Bénin : tentative de coup d’État déjouée, une douzaine de militaires arrêtés

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Une tentative de coup d’État a été déjouée dimanche matin au Bénin, selon les autorités qui assurent que le président Patrice Talon est « sain et sauf ». L’opération, menée par un groupe de militaires, a été rapidement neutralisée par les forces loyalistes. Plusieurs arrestations ont eu lieu et une enquête a été ouverte pour déterminer l’ampleur du complot.

Un putsch avorté au petit matin

Selon les premières informations, un groupe de soldats a tenté de prendre le contrôle de la télévision publique afin d’annoncer la destitution du chef de l’État. Le signal a été brièvement interrompu, semant la confusion chez les téléspectateurs, avant d’être rétabli.

Le ministère de l’Intérieur a confirmé dans la matinée que la tentative avait été « mise en échec » et que la situation était « totalement sous contrôle ». Le président Patrice Talon aurait été immédiatement mis en sécurité dans un lieu tenu secret.

Entre 12 et 13 militaires interpellés

Les versions diffèrent encore sur le nombre exact d’arrestations, mais plusieurs sources sécuritaires convergent vers une douzaine de militaires arrêtés.

  • Une source militaire citée par l’AFP évoque 12 militaires interpellés.

  • Une autre source, citée par France24, parle de 13 arrestations, précisant qu’il s’agit exclusivement de militaires, dont un ancien soldat déjà radié.

  • Les présumés auteurs du putsch figurent parmi les personnes arrêtées, selon une source sécuritaire.

Les autorités ont annoncé que des investigations approfondies sont en cours pour déterminer s’il existe d’autres complices ou ramifications dans l’armée.

Un contexte politique tendu à l’approche de la présidentielle

Cette tentative de déstabilisation intervient dans un climat politique déjà chargé. Le président Patrice Talon doit théoriquement quitter le pouvoir à l’issue de son second mandat en 2026, conformément à la Constitution. Ces dernières années, son gouvernement a été accusé par l’opposition et plusieurs ONG d’avoir restreint l’espace politique et affaibli les contre-pouvoirs.

Plusieurs opposants de premier plan ont été emprisonnés, contraints à l’exil ou empêchés de participer aux scrutins. Ces tensions ont alimenté un sentiment de crispation dans la société béninoise, qui se considère pourtant comme l’un des bastions démocratiques de l’Afrique de l’Ouest depuis la Conférence nationale de 1990.

Une armée sous pression dans un environnement régional instable

La situation sécuritaire au Bénin, notamment dans le nord, complique davantage la donne. Les forces armées sont régulièrement confrontées à des attaques de groupes armés jihadistes opérant depuis le Burkina Faso et le Niger, une pression qui alimente parfois frustrations et ressentiments internes.

Selon les déclarations attribuées aux putschistes, l’un des motifs revendiqués de cette action serait lié à la gestion des pertes militaires, aux promotions et aux conditions de travail des soldats.
Bien que non confirmée officiellement, cette piste illustre les tensions qui peuvent émerger au sein d’une armée mobilisée sur plusieurs fronts.

Condamnations internationales et soutien aux autorités

La tentative de coup d’État a immédiatement suscité des réactions internationales. La CEDEAO et l’Union africaine ont condamné la tentative, réaffirmant leur soutien au gouvernement béninois et à l’ordre constitutionnel. Les deux organisations régionales ont rappelé leur opposition ferme aux changements anticonstitutionnels de gouvernement, qui se sont multipliés ces dernières années en Afrique de l’Ouest.

Un avertissement pour la démocratie béninoise

Bien que rapidement maîtrisé, cet épisode révèle les fragilités qui persistent dans un pays longtemps salué pour la solidité de ses institutions. Il survient alors que la région connaît une recrudescence de coups d’État militaires, du Sahel au Golfe de Guinée.

Le gouvernement assure que la situation est stabilisée, mais cette tentative ratée rappelle que les tensions politiques, sociales et sécuritaires peuvent converger pour mettre en péril un ordre démocratique pourtant réputé solide.
Le Bénin entre désormais dans une période d’observation, à quelques mois d’une élection présidentielle cruciale pour sa stabilité politique.

Gbassikolo.com

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