’Etat, contre l'annulation ou la modification du chronogramme en inversant l’ordre de la tenue des élections. Lisez plutôt!
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Quelle lecture faites-vous des dernières manifestations de l’opposition qui, dans son rejet du chronogramme électoral, a élargi le 20 avril ses actions de protestations à tout le pays ?
Manifestations pour manifestations… Je crois que c’est toujours regrettable qu’on se réjouisse ou qu’on regrette qu’il y ait eu violences dans cette partie de la Guinée ou dans cette autre partie. C’est vrai, ils ont étendu leurs manifestations à toute l’étendue du territoire, mais tout le monde le sait, de quelle partie du territoire il s’en est agi. Il n’y a pas une seule personne qui soit sortie dans toute la Guinée forestière, dans toute la Haute Guinée, des villes en Moyenne Guinée n’ont pas connu de manifestations, les villes de Coyah, Forécariah et autres en Basse Guinée, n’ont pas connu non plus de manifestations. Donc, si on devait s’exprimer en termes de territorialité, de succès ou s’il faut considérer cela comme succès ou échec, je ne veux aller dans ce décompte qui ne fait honneur à notre pays. Il est temps pour que l’on revienne autour de la table. L’argumentaire que l’opposition développe qui consiste à dire : nous ne venons pas parce que nous sommes déjà venus autour de la table et les conclusions n’ont pas été respectées. Pour construire la démocratie, la paix et faire avancer le pays, à mon avis, deux dialogues ne doivent pas suffire. C’est pourquoi, je lance encore un appel à l’opposition pour venir autour de la table.
Le Vice-président de l’UFDG, Dr. Fodé Oussou Fofana dans une récente interview à Guinéenews, a proposé une possible prorogation du mandat du président de la République par l’Assemblée au cas où le gouvernement acceptait de constater la nullité du chronogramme déjà publié par la CENI. Quel est votre avis là-dessus ?
Voilà le grand paradoxe chez nos frères de l’opposition. Ils décrient, dénoncent des violations de lois et invitent à ce que les partis se réunissent pour faire des lois quand il y a une Assemblée. Pour l’élection présidentielle, elle est constitutionnelle. Donc, les partis ne peuvent pas se réunir en dehors de l’Assemblée ou d’un référendum pour modifier la constitution. Donc la date d’octobre pour les élections présidentielles, cette date est impérative. Maintenant autour de la table… Qu’on veuille me dire par exemple et je le dis à titre personnel, écoutez, il faut absolument qu’on fasse des élections locales. Mais retrouvons-nous pour voir juridiquement, politiquement, techniquement, d’un point de vue budget, qu’est-ce qui est possible d’être fait. Toutefois, nous ne prendrons pas le risque de violer ou de modifier la constitution en ce qui concerne l’élection présidentielle.
Apparemment vous évoluez sur la même longueur d’onde que l’opposition sur ce plan, à la seule exception que celle-ci demande au gouvernement, avant toute rouverture de dialogue, l’annulation du chronogramme de la CENI ?
Encore une fois, la CENI est l’organe qui propose une date. Il revient au président de la République de valider une date proposée par la CENI. A ce que je sache, le président de la République n’a ni validé ni rejeté cette date. Alors le problème se situerait donc au niveau seulement de la CENI. Je ne vois pas que l’opposition qui n’est pas contente de la CENI qui est une institution indépendante, abandonne l’Assemblée nationale qui est la deuxième institution du pays… C’est comme si on dit par exemple, Sékou a raté la biche, allons-y récolter son fonio. Ça n’a rien à voir. Nos frères de l’opposition seraient restés à l’’Assemblée pour qu’on ait ces genres de discussion. Ce n’est donc pas au gouvernement de fixer la date des élections. C’est à la CENI.
C’est vrai, le président de la République n’a pas encore pris de décision entérinant le chronogramme publié par la CENI. Mais à l’entendre parler comme il l’a récemment indiqué à la presse étrangère, l’on a l’impression qu’il n’a plus envie de changer ce chronogramme ?
