L’alternance démocratique ne verra donc pas son épilogue en Guinée en 2020. Le doute n’est plus permis sur l’intention on ne peut plus clair de Goby Condé, le chauffard du teuf-teuf à trois roues et demi, de trôner au palais Gokhi Fokhè aussi longtemps que Mathusalem. Il l’a dit sans ambages dans son interview du 19 avril dernier qu’il a accordée au groupe Futur Média de Dakar dans son palais Gokhi Fokhè :
« Il n’appartient à personne de nier au peuple de Guinée le droit de faire une Constitution ou d’adopter une Constitution qu’il veut. Mais s’il y a une nouvelle Constitution, il n’y a pas de troisième mandat. S’il y a modification de la Constitution, il y a troisième mandat, mais s’il y a une nouvelle Constitution, il n’y a pas de troisième mandat ou pas. Juridiquement, s’il y a une nouvelle Constitution (…) » Diantre ! le diable est dans les détails.
Et dans son argumentaire anguleux, Goby embraye sur une comparaison déraisonnable :
« La France est à la cinquième république. Est-ce que quand on est passé de la quatrième à la cinquième république, il y a eu le problème de mandat ? C’est une nouvelle république, c’est tout. » Caramba !
Ni Barka Ba (TFM) ni Alioune Badara Fall (directeur de publication de L’Observateur) ni Serigne Diagne (directeur de publication du site de Dakaractu), tous du groupe Futur Média de Dakar, n’ont usé de la repartie pour remettre les choses en place. Fichtre ! ils laissent passer la connerie politique en opinant de la tête.
Remettons alors les pendules à l’heure. La quatrième république est instituée en France aux lendemains de la libération du pays de l’occupation allemande, dans la période allant du 27 octobre 1946 au 4 octobre 1958. Et pendant cette période où il avait été question en France de forger de nouvelles institutions, Charles De Gaule, qui était à la tête du Conseil, avait eu les pleins pouvoirs constitutionnels le 1er juin 1958. Après le référendum du 28 septembre 1958, la cinquième république avait été effectivement approuvée en France avec De Gaule à la tête de la magistrature suprême.
Le 28 avril 1969, le général Charles De Gaule, alors âgé de 78 ans, démissionnait aux environs de minuit :
« Je cesse d’exercer mes fonctions de président de la République. Cette décision prend effet aujourd’hui, à midi. »
Sa démission était consécutive au référendum sur « le projet de loi relatif à la création de régions et à la rénovation du Sénat le 27 avril 1969 ». Il avait pris cet engagement devant les Français :
« Si je suis désavoué par la majorité d’entre vous, ma tâche actuelle de chef de l’Etat deviendra évidemment impossible et je cesserai aussitôt d’exercer mes fonctions. »
Et les Français avaient voté massivement « non » sachant d’ailleurs qu’un an avant ce référendum ça criait déjà dans les rues : « Dix ans, ça suffit ! »
L’on voit bien que les situations ne sont pas du tout semblables. Pas du tout. A ce l’on sache la Guinée ne sortait pas d’une occupation étrangère aux lendemains du 24 octobre 2010.
Goby Condé cherche toujours à embéguiner les élèves et étudiants guinéens à qui le système éducatif actuel inculque des savoirs de quatre sous. Goby, en bon nihiliste, veut affrioler tout le monde, à tout prix, dans son affaire de troisième mandat. Mais son argumentaire boiteux ne tient pas la route. Qu’est-ce que ça signifie :
« S’il y a une nouvelle Constitution, il n’y a pas de troisième mandat. S’il y a modification de la Constitution, il y a troisième mandat, mais s’il y a une nouvelle Constitution, il n’y a pas de troisième mandat ou pas. Juridiquement, s’il y a une nouvelle Constitution (…) » ?
C’est du carambouillage, de l’escroquerie intellectuelle ça ! On fait tourner en bourrique les Guinéens dans une affaire qui les dessert totalement. Les professionnels du droit guinéens s’accordent à dire que l’actuelle Constitution du pays qui du reste a permis le parachutage de Gobykhamé à la magistrature suprême, est bonne. Par conséquent ils sont unanimes à condamner à ce jour toute modification de la Constitution ou toute idée anguleuse visant à fabriquer une Constitution frelatée dont le seul but est de permettre la prolongation du règne de Goby Condé dans le pays. Il n’y a rien à émonder dedans à l’heure actuelle. La critique n’est pas ad personam. Depuis octobre 1958, la Guinée va à vau-l’eau. Et c’est tout le temps une bande de brigandeaux qui s’en mettent plein les poches, et qui se tapent la cloche dans les banquets pendant que les populaces triment d’arrache-pied pour trouver leur croûte.
