Débat (initié par RFI) sur l’ère Sékou Touré [Par Moise Sidibé]

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Prier pour le rachat d’une âme en damnant une autre a-t-il une chance d’être exaucé devant la justice divine ? Dénier les crimes, abus et exactions pour justifier une politique peut-il être une rédemption ? Dans quel tribunal peut-on être juge et partie ?

Ces quelques questions méritent d’être mises devant les Guinéens qui s’apprêtent à une confrontation plus ardue que celle du Rwanda après le génocide de 1994, si la France ne daigne pas lever le voile sur la Françafrique, en ouvrant tout le dossier sur la Guinée. La déliquescence de la CEDEAO et ses conséquences, les déballages de Robert Bourgi ont confirmé ce que certains analystes savaient depuis…

Le président Emmanuel Macron a dit qu’il n’est pas de la génération des indépendances. Cela veut dire qu’il n’est mêlé à rien de la Françafrique. Faire table rase n’est pas un problème pour lui. Les peuples d’Afrique attendent impatiemment la déclassification de tous les dossiers les concernant, cas par cas. Jacques Foccart est venu faire à Sékou Touré mea culpa, en 1978, sur les tentatives et les sabotages. Actuellement, des Guinéens pas informés nient et rejettent tout. Et pour que RFI ouvre un débat sur l’ère Sékou Touré, sujet tabou, la déclassification des archives de la Françafrique n’est plus loin. D’un certain avis, c’est l’unique façon de mettre tout le monde d’accord.

Le débat était pauvre et inégal entre Me Tall et le Dr. Ousmane Bangoura. A la rigueur entre Petit Barry et Dr. Ousmane Bangoura pouvait se comprendre.

Sur le discours de Sékou Touré devant le général de Gaulle : Me Tall et le Dr. Ousmane Bangoura ont été aux antipodes. Le premier l’a brocardé tant qu’il a pu, le second l’a brodé à sa façon. Nous, on a entendu dans une causerie entre le lieutenant des douanes Kaba-40 Camara et l’inspecteur de police Boiro Mamadou, que le discours élaboré par le comité de rédaction n’était pas au goût de Sékou Touré. Il en avait ajouté et il a scandé son discours pour marquer, ce qui avait mis Saïfoulaye Diallo dans ses petits souliers. Il n’y avait pas d’images en 1969. Depuis, à chaque occasion, on ne manquait aucune occasion guetter la gêne de Saïfoulaye Diallo.

Face à l’adversité déclarée de la France de de Gaulle, Sékou Touré, pour la protection de son régime, a cherché protection à Moscou et à Washington. Me Tall a exhibé un document adressé à Kennedy, démontrant l’appartenance de Sékou à la CIA. Le Dr. Ousmane n’a pas pipé. Les Guinéens avaient entendu cela, à Conakry. Et si besoin est de le confirmer, Sékou a reçu de Kennedy le cortège présidentiel le plus huppé du monde. Et s’il est mort de sa mort, ce ne sont pas les tentatives qui ont manqué. Le premier complot de Ibrahima Diallo, inspecteur de police, de 1959-1960, nous a été confirmé par son jeune frère, le doyen Pathé Diallo. Le complot dit des enseignants de 1961 n’était pas un complot en vue de renverser le régime. C’était une sorte revendication qui s’est transformée en insurrection des Koumandjan Kéita, Djibril Tamsir Niane, Souleymane Traoré ‘’Réotra’’, Ibrahima Kaba Bah et autres. Les anciens combattants d’Indochine venaient d’arriver, ils étaient logés dans des nouveaux bâtiments du camp Alpha Yaya. A côté, il y avait des bâtiments inachevés qui ont servi à garder une centaine de jeunes gens… On disait que c’était les enseignants et élèves qui se sont révoltés. Quelqu’un a failli se faire tabasser pour avoir donné de l’eau aux détenus. Comme ces bâtiments n’avaient ni fenêtre ni porte, on ne les a plus revus, le lendemain… Par une étrange coïncidence, nous avons fait la 8ème année, à Kindia, avec Baba Traoré, le fils de Réotra ; nous avons collaboré avec Daouda Tamsir Niane et Bouba Kaba Bah dans la presse, les noms en disent long sur les cités plus haut. C’est ça, être un véritable témoin de l’histoire. Baba est décédé, les deux autres fument toujours.