Justement, il n'a pas dit exactement qu'il n'est pas question de le modifier. Il a encore nuancé ses propos en disant que c'est à la CENI de proposer une date et que ce n'est pas à lui d'en fixer. Il ne revient pas au gouvernement de fixer une date. C'est-à-dire qu'on ne quitte pas l'Assemblée, on ne va pas dans la rue… Nous, nous sommes d'accord qu'on se retrouve autour de la table, qu'on invite la CENI pour venir nous expliquer qu'est-ce qui est possible. Peut-être, d'une façon ou d'une autre, ils peuvent nous dérouler un chronogramme. J'apprends dans la presse oui, tout est prêt, il ne reste que ça. Mais qu'on vienne autour de la table. Ils ont des techniciens à la CENI, nous en avons. Autour de la table, s’ils veulent même devant la communauté internationale, qu'on vienne démontrer à la CENI " sa mauvaise foi " et la possibilité claire et nette de pouvoir organiser ces deux élections. Mais la date des élections du président de la République ne peut pas être modifiée par les partis politiques.
Est-ce que par souci de préserver la quiétude sociale, le gouvernement ne peut pas prendre une décision annulant le chronogramme annoncé, juridiquement est-ce que cela n’est-il possible aujourd’hui?
Je ne sais pas ce que vous appelez annuler ou accepter le chronogramme. Pour le moment, c'est la CENI qui a fait une suggestion de chronogramme. Pourquoi vous ne voulez pas qu'on s'asseye pour discuter de ce programme ? Vous voulez d'abord qu'on l'annule. Si vraiment c'est nécessaire, qu'on l'annule ou qu'on la modifie dans son volet ‘’élections communales’’, oui. Mais dans son volet élection présidentielle, le gouvernement ne peut pas le modifier, les partis politiques ne peuvent pas le modifier. Mais autour de la table, il n'y a pas de sujet tabou. Vous savez, on a été reçu par les Ambassadeurs de tous les grands pays, les Etats-Unis, le Japon, la France, la Grande Bretagne, la Russie, l’Espagne, la Coordinatrice du Système des Nations Unies, le Représentant Spécial des Nations-Unies…, nous étions là tous autour de la même table. Nous avons dit qu'il n'y a pas de sujet tabou, qu'il n'y a pas d'ordre du jour préalable. Venons, posons tous les problèmes autour de la table et qu'on en discute. Mais, on ne peut pas demander au gouvernement d'annuler un chronogramme proposé par la CENI quand bien même on lui reproche d’avoir la CENI à sa botte. Pourquoi on ne se serait pas retrouvé autour d'une table pour dire, voici ce qui est possible d'être fait.
Au terme des manifestations du 20 avril, l'opposition a envisagé de porter plainte contre le gouvernement auprès de la Cour de la DECEAO. Qu’en pensez-vous?
Vous savez, notre opposition dénonçait des violations de lois pendant toutes les autres manifestations. Lors de la marche antérieure, ils se sont adressés aux délégations spéciales qui avaient le mandat expiré. Mais ce n'est pas le mercredi que les mandats étaient expirés, c’est depuis cinq ans. On les reconnaissait avant et brusquement, on ne les reconnaît plus. On demande à ce que la CENI change le chronogramme, on ne reconnaît pas la CENI, on demande à ce que le président prenne des décisions, on ne reconnaît même plus la légitimité de ce président de la République. A qui s'adressent-ils ? Quand on est acteur politique, on ne reconnaît pas la CENI, on ne reconnaît pas la légitimité du président de la République, on ne reconnaît pas les autorités locales, ça veut dire tout simplement qu'il n'y a plus d'Etat. Et Malheureusement, cet Etat a les moyens de se montrer quand c'est nécessaire de maintenir l’ordre public lorsque celui-ci est en proie à l’anarchie. C’est ce qui s'est passé le 20 avril. On a montré que si le président est illégitime, il peut encore donner des ordres, si les autorités locales ne sont reconnues, elles gouvernent encore. Le gouverneur de Conakry est nommé par décret, il n'est pas illégitime. On pouvait s'adresser au gouverneur pour faire une marche. Si on veut vraiment organiser une marche… Une manifestation de l'opposition est constitutionnelle, mais il y a une procédure à suivre. On demande pour que les forces de l'ordre puissent encadrer surtout quand on connaît l'itinéraire. Mais quand on veut faire des marches dans tout le pays et au même moment, c'est l'insurrection qu'on demande. Heureusement, le peuple de Guinée ne les a pas suivis. Il y a des parties de la Guinée qui demandaient : on a appris que chez vous là-bas il y a ceci ou cela. C'est-à-dire, ils doivent comprendre qu'on ne peut pas instrumentaliser tout le peuple de Guinée. Nous sommes tous des Guinéens, mais le peuple de Guinée n'est pas à leur dévotion.
Guineenews avec Gbassikolo.com