Cela dure quatre mois maintenant que l’eau ne coule pas dans les robinets dans certains quartiers de Cona-cris ( Matoto, Cosa, Anta, Tombolia etc ). Cela dure des mois qu’il n’y a pas d’électricité dans ces quartiers mal famés de la capitale. Idem à l’intérieur du bled. Il faut voir dans quel état de délabrement et de paupérisation se trouve actuellement la Guinée.
Regardez toutes ces saletés dans le pays ! Regardez toutes ces misères, tous ces dénuements ! Regardez toutes ces merdes de merdes ! Regardez tous ces désœuvrés qui alimentent de ragots les cafés du commerce pour tuer le temps ! Regardez le taux de suicides des jeunes chômeurs, des désœuvrés, de tous ces pères de familles qui se pendent parce qu’ils n’arrivent pas à nourrir leurs enfants !
Regardez tous ces étudiants et élèves qu’on couillonne dans les amphithéâtres, dans les écoles à descendre dans la rue pour réclamer un pouvoir intemporel pour Goby Condé ! Regardez toutes ces pauvres femmes qu’on abuse, qu’on manipule et qu’on pousse à se mobiliser pour les beaux yeux de Gobykhamé ! Regardez toutes ces jeunes filles qui se dévergondent et racolent pour se nourrir et nourrir leur famille ! Regardez l’explosion de l’insécurité dans le pays ! Regardez dans quel état se trouvent toutes ces routes accidentogènes qui endeuillent chaque jour que Dieu fait des familles guinéennes !
C’est dans cette situation délétère de la Guinée actuelle que Goby Condé après huit ans de règne prétend avoir la panacée pour faire de la Guinée un eldorado dans les prochaines années. Et il convoque le ban et l’arrière-ban pour faire avaler ça aux Guinéens. Et là il fraie avec des aigrefins, des opportunistes hors pair, des ostrogoths intrinsèquement prosaïques qui ont du mal à donner du relief à son affaire.
Le 06 mars 2019, c’est Alhousseyni Makanera Kaké, un ancien ministre de la communication (s’il vous plaît !) qui s’épanche comme un badaud :
« Je ne suis pas surpris qu’on me traite d’espion ou d’opportuniste. Les gens qui sont traitres et qui sont prêts à trahir à tout moment, même si tu tues ta mère pour eux, ils trouveront toujours quelque chose à dire. Aujourd’hui, on me traite d’opportuniste. Oui, je suis un opportuniste. Je ne suis pas dans un parti politique pour souffrir. Il faut être maudit pour que cela arrive. »
Makanera a un esprit de lucre. Un traître qui serait prêt à trucider sa propre mère pourvu qu’on lui reconnaisse cette hardiesse politique ! Ce type de traitre prêt à tuer père et mère pour la politique rappelle un personnage romanesque mais je ne sais plus exactement c’est dans quel livre…
Baïdy Aribot, deuxième vice-gouverneur de la banque centrale de la république de Guinée, se montre quant à lui plus cauteleux. Pour égayer les oreilles de Goby Condé, Baïdy Aribot embouche la cornemuse le 12 mars 2019 à Cona-cris et joue ces notes de musiques frelatées : « Il est l’Alpha et l’Omega de la politique guinéenne. Il est et sera le père de la Guinée émergente. » Foin ! Il est plutôt le « père » de Baïdy émergent.
Mody Mouchard Diallo, ministre de la Jeunesse et de l’emploi Jeunes, est un finaud. Dans ses safaris dans le Fouta Djalon, il en met plein la vue à Goby Condé en mobilisant les populaces à travers des tournois de football.
