Le chef de l'opposition guinéenne Cellou Dalein Diallo, qui a décliné une rencontre avec le président Alpha Condé prévue vendredi matin, se dit prêt à le rencontrer la semaine prochaine, "à une date à sa convenance".
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Le porte-parole du gouvernement guinéen, le ministre Albert Damantang Camara, a de son côté regretté le refus de M. Diallo d'honorer vendredi l'invitation du président Condé, qui avait suscité l'espoir d'une décrispation politique après plus d'un mois de bras de fer autour du calendrier électoral, avec des manifestations marquées par plusieurs morts et des dizaines de blessés.
"Ce refus de répondre à l'invitation du chef de l'Etat semble démontrer que l'opposition s'est résolument engagée dans la politique du pire", a estimé M. Camara joint par téléphone par l'AFP.
Jeudi soir, à l'issue d'une journée de manifestations à Conakry marquée par des violences ayant fait un mort et au moins dix blessés selon l'opposition, Cellou Dalein Diallo a annoncé qu'il ne se rendra pas au Palais présidentiel le lendemain, sans exclure une rencontre ultérieure. "Je voulais aller rencontrer le président dans un climat apaisé et serein pour aborder toutes les questions qui constituent aujourd'hui des sources de divergence ou de conflits entre l'opposition et le pouvoir. Donc, j'ai estimé qu'il n'était pas productif, pas décent d'aller le lendemain (des violences, NDLR) rencontrer le président. C'est pourquoi j'ai demandé un report", a expliqué vendredi M. Diallo. "Je pense qu'au début de la semaine prochaine, je serai disposé à rencontrer le président à une date à sa convenance", a-t-il affirmé.
En dépit de l'invitation de M. Diallo à la présidence, l'opposition a maintenu ses appels à manifester jeudi à Conakry, ainsi que le 11 mai à l'échelle nationale, pour réclamer l'annulation du calendrier électoral prévoyant un scrutin présidentiel en octobre et des élections locales en 2016.
Trouver "une solution négociée".
Le chef de l'opposition a invoqué les violences de jeudi, alors que la rencontre de vendredi "a été initiée (…) pour en finir avec ces drames en répétition. (…) Il y a donc quelque chose d'incohérent dans la position adoptée", a jugé le porte-parole du gouvernement. "La première marque de bonne foi de l'opposition aurait été de suspendre la marche prévue la veille de l'invitation faite à son chef de file. (…) La preuve manifeste de sa volonté d'apaiser la situation aurait été faite", a-t-il estimé.
A Dakar, le représentant spécial du secrétaire général de l'ONU pour l'Afrique de l'Ouest, Mohammed Ibn Chambas, a indiqué que Cellou Dalein Diallo avait confirmé à l'ONU avoir "demandé un report" de sa rencontre avec le président Condé.
"Nous espérons que la semaine prochaine, cette audience pourra se tenir", et permettra d'ouvrir la voie à la mise en place d'un "cadre permanent de dialogue avec l'opposition", a dit M. Ibn Chambas lors d'une conférence de presse à l'issue d'une réunion des chefs des missions et bureaux de l'ONU en Afrique de l'Ouest.
Dans une déclaration diffusée par les médias locaux, le chef de la délégation de l'Union européenne (UE) à Conakry, Gerardus Gielen, a appelé les différentes parties au dialogue. "Nous avons demandé aux deux côtés, mouvance (au pouvoir) et opposition, de faire en sorte qu'ils se mettent autour de la table et trouvent une solution négociée pour aboutir à des élections transparentes et surtout paisibles cette année", a-t-il dit.
Le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l'Homme (OHCHR) s'est dit "très préoccupé par les manifestations et heurts" en Guinée depuis le 13 avril, faisant état d'un bilan d'"au moins six morts et une trentaine de blessés", selon une déclaration à Genève d'une de ses porte-parole, Cécile Pouilly. "Nous appelons toutes les parties en présence à faire preuve de retenue, tout particulièrement lors de la manifestation prévue le 11 mai prochain, et continuerons à suivre la situation de près", a affirmé Mme Pouilly.
AFP