GBK Dans un entretien qu'il accordé à nos confrères, M. BAH Oury, 1er Vice President de l'Union des Forces Démocratiques de Guinée (UFDG), est revenu, entre autres, sur ses relations assez tendues avec le President du parti, Cellou Dallein Diallo, ainsi que sur les resultats des legislatives du 28 septembre 2013 Lisez!
{jcomments on}(…)Au sein du gouvernement dirigé par Mohamed Said Fofana, il y a un ministre des Droits de l’Homme. Ce ministre fait régulièrement des déclarations quand les Droits de l’Homme sont violés. Quel crédit donnez-vous à cette personne ?
Bah Oury : Je connais Gassama Diaby, je sais qu’il a œuvré à titre personnel à faire libérer un certain nombre de personnes. À ce niveau là, je lui en sais gré. Mais la politique de monsieur Alpha Condé, c’est une politique qui est contre les Droits de l’Homme. En fin de compte, le ministère des Droits de l’Homme n’est qu’un alibi. Récemment, les limites qui lui ont été tracées ont été manifestes parce qu’on lui a fait comprendre soit désormais il se tait ou il quitte. Je crois que monsieur Gassama Diaby doit tirer la conclusion, acceptera-t-il d’être un ministère alibi ou acceptera-t-il d’aller dans le sens de ses convictions ultimes, c'est-à-dire se battre réellement pour les Droits de l’Homme. Actuellement, l’opinion nationale et internationale le regarde. Je lui souhaite beaucoup de courage mais de refuser d’être utilisé comme alibi pour faire croire à l’opinion internationale qu’il y a un souci pour les Droits de l’Homme en Guinée alors qu’on sait pertinemment que la gouvernance de monsieur Alpha Condé, c’est une gouvernance qui est systématiquement contre les Droits de l’Homme, qui privilégie l’utilisation d’une violence excessive contre les populations et qui a à son actif une cinquantaine de personnes tuées. Sans compter la volonté de bâillonner la population guinéenne à travers les arrestations et de Mamadou Bilo Sy Savané et d’Abdoulaye Sy Savané.
Pendants les débats, vous avez déclaré qu’il y a un risque de soulèvement populaire en Guinée à l’image de celui de 2007, avez-vous reçu des signaux ?
Bah Oury : Je crois et je sens que la population guinéenne en a marre de la gouvernance de monsieur Alpha Condé. Toutes ethnies confondues et dans toutes les régions du pays, cette exaspération vis-à-vis de la gouvernance d’Alpha Condé a atteint son comble et la misère sociale devient de plus en plus grande. Les jeunes femmes et les jeunes gens ont perdu espoir. De ce point de vue, toute la société guinéenne est bloquée. Les élections ne vont rien régler. C’est pour vous dire que les conditions objectives d’une révolte populaire sont déjà en place. Maintenant, il appartient aux acteurs de la société civile, aux acteurs sociaux et aux acteurs politiques de s’en emparer, de préparer cela pour que cette fois-ci lorsque la colère populaire se déferlera dans les rues, que ça aille jusqu’au bout pour permettre l’avènement d’une gouvernance réellement démocratique en Guinée.
Monsieur Bah Oury, vous êtes le premier vice président de l’UFDG, est ce que vous assumer toujours cette responsabilité ?
Bah Oury : Je suis le fondateur de l’UFDG. Je suis le premier vice président investi par le congrès. Je l’assume, je le revendique, je me bats et je vais dans ce sens. L’UFDG fait partie de moi-même malgré que certains veulent me ravir cela, ils perdent leur temps. Tout le monde sait que nous nous sommes battus plus de 20 ans pour donner à l’UFDG une consistance. Que des gens soient morts au nom de l’UFDG, à l’appel de l’UFDG ne peut qu’amener Bah Oury, fondateur de l’UFDG à être davantage en phase avec l’UFDG pour que sa vocation démocratique et les engagements initiaux soient maintenus.
Est-ce vos relations avec le président de votre parti, Cellou Dallein Diallo se sont améliorées ces derniers temps ?
Bah Oury : Comme je l’ai dit pendant les débats, les relations personnelles n’ont pas tellement d’importance. Ce sont les relations politiques qui sont importantes. Par rapport à cela, je suis désolé de le dire, nous n’avons pas la même vision des choses, nous n’avons pas la même orientation politique. C’est une réalité. Personnellement je crois que le combat pour la démocratie passe par des réels engagements pour une transformation en profondeur de la gouvernance. Mais des actions politiques qui confortent la gouvernance actuelle ne font que retarder le pays, amener la société guinéenne à l’impasse. Avec cela, c’est l’avenir qui est bouché pour les jeunes. Et moi je veux que mon pays avance, je veux que la société guinéenne bouge mais les politiques actuelles ne font que conforter la stagnation et l’immobilisme.
