
Alors que l’Union des Forces Démocratiques de Guinée (UFDG) s’apprêtait à organiser un congrès extraordinaire le 6 juillet 2025, le ministère de l’Administration du territoire et de la Décentralisation (MATD) a ordonné, dans un courrier daté du 27 juin, la suspension immédiate du processus. Une décision motivée, selon les autorités, par plusieurs irrégularités internes et judiciaires.
Le ministère pointe notamment le non-respect des statuts du parti, la nécessité d’exécuter une décision de justice ordonnant la réintégration d’Ousmane Gaoual Diallo, ainsi que l’absence de dialogue inclusif avec toutes les tendances, notamment le Mouvement des Réformateurs de l’UFDG (MR-UFDG). Il appelle à la mise en place d’une commission paritaire pour désamorcer la crise.
Mais sur le plan juridique, la décision du MATD soulève de nombreuses interrogations. Contacté par Guinée360, le juriste Kalil Camara estime que le ministère confond deux procédures distinctes. Selon lui, la décision judiciaire en faveur de Gaoual Diallo a bien été rendue, mais elle fait l’objet d’un appel sans exécution provisoire. « L’effet suspensif de cet appel bloque la réintégration, mais pas la tenue du congrès », précise-t-il.
Cependant, l’analyste juridique nuance : un jugement antérieur « avant dire droit » a suspendu l’ensemble des activités du parti, y compris l’organisation du congrès. « Tant que cette décision n’est pas réformée par la Cour d’appel, l’UFDG ne peut avancer », tranche-t-il.
Kalil Camara évoque les articles 606 et suivants du Code de procédure civile, économique et administrative (CPCEA), selon lesquels l’appel contre un jugement avant dire droit doit accompagner l’appel au fond. Autrement dit, le parti doit contester simultanément la décision ordonnant la réintégration de Gaoual Diallo et celle gelant les activités du parti pour espérer débloquer la situation.
Dans ce contexte complexe, quelles options s’offrent à l’UFDG ? Sur le plan juridique, le parti peut refuser de réintégrer Gaoual Diallo tant que l’appel est pendant, mais il ne peut pas organiser son congrès. Deux voies s’ouvrent à lui : accélérer les recours judiciaires pour faire lever la suspension, ou engager un dialogue politique avec le MATD pour tenter de trouver un terrain d’entente.
En attendant, l’UFDG se retrouve dans une impasse, prise entre une injonction administrative, un blocage judiciaire et une pression croissante pour recomposer son unité interne.
Nous y reviendrons!
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