Excellence Monsieur le Ministre de l’Administration du Territoire et de la Décentralisation (MATD), Elhadj Ibrahima Kalil Condé,
Guinéennes et Guinéens,
Chers amis et partenaires de la Guinée,
Mesdames et Messieurs,
Depuis l’avènement du CNRD au pouvoir, le Ministère de l’Administration du Territoire, tutelle des partis politiques, s’est lancé dans un vaste projet de modernisation de ses infrastructures et de son mode de gestion des dossiers en numérisant son système. Nous avons vivement salué cette initiative.
Suite à l’annonce qu’une mission d’évaluation globale se rendra dans tout le pays du 17 juin au 30 septembre 2024, le MATD envoie à tous les partis une lettre d’information (N°. 0548/MATD/CAB/DNAPAE/2024) contenant tous les documents à fournir et un formulaire de 8 pages à remplir. Cela nous amenait à imprimer de nouveau toutes les documentations du parti et à renvoyer un dossier complet au Ministère. C’était énorme, mais nous nous sommes pliés à la mesure avec compréhension.
Nous pensions que tout cela avait pour but de créer une base de données des partis politiques, chose que le MATD aurait dû faire depuis longtemps. Et pas pour embêter, embrouiller et nuire à quiconque. Les Guinéens doivent apprendre de l’histoire : les hommes passent, mais la nation perdure. Que cessent dès lors les manœuvres qui exacerbent les tensions politiques et ethniques, créant ainsi un climat de défiance profondément ancré, difficile à déconstruire.
La mission d’inspection passe au siège du BAG le 24 juin 2024 à 10h 30. Nous eûmes la chance et l’honneur que la délégation du MATD soit dirigée par le Directeur adjoint des Affaires politiques en personne, assisté par le chef de section M. Lansana Magassouba.
Tous les documents, que nous avions préparés à l’avance avec le formulaire bien rempli, furent remis un à un, suivant les points du formulaire, aux inspecteurs du Ministère.
Monsieur Magassouba les a ensuite tous enregistrés dans l’ordinateur sur place, à notre siège. Les documents papier furent stockés dans un carton spécial qu’ils emportèrent avec eux pour constituer les dossiers sources du BAG au MATD.
Après des semaines d’évaluation des partis politiques et de suspense, le rapport provisoire a été rendu public le jeudi 18 juillet 2024 en présence des représentants de toutes les formations politiques. La salle était prise de surprise, de confusion et de colère. La quasi-totalité des partis ont été mal évalués, avec des données erronées et sans tenir compte des informations et des documents fournis aux enquêteurs du Ministère.
Tenez ! Notre représentant dans la salle de restitution a posté le message suivant sur le groupe WhatsApp du B.A.G :
« Le MATD ne cessera de nous surprendre. Nous avons enregistré un Parti politique guinéen dont la date de création remonte à 1900 ».
« Il y a de graves problèmes à l’évaluation des partis. Le MATD a voulu moderniser son travail en introduisant des données dans une application qui doit procéder à la notation des partis. Tout est mélangé et tout le monde est embrouillé. Ils veulent utiliser des applications qu’ils ne maitrisent pas, qu’ils ne comprennent d’ailleurs pas. »
Il aura fallu le talent pédagogique de la Directrice des affaires politiques pour calmer les esprits et rassurer les gens en leur faisant comprendre que les failles venaient de l’application informatique qui devait lire les documents et transcrire les données dans la plateforme. Le Ministère promit de recevoir toutes les revendications et de corriger les fausses données pour tous les partis concernés, qui doivent passer au MATD à cet effet.
Chaque parti politique recevra une attestation dans laquelle sont listés les documents qu’il doit fournir ou renouveler pour se mettre à jour. A cette date et dans l’attestation, le Comité exécutif du BAG est reconnu VALIDÉ et le document de comptabilité enregistré. Notre agrément délivré par le régime de transition lui-même pour mettre en application des Arrêts de justice, de la Cour de justice de la CEDEAO pour le BAG et de la Cour Suprême guinéenne pour le parti MODEL d’Aliou Bah, conformément à l’engagement du CNRD et son président, le colonel Mamadi Doumbouya, Président de la Transition guinéenne, de faire de la justice la boussole de la transition. Nous devions juste fournir quelques documents relatifs à l’existence d’un siège officiel et d’un compte bancaire pour le parti.