  Sur les 50000 victimes du camp attribué Amnesty international, qui ne l’a jamais dit. Une allégation mensongère de haute voltige de ceux qui voulaient charger le régime de Sékou tant que faire se peut. En 2011, à l’occasion du 40ème anniversaire de la vague d’exécutions de 1971, l’AVCB, l’association des victimes du camp Boiro, avait convié la presse au pied du mont Kakoulima, endroit qui donne de la sueur froide dans le dos sous la canicule, en voyant les instruments de torture et d’exécution, quelques petits charnier gardés intacts et enceints par quelques cordons. Beaucoup s’attendaient à voir des charniers à la dimension de 50000 victimes, que nenni ! L’AVCB avait produit trois listes d’exécution de toute la période de règne de Sékou Touré, du complot Petit Touré en passant par celui du complot Kaman-Fodéba, de l’agression du 22 novembre et suivants. Les trois listes n’ont pu atteindre que 98 noms de victimes, même pas 100. La plupart des héritiers des victimes nous connaissent, ils ont évité soigneusement d’avoir de contact avec le vrai témoin de l’histoire, ce jour-là, comme s’ils étaient dans leur petit soulier. Le chiffre de 50000 victimes, on va vous le dire, il est dans « Histoire de la Révolution française » de Michelet, La Bastille, page 87-88. Qu’on en finisse une fois pour toutes avec ce gros mensonge : La Guinée ne comptait pas plus de 8 millions de têtes. Si on exécutait 50000, ça allait se savoir partout… Toujours en 2011, on a vu l’ambassadeur français, Michet Bérit, en compagnie de l’AVCB au pont du 8 novembre. A l’époque, la France ne rougissait pas de la Françafrique. Les temps ont changé.

_’’Le PDG a honte du nom Camp Boiro’’. C’est vrai que c’est une casserole de l’histoire. Par contre, ce qu’on en dit n’est pas toujours vrai. Les victimes peuvent affabuler tout à leur aise en se basant sur le livre de Portos « La vérité du ministre » ou « Prison d’Afrique » de Jean-Paul Alata, il est difficile de les contrer, mais que le Dr. Ousmane Bangoura dise qu’il n’y avait que des élites, il n’y avait pas que des élites. L’anecdote de ce charbonnier qui avait rêvé qu’une voix l’avait suggéré de se présenter contre Sékou Touré aux élections, et il a gagné son billet à cachet en blanc pour le camp Boiro. Il y avait des aventuriers : Diallo ‘’Barça’’ a été appréhendé à la frontière du Sénégal. Au camp Boiro, il a dormi à point fermé. Le capitaine Siaka Touré a ordonné de le libérer sur le champ, parce que pour dormir ainsi au camp Boiro, il ne fallait rien se reprocher. On a eu à parler avec Nènè Kassé, une hôtesse de l’air qui a été enfermée en grossesse jusqu’à l’accouchement au camp Boiro. Son fils Danny vit actuellement avec elle dans sa concession, à Dixinn. Danny nous avait proposé d’écrire cette histoire, mais un pépin de santé s’est interposé. Maintenant que ça commence à mieux aller, on va y songer. Cette Nènè Kassé n’avait d’élite que sa beauté d’hôtesse. Elle a dû rejeter les avances de quelqu’un de très puissant du BPN du PDG pour un autre. L’histoire de Nènè Kassé donne une idée sur certaines raisons d’être au camp Boiro, comme à la Bastille.

Quand on a arrêté Petit Barry, Emile Cissé et Fatou Aribot, gouverneur de Boffa, beaucoup ont compris qu’il y a règlement de compote. Cette dame Fatou Aribot a conduit la troupe fédérale de Boffa à la quinzaine artistique de Kindia, en 1969, qui a chanté Mounafangni. La Troupe de Boffa a logé à l’hôtel du Mont Gangan, votre inévitable témoin de l’histoire y était : « Qu’est-ce qui a éclaté dans notre entente ? C’est la trahison de l’ambition qui est entrée ». Ceux qui étaient indexés s’en sont sentis morveux.

