Braquage de 21 milliards GNF : ce que révèle l’étrange transaction de la Banque centrale guinéenne

Le récent braquage d’un convoi transportant 21 milliards de francs guinéens en billets fraîchement imprimés continue de faire couler beaucoup d’encre. Selon un communiqué officiel de la Banque Centrale de la République de Guinée (BCRG), la somme appartenait à un ‘‘particulier’’ – un terme pour le moins vague, qui n’a pas tardé à susciter interrogations et spéculations.

D’après plusieurs sources proches du secteur financier, ce ‘‘particulier’’ serait en réalité un orpailleur, fournisseur d’or à l’État. L’argent – exclusivement composé de billets de 20 000 GNF – provenait directement de la BCRG. Cette dernière aurait donc procédé à un paiement en espèces pour l’achat d’or, une pratique qui, selon ces mêmes sources, ne serait pas exceptionnelle mais reste controversée.

Une pratique controversée

La révélation soulève des questions fondamentales sur le rôle et les méthodes de la BCRG. Institution chargée de la régulation monétaire, la Banque centrale est censée superviser les banques commerciales et promouvoir la stabilité financière. Le fait qu’elle procède à des paiements directs en liquide à des opérateurs du secteur informel interroge sur la conformité de ses pratiques avec ses missions officielles.

Certains experts y voient une forme de concurrence déloyale vis-à-vis des banques commerciales, écartées de la chaîne de transaction. D’autres pointent un risque accru de blanchiment, d’évasion fiscale et de criminalité financière.

Une économie fragilisée par l’informel

En alimentant la circulation de fortes sommes en espèces, la Banque centrale contribue au renforcement de l’économie informelle qu’elle devrait, au contraire, chercher à formaliser. Une logique qui, selon les spécialistes, va à l’encontre des objectifs de bancarisation, de traçabilité et de sécurité financière défendus par la plupart des institutions monétaires dans le monde.

Le transport physique de 21 milliards de GNF par un simple particulier dans un contexte marqué par l’insécurité renforce cette inquiétude. Pour ce cadre d’une banque de la place qui a réquis l’anonymat, « Pourquoi ne pas imposer aux fournisseurs d’or l’ouverture de comptes bancaires ? Une telle mesure aurait permis d’éviter le recours au cash et de sécuriser la transaction tout en assurant une meilleure traçabilité », explique-t-il.

Une réponse peu convaincante

Face au tollé, la BCRG a réagi en annonçant avoir transmis aux autorités compétentes les numéros de série des billets volés. Si l’initiative semble louable, son efficacité réelle sur le terrain paraît incertaine : dans une économie dominée par le cash, comment identifier quelques milliers de billets au milieu de millions d’autres, en circulation dans des marchés non régulés ?

Un besoin urgent de clarté

Au-delà de l’événement lui-même, c’est le mode de fonctionnement de la Banque centrale qui est aujourd’hui remis en cause. Le manque de transparence alimente la défiance, et donne l’image d’une gouvernance financière éloignée des principes élémentaires de bonne gestion.

Pour beaucoup d’observateurs, cette affaire doit être un signal d’alarme. Elle met en lumière l’urgence d’une réforme des pratiques internes de la BCRG, notamment en matière de paiement, de traçabilité et de partenariat avec le secteur bancaire.

Des attentes fortes de la part des citoyens

Dans un pays en quête de stabilité institutionnelle et économique, les citoyens sont en droit d’attendre des explications claires sur cette transaction, un audit des pratiques actuelles de la BCRG et des garanties concrètes pour éviter que de tels événements ne se reproduisent. Tout un défi…

À suivre…

Gbassikolo.com avec Guinee7.com