Notre délégué poste au groupe WhatsApp du BAG :
« Fin de l’atelier de restitution des travaux d’évaluation des Partis politiques à l’hôtel Riviera de Kaloum. Il y a plus de peur que de mal. Le BAG n’a pas une très bonne note mais nous ne sommes menacés ni de dissolution ni de suspension. Nous avons été victimes, comme presque tout le monde, des mauvaises entrées des données dans la machine. Par exemple, il apparait que nous n’avons ni liste des membres fondateurs ni compte financier.
Chacun ici a pu accéder à ces données sur notre plate forme pour que les représentations de l’intérieur puissent les télécharger. La délégation du MATD avec le Directeur en personne en tête a reçu les documents au complet lors de leur passage au siège. Donc les problèmes sont au niveau du MATD qui a des problèmes techniques. Ils nous ont clairement assurés dans la salle même que le B.A.G n’est pas concerné par les problèmes en principe et que les insuffisances seront corrigées avec le MATD dans les jours et semaines à venir.»
Nous avions des problèmes mineurs qui ne sont pas difficiles à corriger : manque de certaines signatures sur des PV de réunions, réintroduction des listes de membres fondateurs et de ceux du bureau de direction du parti, etc.
Le 22 juillet 2024, une dame du MATD a appelé notre secrétaire administratif pour nous inviter à nous présenter le lendemain, le 23 juillet à 13 h, avec nos réclamations concernant les travaux de correction.
Monsieur Dieng, qui s’y était rendu avec tous les documents sources, fut choqué de constater que les données du BAG ne sont pas enregistrées dans le système. Il m’a appelé pour m’en faire part et me demander mon avis. Nous nous sommes entendus d’exiger qu’on les enregistre devant lui avant de quitter. Ce qui fut fait ce jour. Il me le notifie ce qui suit :
« Nous avons terminé pour aujourd’hui. C’est la correction des PVs (les signatures manquantes) qu’ils nous demandent. Tout le reste a été corrigé, notamment les implantations dans les 6 préfectures qui avaient été omises sur les 27, la liste des membres fondateurs, les informations bancaires etc. Mais, ils ont aussi souligné que nos représentants ne sont pas enregistrés au niveau des préfectures. Qu’ils ne sont pas connus des autorités locales respectives, que nous n’avons pas émis des lettres d’accréditation à leur niveau ».
Je répondis à son texto :
« Quelle Loi exige une accréditation dans les préfectures ? Comprennent-ils le sens de ce mot? Nous n’avons d’obligation de nous enregistrer qu’au Ministère et cela concerne les Membres fondateurs et ceux du Bureau Exécutif. Tout le reste viendra avec le temps. »
Enfin, tout est réglé, nous sommes-nous dit ! Une semaine après, notre délégué Saikou Bah apportera les PVs corrigés qui restaient.
Le 31 juillet 2024 vers 10 h 30, notre délégué, M. Saikou Bah, est reçu au MATD par une certaine Madame Kalabane. Elle lui fait la lecture des dossiers à fournir : la liste des membres fondateurs, le contrat de bail, les PV signés, l’inventaire du patrimoine, les documents relatifs aux congrès ordinaires et extraordinaires du parti, bref tout ce qu’on avait déjà fait au siège, répété dans les locaux du MATD avec Monsieur Dieng il y a juste une semaine. Visiblement, les données de BAG avaient encore disparu du système !
Saikou Bah fit la remarque à Mme Kalabane en la priant de vérifier dans le carton où se trouvait le dossier du BAG et qu’elle y trouverait tous les documents réclamés à nouveau. Elle fut courtoise et vérifia ce qu’on venait de lui dire. Mme Kalabane retrouva effectivement tous les documents papiers qu’elle réclamait dans le carton portant le sigle BAG.