Est-ce que l’UFDG n’a pas un problème à partir du moment où son président et son vice-président n’ont pas la même vision politique ?
Bah Oury : Il y a deux lignes politiques au sein de l’UFGD. C’est une réalité. Cela veut dire que l’UFDG doit accepter et adapter sa vie dans ce combat démocratique en interne qui fait qu’il n’y a pas de monolithisme. Moi je me bats pour que l’UFDG soit à mesure en son sein de faire cohabiter deux lignes politiques divergentes par rapport à certaines questions essentielles en faisant respecter le fonctionnement démocratique du parti tout en sachant qu’il y a une appartenance commune au même parti. Moi, c’est comme ça que je conçois l’action politique et l’action partisane au sein de l’UFDG. Mais malheureusement, ce n’est pas tout le monde qui a la même culture démocratique. Il y a des gens qui disent, ils sont les chefs et tous ceux qui ne sont pas d’accord avec eux sont contre eux alors que dans un parti, ce n’est pas comme ça. On peut être dans le même parti, à certains moments être en désaccord par rapports à certaines idées. Cela ne veut pas dire pourtant que nous sommes ennemis ou que l’un doit quitter au profit de l’autre si les principes démocratiques du fonctionnement du parti sont respectés.
Si les positions ne bougent pas et que les relations politiques avec le président du parti comme vous les avez appelé restaient à l’état actuel, quelle stratégie allez vous adopter ?
Bah Oury : Vous savez qu’il y a d’autres acteurs. Rien n’est statique. Il y a les acteurs qui sont les militants qui s’interrogent, qui se posent des questions, qui voient l’impasse dans lequel ils sont aujourd’hui et qui veulent en sortir. Et de ce point de vue, ça oblige chacun à bouger et à aller dans le sens conforme aux intérêts supérieurs du parti et de la Guinée. Celui qui ne va pas dans ce sens se condamne à être en déphasage complet avec une évolution historique, une évolution normale de l’UFDG.
Est que vous êtes consulté aujourd’hui par le bureau politique national de votre parti quand il s’agit de prendre des décisions importantes concernant des sujets liés à l’actualité nationale ?
Bah Oury : Ils ne me consultent pas, ils font comme si je n’existe pas. C’est la raison pour laquelle, j’ai dit qu’ils ne respectent pas les structures, qu’ils ne respectent pas le fonctionnement démocratique du parti, ils ne respectent pas les statuts, ils ne respectent pas la légitimité qui a été conférée au premier vice président par le congrès d’août 2009. Tout cela, ce sont des violations des statuts, des violations des règles de fonctionnement et ça rappelle le fonctionnement anachronique des dictatures. Je suis contre la dictature au niveau de l’État comme je suis contre une dictature au sein du parti. Et cela prouve la cohérence de mon combat pour la démocratie, pour les libertés et pour les Droits de l’Homme.
Un autre sujet, finalement il y a eu les élections législatives, est ce qu’on peut dire que vous aviez eu raison de s’opposer à la participation de votre parti à ces élections ?
Bah Oury : Déjà certains vont se réjouir en disant que l’UFDG a 36 ou 37 députés comme si la finalité était d’avoir quelques députés. Alors que ces députés dans le cadre d’une Assemblée où ils seront minoritaires ne peuvent pas influer sur la volonté du pouvoir exécutif d’imposer sa dynamique, d’imposer son orientation. Ce qui est encore beaucoup plus grave, pour ne pas rentrer dans les détails, ça légitime, ça valide le fichier électoral que Waymark a déjà mis en place et ça prépare la fraude pour les élections présidentielles de 2015 où monsieur Alpha Condé pourrait valablement utiliser son résultat sur la liste nationale proportionnelle des législatives pour dire qu’il a gagné dès le premier tour des élections présidentielles. Cela veut dire que l’avenir de la démocratie est sacrifié et ça créera certainement de graves problèmes à la Guinée.
(…)
Guinéenews© : Maintenant l’opposition a déposé des recours au niveau de la Cour Suprême, y a-t-il une possibilité que les résultats donnés par la CENI changent en faveur de l’opposition ?
Bah Oury : Comme on n’a pas encore le verdict de la Cour Suprême, je n’ai pas de commentaire à faire. Disons comme les autres «wait and see».
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