GBK Dans un discours prononcé samedi dernier au Palais du peuple, Monseigneur Vincent Koulibaly, Archeveque de Conakry, a invité les acteurs politiques à éviter de verser dans la fourberie, en scandant des slogans en faveur de la paix, vides de sens. Lisez!
{jcomments on}« …Je voudrais rendre grâce à Dieu le Tout-puissant et le miséricordieux qui a permis que les élections législatives du 28 septembre 2013 se soient déroulées sans violences sur toute l’étendue du territoire national.
Je voudrais inviter tous les Guinéens, tous les acteurs politiques, tous les responsables du pays à relire gravement l’histoire douloureuse du cheminement politique de la Guinée avec la pleine conscience de notre responsabilité. Il ne suffit pas en effet de crier des slogans en disant par exemple : "nous voulons la paix, la Guinée est une famille, plus jamais ça, vive la démocratie…", il ne suffit pas de créer sans cesse des organisations, des mouvements, des associations pour la paix. Il faut avant tout, en toute vérité dans la sincérité qu’exige la religion et l’amour de la patrie être des artisans de paix. Oui il faut être des artisans de paix avant de crier des slogans ou de créer des associations pour la paix.
Comment expliquer en effet que les guinéens se réclamant religieux soient incapables depuis 55 ans de construire leur pays dans la paix, dans l’unité, dans l’amour fraternel ? Comment expliquer en effet que notre pays abondamment pourvu en ressources soit dans un état de misère insoutenable ?
Il est temps mes chers compatriotes de sortir de nos incohérences, il est temps mes chers compatriotes d’avoir honte pour notre pays, il est temps mes chers compatriotes d’avoir mal pour notre pays, il est temps de libérer notre peuple, pris en otage par les acteurs politiques et leurs ambitions de construire des empires économiques et financiers somptueux au mépris de la pauvreté criarde des populations guinéennes, il est temps de sortir de nos mensonges, il est temps de sortir de nos slogans stériles, il est temps enfin de nous engager pour la vraie paix qui signifie développement, lutte contre la pauvreté. Il est temps de s’attaquer aux vrais problèmes du pays. Ces vrais problèmes que nous avons négligés depuis de nombreuses années spécialement pendant cette période de transition qui arrive enfin à son terme. Cette opportunité nous est donné à travers les élections législatives dont la proclamation définitive des résultats par la Cour suprême est attendue avec impatience et anxiété.
Allons-nous encore sombrer dans la violence ? Allons-nous encore sombrer dans la destruction des biens, dans la haine destructrice des vies humaines ? Allons-nous encore sombrer dans la paralysie totale de la vie nationale surtout à Conakry ? Ressaisissons-nous chers compatriotes, assumons nos parts de responsabilité, saisissons la chance de paix qui est aujourd’hui offerte à la Guinée. Il faut du courage pour que chaque Guinéen joue pleinement son rôle dans la construction du pays. Je prie pour que Dieu donne ce courage à chacun de nous.
La démocratie ne se résume pas à l’institution pure et simple d’une Assemblée nationale. La démocratie est une volonté commune de dialogue permanent sous l’arbre à palabre et non pour une répartition des sièges du pouvoir ou du budget national. Mais c’est pour convier tous les guinéens à prendre part à la réalisation d’un projet de société exigeant la contribution de tous, sans exclusion, pour l’épanouissement de tous dans la dignité humaine. Je prie pour que la future Assemblée nationale soit ce lieu de concertation démocratique permanent, ce lieu de service désintéressé du peuple, ce lieu de mission au nom du peuple pour exprimer ses attentes, ses aspirations, ses espoirs pour faire retentir les échos de ses joies mais aussi de ses souffrances, de ses angoisses, de ses tristesses.
Je souhaite vivement que la communauté internationale nous accompagne sur ce chemin-là dans la passion, la générosité et la solidarité. Au moment où notre peuple attend encore le dénouement final des élections législatives remis à l’appréciation de la cour suprême, puissions-nous rendre compte dans la foi et le courage de l’espérance, la voie du seigneur qui ne cesse de nous dire "Oui" je vais créer un ciel nouveau et une terre nouvelle. On ne se rappellera plus le passé, il ne reviendra plus à l’esprit car je crée une Guinée de joie, je crée un peuple d’allégresse, je trouverai mon allégresse, ma joie en Guinée. C’est mon espérance pour la Guinée mon pays, une espérance qui ne se réalisera qu’avec la force de Dieu et le travail de tous les Guinéens…
Que Dieu bénisse la Guinée et les Guinéens amen ! »