Mme Kalabane et Monsieur Magassouba entrent à nouveau les corrections. La dame conseille alors, concernant les préfectures non prises en compte, que le parti adresse un courrier au MATD pour demander cette correction plus tard. Nous l’avons accepté.
Mais, avant qu’on ne lui imprime l’attestation, il y a eu coupure de courant. Monsieur Magassouba dit à Saikou Bah de rentrer à la maison et revenir chercher l’attestation le lendemain. Ce qu’il fit.
Ainsi, le seul problème non résolu que notre parti BAG avait encore dans cette affaire d’évaluation, c’était le cas des six préfectures non prises en compte, parce que les missionnaires du MATD n’avaient pas rencontré nos représentants sur place, faute de les avoir contactés, alors qu’ils avaient les coordonnées de ces derniers. Quelle ne fut donc pas notre surprise le jour de la publication du résultat final de l’évaluation des partis !
Ce mardi 29 octobre 2024, comme tous les autres, nous du BAG avons assisté, sur invitation du MATD, aux travaux de restitution du rapport final de la mission d’évaluation des partis politiques du 17 juin au 30 septembre 2024. Une fois de plus, le BAG a été noté NON partout, avec un élément nouveau et aggravant : le parti n’a pas d’agrément valide ! Quel disfonctionnement ! Le MADT veut-il se dédire et renier sa signature ? Nous nous réservons le droit de poursuivre les auteurs de cette forfaiture devant les juridictions guinéennes et africaines si le préjudice porté à notre réputation n’est pas réparé rapidement !
J’appelle alors le Directeur adjoint des affaires politiques qui a dirigé la délégation d’inspection au siège du BAG. Il ne comprend pas ! La directrice des affaires politiques non plus ne comprend pas, comment une telle chose a pu arriver alors qu’eux-mêmes connaissent bien le dossier du BAG !
Le BAG fait-il aussi peur ? Ou bien y a-t-il une main invisible et malveillante qui efface à tout moment les données de notre parti dans la base de données qui servent de paramètres d’évaluation ?
C’est vrai qu’après l’atelier de relecture de l’avant-projet de la Constitution à Kindia les 20 et 21 août 2024, j’avais dénoncé et vivement critiqué l’attitude du Président du CNT qui s’était permis de réunir à la veille et en catimini quelques partis politiques de ses proches à Coléah pour pré constituer des Commissions et partager des responsabilités, décider qui allait parler au nom de la classe politique, à l’insu de la majorité des autres participants qui se virent simplement refuser toute prise de parole au cours de l’atelier. J’ai alors reçu des coups de fils et beaucoup de menaces sur mon avenir politique et mon intégrité physique si je me rendais encore en Guinée. J’ai alors décidé de venir en Guinée et de participer à la conférence de presse du Mouvement social, le 23 septembre 2024.
Je ne cherche à défier personne. Cependant, que ceux qui ont peur du changement sachent que nous sommes résolus à défaire le système qui a tant endeuillé la Guinée, créé et alimenté des divisions ethniques, et qui continue de causer son retard. Rien ne nous fera reculer !
J’ai toujours affirmé que ceux qui agissent de façon à compromettre l’entente et la paix sociale dans le pays ne sont pas forcément au service du CNRD. Tout au contraire !
Nous avons récemment vu l’actuel ministre de l’Administration prendre des mesures disciplinaires contre un préfet zélé qui menaçait les « ennemis » du général président.
Ce n’est donc pas le MATD qui a pu retirer ou évaluer « Invalide » l’Agrément du BAG. D’autant plus que notre Agrément a été signé en janvier 2022 pour le même motif, le même jour et à la même minute, par le même Ministre de l’Administration que celui du parti MODEL. Nous sommes l’Arrêté Nr. 001 et le MODEL, l’Arrêté Nr. 002 du 5 janvier 2022. Les deux agréments furent enregistrés ensemble au Secrétariat général du gouvernement.
