
Depuis hier, je regarde avec enthousiasme les images du nouveau China Mall à Conakry qui envahissent les réseaux sociaux. Des foules se pressent, se bousculent, les rayons se vident en quelques heures. On parle même d’une “révolution commerciale” en Guinée.
C’est impressionnant, certes, mais il est important de comprendre que cette “bonne affaire” cache un réel danger pour notre économie et notre souveraineté.
Ce n’est pas un simple commerce, c’est du dumping : une stratégie commerciale largement utilisée par la Chine pour dominer le commerce international. C’est sa guerre à elle. Là où d’autres puissances utilisent les armes pour s’emparer des ressources des pays, la Chine mène sa guerre économique. Elle n’aime pas la guerre militaire, elle se bat avec l’argent.
Elle vend à très bas prix pour étouffer la concurrence locale, et quand tous les acteurs locaux auront fermé, il ne restera plus que ces grandes enseignes. Alors, les prix remonteront et ce qui semblait être une “bonne affaire” se transformera en dépendance économique durable.
Imaginez un commerçant de Madina confronté aux coûts de transport, de douane et d’impôts, ou un artisan producteur local qui peine à trouver l’accompagnement de l’État et des banques pour faire vivre sa famille.
Ces acteurs ne peuvent pas rivaliser avec une entreprise chinoise financée et soutenue par une politique stratégique de Pékin. Ces entreprises bénéficient de ressources, de subventions et d’une planification à long terme que nous n’avons pas.
Cette stratégie n’est pas propre à la Guinée. La Chine la déploie partout dans le monde : en Afrique, en Asie, en Europe et même aux États-Unis. Mais dans les pays où règnent rigueur, contrôle et transparence, elle peine à s’imposer.
Les autorités y imposent des règles de concurrence strictes, des taxes anti-dumping et protègent leurs producteurs locaux, sauvant ainsi leurs emplois et leur souveraineté économique.
Chez nous, en Guinée, c’est une autre histoire. La corruption, la mauvaise gouvernance, l’inconscience économique et le manque de vision politique ouvrent grand nos portes. Nos dirigeants semblent plus préoccupés par les élections, les rivalités politiques et les promesses populistes que par un projet de développement réel et durable.
Pendant ce temps, les puissances étrangères avancent avec une stratégie claire : dominer nos marchés, façonner nos habitudes de consommation et nous rendre dépendants non seulement de leurs produits, mais aussi de leur distribution sur notre propre territoire, réduisant nos activités à la simple consommation.
Pourtant, certains ont compris. Des pays africains comme le Rwanda, le Kenya ou l’Éthiopie protègent leurs producteurs, imposent des taxes sur certaines importations et soutiennent les jeunes entrepreneurs.
La Guinée pourrait s’en inspirer pour former, financer et accompagner ses jeunes porteurs de projets, encourager l’investissement local et créer ses propres chaînes de distribution et marques nationales capables de rivaliser ici comme ailleurs.
Il ne s’agit pas de refuser les investissements étrangers, mais de les réguler intelligemment pour qu’ils servent notre développement et stimulent notre croissance économique.
Nos jeunes doivent avoir les moyens de créer, d’innover et de concurrencer, pour que nous ne soyons pas de simples consommateurs enrichissant les autres.
L’indépendance économique, c’est aussi cela : soutenir nos entrepreneurs et protéger nos emplois.
Ne nous laissons pas séduire par le mirage des prix bas. Derrière chaque produit “pas cher” se cache un coût invisible : celui de nos entreprises, de nos emplois et de notre souveraineté.
Moustapha Ditinn Barry
Citoyen guinéen
Et dans tous sa il y des gens qui jubilent et qui s’emprennent aux commerçants ( de Madina notamment) pour les traîter de tous les noms d’oiseaux, comme si c’est ces commerçants qui sont responsables de leurs pauvreté et leurs misères.
Comme souvent c’est les mêmes qui sont pris comme bouc-émissaire.
Mr Barry . C’est vrai ce que vous expliquez aux Guineens et leurs dirigeants : L ‘INVASION CHINOISE ! De passage a Paris , je constate le même phénomène qui préoccupe les Gaulois ( pas qu’eux d ‘ailleurs ) . SHEIN ! Maison chinoise , hard discount , qui fait le même tabac que ce China Mall a Cky . Les Gdd noms , BHV et autres , sont vent debout et prêts a défendre leur marché . En avons nous , nous Guineens , les moyens , même avec toutes les surtaxes imaginables . J’en doute fort , connaissant… Lire la suite
Vous avez certes raison Mr Barry mais comment faire comprendre cela à des populations de 7 à 77 ans qui sortent dans les rues pour chanter Presi-Presi pour des singes cagoules qui kidnappent leurs enfants, ferment leur presse et eliminent tous ceux qui disent Non ? Peut etre nous meritons un peu d’être pris pour des bouricots par nos partenaires étrangers…