Cellou Dalein Diallo est largement revenu sur les avancées du dialogue politique inter guinéen lancé le 22 septembre dernier qui a suscité un enthousiasme au sein des grands partis politique, mais qui, à en juger les réactions négatives de certains petits partis et la société civile, ne sont ni plus, ni moins qu’une « conspiration politique contre la citoyenneté en Guinée ». Et du coup, le Chef de file de l’Opposition n’a pas tardé à mettre en garde ses militants contre ce qu’il qualifie « d’intoxications et d’informations erronées». C’était lors de l’Assemblée génréale hebdomadaire de son parti le samedi 8 octobre…
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« Je sais que beaucoup de militants sont préoccupés de savoir quels ont été les acquis du dialogue. Parce qu’il y a eu beaucoup d’intoxications, d’informations erronées au point qu’aujourd’hui beaucoup de militants s’interrogent pour dire, est-ce que Cellou ne s’est pas fait rouler dans la farine par l’éminent professeur. Je vous dis tout de suite, non! Le dialogue se déroule dans de bonne condition, des progrès importants ont été accomplis.
De la mise en place d’ une Haute Cour de Justice
« Nous avions un certain nombre de revendications dont d’autres remontent du dialogue de 2013. Mais compte tenu de la non-application du consensus qui a été obtenu en 2013, 2014 et 2015, finalement nos revendications n’étaient pas satisfaites. « Nous avions revendiqué pour le peuple de Guinée, qu’il y ait une Haute Cour de Justice. Cela pour que les ministres de la République, le président lui-même, si nécessaire, puissent répondre de leurs actes devant cette Haute Cour de Justice, parce que le président et ses ministres bénéficient du privilège de juridiction et ne peuvent être entendus que par cette juridiction(…). Lors du dialogue, nous nous sommes tous mis d’accord qu’il fallait qu’on mette en place cette Haute Cour de Justice. Et à l’ouverture de la session budgétaire, le représentant du Chef de l’Etat a demandé à l’Assemblée nationale de prendre des dispositions en ce qui concerne sa mise en place.
Du fichier électoral
« Par rapport au processus électoral, nous avions trois (3) revendications essentielles.
La première, c’est le fichier électoral. Vous savez que ce fichier comporte d’énormes anomalies appelées ‘’Anomalies statistiques’’. Dans notre pays, le corps électoral représente 55% de la population totale. Alors que dans la sous-région, la moyenne, c’est 36% de la population qui vote. Nous, nous avons les ratios les plus élevés de la sous-région. Mais ça s’est arrivé en 2015. En 2010, seulement 40% de notre population votait. Et cette augmentation, on s’est comment elle s’est arrivée.
En plus de cette anomalie, vous avez dans notre pays des circonscriptions où le corps électoral est égal à la population totale. C’est-à-dire qu’il n’y a pas d’enfants moins de 18 ans. Ce n’est pas possible. Nous avons demandé à ce que ce fichier soit revu afin qu’il y ait un fichier qui reflète l’état réel du corps électoral, parce qu’il y a eu tripatouille. C’est pourquoi vous avez ces anomalies. Il y a eu des augmentations inexplicables du corps électoral dans certaines circonscriptions. On s’est conviés qu’en ce qui concerne le fichier, un comité paritaire comprenant l’opposition et la mouvance va se retrouver pour rédiger les termes de référence pour le recrutement d’un cabinet international qui va faire l’audit du fichier et formuler des revendications à la Guinée dont la mise en œuvre permettrait d’avoir un vrai fichier qui reflète fidèlement le corps électoral.