L’on sait qu’on meurt d’ennui à l’intérieur du pays. Il n’y a pas d’activités récréatives pour la jeunesse. Il n’y a pas d’occupation, pas de travail. On se tourne les pouces. Alors quoi de plus facile que de râteler des désœuvrés, des oisifs, des traîne-savates, des fêtards au stade de Pita ou de Labé aux sons des tubes musicaux de « Mari Faalaa » de Lama Sidibé, « Bantinghel » de Petit Yero ! Ecouter « Fouta No Wely » de Abdoulaye Keïta au stade de Pita avec une bonne sonorisation ça attire forcément les foules et fait sûrement le succès de Mody Mouchard Diallo, promoteur de l’affaire. Et ça suscite gravement la jalousie de Khamané Ousmane, le président de l’UPR. Il prend le mors aux dents parce que Mody Mouchard est en train de lui damer le pion dans la courtisanerie auprès de Gobykhamé. Wallahi ! Khamané n’arrive pas à avaler la pilule. Pour lui c’est un manque de respect manifeste que Mody Mouchard draine ainsi des foules au nom de Gobykhamé au stade de Pita au nez et à la barbe de l’UPR. C’est une avanie pour lui parce qu’il veut être le plus écouté auprès de Goby dans tout ce que celui-ci mijoterait à Pita. Sacristi ! Pita n’est pas une propriété politique et privée. Et puis calme-toi Khamané. Calme-toi, bordel ! Qui ne sait pas que les foules n’ont pas d’âme ? Quand elles prennent d’assaut les gradins et batifolent sur les aires de jeu des stades cela ne signifie pas politiquement qu’elles sont fin prêtes à tuer leur mère pour cautionner l’émondage de la Constitution actuelle ou la fabrication d’une Constitution frelatée à travers un référendum. Néanmoins elles ne rechignent pas à prendre part aux « mamaya » pour noyer momentanément leurs soucis et leurs angoisses existentielles. Du reste même des diasripoux voudront être de la partie.
Afakoudou ! beaucoup de diaspos, de diaspourris piaffent de rentrer au bercail. Seulement ils voudraient avoir la même baraka que cet ancien parigot. Rentrer et être bombardé directeur d’un poste juteux. C’est ça mborré ! On veut bien rentrer en Guinée. Mais pour occuper quel poste ? Ah, oui ! « Il faut être maudit pour que cela arrive » sans rien en échange, non ? Absolument. La course à l’échalote des postes juteux sous le magistère de Goby Condé est instituée. Le coup d’envoi a été donné depuis. Si vous ne sprintez pas à la vitesse de Ben Johnson pour arriver à temps dans les agapes, on vous servira des ragotons.
Entre nous, parlons sérieusement. Quelle mouche a piqué Goby Condé à vouloir passer à coté de la plaque…de l’histoire ! Le bon sens veut qu’il lâche les rênes du pouvoir en 2020. Le jambage du développement à tout point de vue et de la démocratie c’est l’alternance au trône. Et c’est cette tendance qui prévaut partout dans le monde : respecter la Constitution de son pays et permettre l’alternance démocratique au pouvoir. On ne peut pas arrêter le temps. On ne peut pas arrêter les idées. On ne peut plus bloquer l’aspiration des populations africaines à sortir de l’obscurantisme et du sous-développement. Et tant mieux si les Guinéens en ont marre aujourd’hui de marcher sur la tête. Ils aspirent à leur épanouissement, à leur développement. Et c’est légitime. C’est aussi leur droit d’aspirer à de meilleures conditions de vie.
Des esprits malfaisants essayent de faire passer Goby Condé pour ce qu’il n’est pas du tout. Ils ont réussi à l’embobiner, à l’ensorceler au point qu’il s’en fout comme un poisson d’une pomme de toute critique qui désavoue sa monomanie à trôner ad vitam aeternam. Il est tombé dans le panneau de ces perfides « ngnarimakha » ou escrocs qui ne valent pas la corde pour les pendre.