Dans la même évaluation, celui du MODEL est confirmé authentique, et celui du BAG, invalide ! Qu’on nous dise, quels critères ont été mis en application ici !
Visiblement, il y a ici un acte criminel à répétition, un sabotage du système destiné à provoquer une frustration générale au sein de toute la classe politique et enfin à provoquer un soulèvement national contre le régime en place ?
À part le MATD, qui d’autre a un accès administratif au système ? Quel est ce cabinet NEXYME CONSULTING qui assure la gestion informatique, la réalisation de la plateforme de cartographie des partis politiques, l’exploitation des résultats et la rédaction des rapports ? Cette entreprise a prouvé à maintes reprises qu’elle était incompétente, non crédible, non professionnelle et qu’elle représentait un danger pour la stabilité et la paix sociale en Guinée.
Si le MATD n’agit pas sciemment pour embêter et nuire aux partis politiques, il est temps qu’il comprenne enfin qu’il y a un ver dans le fruit et qui pourrit ses efforts de l’intérieur pour certainement créer une révolte politique générale en Guinée.
Quant à la décision de notre suspension, nous la trouvons injuste et demandons au MATD de la lever pour que nous aussi, nous puissions continuer notre programme d’implantation comme d’autres le font en ce moment. Dans des conditions normales, ce formulaire contient beaucoup de contraintes qui ne devraient pas encore nous concerner, puisque notre parti est nouveau sur la scène politique. D’autant plus que notre reconnaissance a coïncidé avec l’interdiction provisoire des activités publiques des partis politiques par les autorités de la transition. Comment peut-on s’obstiner à exiger de nous, de fournir des registres et bilans des trois années 2021, 2022 et 2023 sachant que le parti n’existe que depuis 2022 ? Décidément, les ordinateurs empêchent certains cadres guinéens de réfléchir raisonnablement ! Qu’est-ce qui se passe au MATD ? C’est une seule personne qui réfléchit et décide ou bien c’est toute l’équipe qui est aveuglée en même temps ? Pourquoi il n’y a pas eu de contrôle avant la publication de ces résultats finals avec les erreurs, pour la deuxième fois, des résultats provisoires ?
Attention Monsieur Condé et Layemadi ! Souvent, les gens qui poussent à des mesures extrêmes qui génèrent des frustrations générales travaillent à la chute du régime en place.
Il est primordial que chacun prenne la pleine mesure de cette vérité intemporelle : les hommes passent, mais la nation perdure. Que cessent dès lors les manœuvres qui exacerbent les tensions politiques et ethniques, créant ainsi un climat de défiance profondément ancré, difficile à déconstruire.
La Guinée ne pourra retrouver la stabilité et amorcer son développement qu’en renouant avec un dialogue inclusif, en faisant preuve d’un respect intransigeant des principes constitutionnels, des droits de l’autre et d’une volonté sincère de dépasser les divisions ethniques et politiques. Seul un véritable dépassement des intérêts individuels au profit de l’intérêt général peut ouvrir la voie à un avenir prospère pour la Guinée. Le retour à l’ordre constitutionnel n’est pas simplement une question de forme, mais bien de fond : c’est une étape essentielle pour assurer la pérennité de l’État de droit, la justice, la stabilité sociopolitique et le développement harmonieux auquel aspire toute nation. Au-delà des contingences politiques immédiates, il est crucial de rappeler que c’est par l’union et la tolérance que la Guinée pourra se relever, se développer et léguer aux générations futures un pays digne de ses ambitions.
Abdoulaye Sadio BARRY,
Président du parti Bloc pour l’Alternance en Guinée (B.A.G),
E-Mail : sadio.barry@guineepresse.info
Pourquoi la classe politique accepte de se soumettre aux dictât d’une junte illégitime, criminelle, fourbe…? C’est pas à la junte de régler les problèmes d’organisation, constitution, fonctionnement des partis politiques.