Des élections communales et locales, le cas des quartiers et districts
« Ensuite, il y a les élections communales et locales. Je rappelle que la décision du dialogue d’août 2015 invitait la CENI et les autorités à organiser les élections locales et communales. Bien entendu, les positions étaient très éloignées les unes des autres. Pour la mouvance, il ne faut pas faire des élections du quartier, il faut nommer les chefs des quartiers, parce que la plupart, sinon dans tous les pays de la sous-région, il n’y a pas d’élections au niveau des districts et quartiers. D’autant plus, dit-on, les quartiers et districts ne sont pas des collectivités. La collectivité, c’est la commune. Pour l’opposition républicaine, l’engagement avait été pris d’organiser à la fois les élections locales mais aussi les communales. A l’issue des discussions, il a été convenu qu’on va organiser les deux, mais en une seule élection. Pour cela, la CENI va faire en sorte que dans un même quartier il y aura les bureaux de vote pour celui du quartier. Et chaque liste aura un score. Le bureau du quartier sera composé à la proportionnelle comme on a fait pour les délégations spéciales. Et le parti qui arrivera en tête désignera le chef de quartier. Donc ce n’est pas le préfet, pas le maire, ni l’Administration qui va nommer le chef de quartier qui va composer à sa discrétion des bureaux de quartier. C’est la base du résultat du vote qui servira à la fois pour le quartier et la commune. Si nous prenons le cas de Conakry, nous avons des sections. Nous souhaitons a priori que le chef de quartier soit peut-être notre secrétaire général de section. Mais il faut qu’ils mobilisent tous nos militants pour qu’ils votent pour notre liste et non pour une autre liste. Parce que notre capacité à designer en ce moment le chef de quartier, c’est si nous arrivons en premier dans le quartier. Mais ce n’est pas une autre autorité qui va décider mais les électeurs, les habitants du quartier. Mais si c’est le Rpg qui gagne, ça veut dire que c’est lui qui va nommer le chef du quartier. Donc il faut qu’on se batte, qu’on fasse la sensibilisation pour que nous arrivions en tête pour les élections communales. Donc lorsqu’on dit qu’on n’a pas obtenu les élections du quartier, ce n’est pas vrai.
De la reforme de la CENI
« L’opposition avait demandé l’application de la disposition de l’accord du 20 août [2015] qui stipulait qu’après l’élection présidentielle, l’Assemblée nationale devrait revoir la loi 016 pour mettre en place une nouvelle CENI. Ça aussi, c’est obtenu. A la session des lois d’avril, l’Assemblée nationale doit voter une nouvelle loi pour mettre en place une nouvelle CENI. C’est vrai au départ, l’opposition souhaitait que cette loi soit votée à la session budgétaire, qu’on fasse une dérogation. Parce que sa concession n’est pas de voter les lois. Finalement la concession a été faite par l’opposition étant donné que la décision de voter une nouvelle loi a été confirmée.
Des garanties de l’application des accords
« Dans les décisions, il y a l’essentiel et l’accessoire. C’est vrai que plus le temps passe, plus les risques que les engagements ne soient pas respectés deviennent grands. La question qui revient est que qu’elle est la garantie que l’UFDG a pour que cela soit respecté ? Nous avons deux garanties si on peut le dire ainsi. La première est que le président de la République s’est engagé devant tous les Guinéens. Ça ne signifie pas pour dire que nous avons la garantie à 100%. Jusqu’à présent, il est resté sur la ligne. Qu’est-ce qui va se passer dans quelques mois? Je souhaite vivement qu’il reste dans cette position. Jusqu’à preuve du contraire, on pense qu’il va rester dans cette position pour la Guinée, la paix, la consolidation de la démocratie et le respect des droits humains. Mais l’UFDG doit maintenir sa capacité de mobilisation. On souhaite qu’on n’ait pas besoin d’organiser une autre manifestation. Et qu’on se retrouve autour de la table de négociation en tant que Guinéens pour améliorer la bonne gouvernance. Si c’est le cas, naturellement l’UFDG apportera sa contribution. Sinon elle ne renoncera jamais à la lutte pour l’avènement d’une société plus juste, respectueuse des droits humains. Il ne faut pas faire la désinformation pour vous décourager. Nous avons lutté depuis 2011 en particulier. Ça a été dur. On ne peut pas sacrifier ça.
Des points de désaccords entre mouvance et opposition
« Il reste deux points dans le cadre du dialogue politique. D’abord, il y a les enquêtes à mener pour identifier les auteurs et commanditaires des crimes commis lors de nos manifestations et l’indemnisation des victimes. Ceux qui ont perdu leur vie, on ne peut pas les oublier. Il faut que l’Etat qui est responsable de la sécurité des citoyens, comme c’est lui qui a été à l’origine de cette insécurité dont ont été victimes ces citoyens guinéens, dans le cadre de la politique d’apaisement, fasse un effort. Il y a des citoyens dont des magasins, boutiques, domiciles avaient été vandalisés. En 2013, en particulier, il y en a eu beaucoup. Il faut qu’ils soient indemnisés. Soyez sûrs qu’on va continuer. La décision a été prise depuis 2013, mais elle n’a pas été appliquée. Le point sur la libération des prisonniers a été déjà accepté. »
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