Peut-être qu’ailleurs sur le continent les nouveaux anciens amis de Goby Condé retiendront qu’il a été certainement « fidèle » à ses « idées de jeunesse d’étudiant » pendant son règne à la tête de la Guinée. Mais les Guinéens dans leur majorité retiennent dores et déjà qu’il a été brutal pendant ces huit dernières années. Ce sont des centaines de jeunes citoyens qui ont été lâchement canardés par les forces prétoriennes de son régime. Ah, non ! l’on ne peut pas être d’accord à notre ère que les forces brutales de la police et de la gendarmerie du bled répliquent aux jets de pierres des manifestants dans les rues par des coups de mitraillettes. Goby argue que ses forces prétoriennes cailloutées dans les rues pendant les manifestations ne sauraient croiser les bras. Et subrepticement, il accorde aux policiers et aux gendarmes guinéens le droit et la licence d’abattre des manifestants guinéens qui à ses yeux sont tous affiliés à la « section cailloux » de l’UFDG.
Depuis combien de semaines durent les manifestations des « gilets jaunes » en France ? Quelle violence n’y a-t-il pas eu pendant ces manifestations à l’endroit des commerces et des forces de l’ordre ? Combien de commerces, de voitures et de motos ont été brûlés par les « Black blocs » ? Mais chaque fois les policiers français ont réagi avec professionnalisme et les autorités politiques n’ont cesse de déplorer les pertes en vie humaine et d’apaiser les rancœurs des gilets jaunes.
Un président de la République ne doit pas donner la licence à des tueurs nés de crever la paillasse. Face à une tragédie surtout quand il s’agit de manifestants massacrés par ces tueurs nés qui foisonnent dans la police et la gendarmerie, un président de la République doit être à la hauteur de ses fonctions. Un président de la République doit se retenir de cancaner certaines choses.
Goby Condé se barricade aujourd’hui derrière la « section cailloux » de l’UFDG pour justifier la mise à mort de ces centaines de jeunes pendant les manifestations, pratiquement tous originaires du Fouta Djalon. Il a oublié comment la « section cailloux » du RPG avait agi pour le sortir des locaux de la direction de la police judiciaire de Kaloum en 1991 pendant le règne du général président Lansana Conté. En fait la police judiciaire de Kaloum l’avait convoqué à l’époque pour l’entendre sur le fait qu’il avait tenu un meeting non autorisé. Et tenez-vous bien ! « c’était les militants qui tenaient la porte d’entrée de la Police Judiciaire, ce jour-là » selon Amadou Diallo qui assurait le reportage pour le compte de la radio diffusion guinéenne. Il était accompagné du journaliste Boubacar Bah dit Mao. Amadou Diallo, qui travaille depuis pour la BBC, le raconte dans Guineematin.com :
« La police n’était pas là ! La police était déployée ; mais, à la porte d’entrée c’étaient les militants du RPG qui étaient là, ils nous dévisagent, vous connaissez les considérations irrationnelles de certains (…) et ils nous laissent passer. Le Pr Alpha Condé était à l’intérieur, face au commissaire qui devait l’interroger. Et, à peine le commissaire ouvre la bouche pour poser la première question, nous entendons des jets de pierres et des tirs de gaz lacrymogènes à l’extérieur de la Police Judiciaire. C’était le cafouillage ! Et, en une fraction de seconde, les militants du RPG sont venus extraire le Pr Alpha Condé et ils sont sortis de la salle. Donc, l’interrogatoire n’a pas eu lieu. »
Et ce jour là, le jeune militant du RPG, Mamady Condé, tombait raide mort « au rond-point entre la Police judiciaire, l’immeuble Sony et l’ancien bâtiment qui abritait Air Guinée » sous les balles de la police guinéenne.
Goby Condé a effacé de son disque dur cet épisode politique. Il a aussi oublié que madame Koumbafing Keïta du RPG, la benjamine des députés de l’époque avait été humiliée, torturée au camp militaire Soundjata Keïta de Kankan. La malheureuse avait expiré deux mois, jour pour jour, après sa libération du camp Soundjata. La barbarie et la sauvagerie des militaires et des agents de la police et de la gendarmerie sont manifestes en Guinée. Il faut alors se garder de leur donner le permis de tuer quand des manifestations dégénèrent.
C’est vrai que le pouvoir égare, aveugle et rend solitaire. Surtout si on s’entoure de caïmans, d’individus perfides, d’aigrefins, d’opportunistes qui, pour assouvir leurs propres intérêts, vous étourdissent par le maraboutage, vous ensorcèlent. Mais cet argument ne suffira pas pour justifier vos actes devant l’histoire. Doncou ! il faut changer son fusil d’épaule.
Benn Pepito