 

 

Ensuite, on a parlé de la révolte des femmes du 27 août 1977. Me Tall prétend qu’il a été arrêté à l’occasion. Qu’avait-il fait, au fait, pour être arrêté, et quel âge avait-il ? Nous savons que le mécanicien et garagiste Sankoumba Diaby, le propriétaire de la flotte des bus Carpenter, avait mis ses bus à la disposition des manifestants pour aller protester chez Sékou Touré, et qui a été arrêté en compagnie de Sény-la-presse, qui encourageait les manifestants contre la police économique. A part quelques personnes liées de près ou de loin à cette affaire, les choses n’étaient pas allées loin.

« Pour la Révolution ! » avait clamé Sékou, pour l’attention : « Nooon ! Ce n’est pas notre convention ! » Sékou a changé immédiatement : « A bas la police économique ! ». C’est la suppression de la Police économique qui a calmé les femmes.

De là à faire des affabulations se mettre en évidence…tout le monde n’est pas mort encore. Les femmes de Wambélé de Madina se souviennent encore d’une femme surnommée « M’Mah Gnagassi »…

 De là à peindre Sékou Touré en noir est abusif. On a connu tellement de personnes qui ont eu des personnes dans cette affaire, on a eu aussi le vieux Sidibé impliqué à tort dans l’affaire SOCOTAL et exposé à demi-nu du matin au soir à l’esplanade du Palais du Peuple, on a été personnellement été enfermé trois fois dans les différents commissariats de Conakry (Police urbaine, commissariat de la Camayenne, qui deviendra SMIS, et au commissariat du 11ème arrondissement). Et pour la dernière fois dans les Services Spéciaux de Tiégboro, pour avoir dit à Dadis de ne pas forcer la situation…

 Sékou Touré n’était pas impliqué dans tout ce qu’on lui reproche. Il y avait du zèle et des zélés dans les instances inférieures.

Si tous ceux qui clament à l’innocence des leurs expliquaient un bout du motif de leur inculpation, on pourrait avoir une idée sur leur innocence ou leur culpabilité. Mais dans cette dénégation systématique de part et d’autre, il serait difficile de séparer la bonne graine de l’ivraie. Mme Loffo Camara avait son domaine de plus d’un hectare planté uniquement de manioc amer haut contigu à la cité douane. Les voisins racontaient ses activités dans la nuit du 22 novembre. Des camarades d’école ont vu des personnes bien connues avec des brassards verts. Dès le passage de la fusée éclairante au-dessus de la cité douane, les coups de feu ont crépité immédiatement en provenance de chez Ellou, un Libanais qui était à l’extrême bord du rocher de Limbanta, juste derrière la cité douane. Des rafales de mitraillette ont empêché les jeunes de la Cité de voir ce qui se passait dehors. Des bateaux étaient visibles jusqu’à 10 heures, il y a des personnes qui nient l’agression.

Quant au nom de l’aéroport donné à Ahmed Sékou Touré, ce n’est que justice. N’est-ce pas le père de l’indépendance guinéenne ? C’est rendre à César ce qui est à César. Me Tall aurait voulu qui pour porter ce nom, pour ne plus « détourner les yeux en passant par-là ? » Comment va-t-il prendre désormais l’avion ? Le monde entier doit se faire du souci pour lui ? Le ridicule ne tue pas, quand on a la prétention de se prendre pour le nombril du monde.

Et mine de rien, ce 22 novembre 2024 est passé inaperçu. Certains évènements de ce jour et du lendemain et des jours suivants défilent encore, et à chaque 22 novembre, on cherche vainement à se remémorer le film qui a passé ce jour au cinéma « le 8 Novembre », c’était un samedi…

Moïse Sidibé 

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AOT DIALLO
AOT DIALLO
23 novembre 2024 20:57

C’est dommage qu’il n’y ait pas d’age de retraite obligeatoire pour les journalistes. Moise Sidibe, c’est comme le vin en vrac – il reste pourri du debut jusqu’a la fin des temps…

Et il parle de lui-meme en disant « on » au lieu de « je ». Il se prend pour sekou toure maintenant 🙂