C’est un Alpha Conde très menaçant qui s’est prononcé sur les sujets brûlants de l’heure en Guinée ce vendredi 03 octobre. C’était lors de la conférence presse annoncée la veille par le bureau de presse de la présidence de la république et qui était initialement prévue pour faire le compte rendu de sa participation au 69 sommet des Nations-Unies aux Etats-Unis. De révélations, aux menaces, en passant par ses réserves quant aux circonstances qui ont entourées les tueries de Womey, le Chef de l’Etat guinéen parle à cœur ouvert. Nous vous proposons quelques extraits de ce point de presse….
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Les évènements de Womey posent beaucoup d’interrogations…
Il est évident que les évènements de Womey posent beaucoup d’interrogations. Pour le moment nous sommes au niveau des enquêtes, mais nous ne pensons pas du tout que ça soit une affaire d’Ebola. Nous pensons que c’est autre chose. Mais la justice suit son cours’’, a lancé Alpha Condé, qui promet que quelques soit le statut des auteurs de ces crimes, la sanction tombera sur eux.
Quelque soit la personne qui est concernée, quelque soit son niveau, qu’il soit ministre, préfet ou n’importe quoi, il sera effectivement poursuivi et sanctionné. Nous n’accepterons plus que la pagaille continue’’
Désormais quiconque se permettra de tenir des propos pour mettre le feu en Guinée ou diviser les ethnies, sera arrêté
Désormais chaque fois que quelqu’un portera atteinte ou tiendra des discours pour opposer les ethnies aux autres, il sera poursuivi par le Procureur. Qu’il soit ministre ou député, en cas de flagrant délit, votre statut de ministre ou de député, ne vous protègera pas. Nous n’allons plus accepter qu’au moment où toute la nation doit se mobiliser pour faire à cette maladie (Ebola) qui menace à notre existence, que des gens tiennent des discours qui sont contraires à la constitution. Là, c’est valable pour tout le monde. Nous n’avons jamais poursuivi quiconque ici, mais désormais qu’on soit ministre, journaliste ou homme politique, quiconque se permettra de tenir des propos pour mettre le feu en Guinée ou diviser les ethnies, sera arrêté. Que cela soit très clair pour tout le monde.
Cette dure épreuve d’Ebola doit nous servir de leçon
Ebola est venu au mauvais moment pour la Guinée… mais la Guinée est habituée à des dures épreuves. En ‘’58’’ quand nous avons pris l’indépendance, nous avons été soumis à un véritable boycott, mais la Guinée s’en est sorti. Il y a eu d’autres épreuves. Et nous avons toujours fait preuve de solidarité en vers les autres africains. Beaucoup de nos soldats sont morts en allant apporter de l’aide à nos frères. La Guinée pourraient s’attendre donc, aux mêmes attitudes, mais bon ! Cela doit nous servir de leçons. La communauté internationale s’est enfin mobilisée. Mais si cette mobilisation avait eu lieu deux mois plutôt, on ne serait pas là aujourd’hui. Le Conseil de sécurité de l’ONU a voté une résolution pour déclarer Ebola une menace pour la paix et la sécurité mondiale.
Nous avons dépensé 25 millions de dollars en deux heures …
Nous avons eu un entretien très fructueux avec le président de la Banque Mondiale. Il s’est trouvé que nous sommes sur la même longueur d’onde. Il a tellement bien parlé que quelqu’un qui était avec moi m’a dit demandez-lui d’être votre conseiller. J’ai dit ‘’non’’ je lui demande d’être mon conseiller pour la santé (rires). Il a fait des choses exceptionnelles. Pour les premières aides, il a été lui-même présenter le dossier au Conseil. Ce n’était pas dans leurs habitudes. Les 25 millions de dollars, il a demandé à ce que ça soit mis à la disposition de la Guinée dans la semaine. Quand on connait la bureaucratie de la Banque Mondiale, c’est exceptionnel. Et, les 25 millions de dollars, nous les avons dépensé en deux heures. Parce que nous avons estimé que la Guinée doit être maîtresse de ce que nous devons faire. Nous voulons bien collaborer avec les gens, mais c’est la Guinée qui doit déterminer ce qu’elle veut.
La Guinée doit prendre ses responsabilités
Mais comme les grandes puissances se méfient beaucoup de l’Afrique en disant qu’il y a la corruption, nous avons mis en place un système très simple. Nous rencontrons l’Unicef, nous disons tout ce dont on a besoin (…) le président de la banque Mondiale m’a appelé, le président de l’Unicef est venu, j’ai dit voilà ce que la Guinée veut. Mais pour la transparence, une fois qu’on s’est mis d’accord, c’est l’Unicef qui commande et qui présente les factures à la banque mondiale. C’est nous qui décidons de ce que nous voulons. La Guinée doit prendre ses responsabilités.
Le deuxième point, c’est la transparence dans la distribution. Nous avons demandé à l’OMS de travailler avec Dr Sakoba Keita (coordonateur national de riposte contre Ebola). L’OMS suit de très près. Il y a souvent des inconséquences. Parce que souvent on dit que la moto ou le véhicule n’a pas de carburant. Le coordinateur national a un coordinateur préfectoral, qui a tous les pouvoirs. Lui, il est obligé de vérifier tous les matins, que les motos et les véhicules ont le plein. Parce que le plus important est le suivi des contacts. Mais comment voulez-vous faire le suivi si les gens ne peuvent pas se déplacer ? Nous avons donné des numéros flottes pour qu’ils puissent communiquer à tout moment.
On doit profiter d’Ebola
L’autre chose c’est le renforcement de nos capacités hospitalières. Ebola est certes une grande malchance pour nous, mais si nous nous mobilisons, nous nous donnons la main, nous sommes capables de transformer cela en bonheur pour notre pays. Nous voulons renforcer notre système de santé de telle sorte que désormais, nous soyons capables de faire face à n’importe quelle épidémie.
Pourquoi Ebola s’est développé ? D’où vient Ebola ? Pour le moment, on ne sait pas. Mais on est en train de chercher le patient Zéro. Donc, avec Ebola, on doit en profiter pour renforcer deux choses : notre système sanitaire et notre système de l’éducation. Ebola a eu beaucoup de conséquences sur notre économie. Maintenant, il s’agit d’avoir une aide budgétaire à la hauteur du manque à gagner.
(…)
Il faut la sensibilisation…
Pour guérir d’Ebola il faut la sensibilisation. Même si on a 10.000 médecins, si on n’a pas une bonne sensibilisation des populations, on ne peut pas en sortir. Il y a des gens malintentionnés qui disent qu’Ebola n’existe pas, ou bien que les blancs viennent pour les tuer. Quand vous dites aux paysans et qu’ils voient des gens habillés comme des cosmonautes venir les soigner, vous créer la panique.
Nous y reviendrons