Conakry, 8 novembre 2025 — La Cour suprême de Guinée a rendu publique, samedi, la liste provisoire des neuf candidats autorisés à se présenter à l’élection présidentielle du 28 décembre 2025. Sur le papier, l’annonce marque une avancée dans le processus de transition. Dans les faits, elle soulève de sérieuses interrogations sur la crédibilité du scrutin et la neutralité des institutions censées en garantir la transparence.
Un pluralisme de façade ?
La haute juridiction a validé les candidatures de neuf personnalités, dont celles de Mamadi Doumbouya, actuel chef de la transition, et de plusieurs figures de l’opposition comme Makalé Camara ou Faya Lansana Millimouno.
La Cour suprême salue une procédure conforme aux exigences légales, promettant transparence et équité. Pourtant, nombre d’observateurs voient dans cette liste une ouverture de façade, destinée à donner l’apparence d’un pluralisme démocratique dans un processus largement piloté par le pouvoir en place.
La présence du colonel Doumbouya sur la liste concentre l’attention et la critique. En acceptant la candidature de celui qui détient toujours les leviers de l’État, la Cour a franchi une ligne politique et morale que d’aucuns jugent incompatible avec l’esprit de la transition.
La promesse initiale — « refonder l’État et remettre le pouvoir au peuple » — risque de se transformer en un scénario bien connu en Afrique de l’Ouest : celui du putschiste devenu candidat, puis président élu.
La Cour suprême sous pression
Officiellement, la Cour suprême agit dans le respect du droit, en l’absence d’une Cour constitutionnelle opérationnelle depuis la dissolution de celle-ci en 2021. Mais sa décision, aussi solennelle soit-elle, ne dissipe pas les doutes sur son indépendance réelle.
Dans un contexte où les institutions restent largement contrôlées par l’exécutif, la validation du dossier Doumbouya ressemble davantage à un acte d’allégeance politique qu’à une application neutre de la loi.
La publication de la décision au Journal officiel et l’ouverture d’une période de recours ne suffisent pas à rassurer l’opinion. La possibilité de contester efficacement une décision de la plus haute juridiction du pays demeure, en pratique, très limitée.
Une transition qui tourne en rond
Trois ans après la chute d’Alpha Condé, la Guinée semble enfermée dans une transition sans fin. Les promesses de refondation, de justice et de retour rapide à l’ordre constitutionnel se sont heurtées à la tentation du pouvoir.
Les réformes institutionnelles sont restées inachevées, la société civile affaiblie, et les opposants politiques peinent à se faire entendre dans un espace public sous surveillance.
L’élection du 28 décembre devait marquer la renaissance démocratique du pays ; elle risque désormais d’en devenir la répétition d’un cycle de captation du pouvoir, sous de nouveaux habits.
Un scrutin décisif pour la crédibilité du pays
À moins de deux mois du scrutin, la Guinée joue plus qu’une simple alternance politique : elle joue sa crédibilité internationale.
La Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et l’Union africaine observeront de près la tenue du vote. Mais leur marge d’action reste limitée face à un pouvoir militaire bien installé et habile dans la gestion des symboles.
L’histoire récente de la région — du Mali au Niger, en passant par le Burkina Faso — montre que le retour à la démocratie proclamé par les juntes n’est souvent qu’une reconversion du pouvoir militaire en autorité électorale.
La Guinée, jadis porteuse d’un espoir de refondation institutionnelle, se trouve aujourd’hui face à un choix : un véritable retour à la souveraineté populaire ou une transition verrouillée jusqu’à nouvel ordre.
À suivre…
Gbassikolo.com

Un calcul politico-ethnique, voyant que c’était flagrant du fait que tous les candidats étaient de la haute Guinée (DOUMBOUYA, KABA, KOUYATÉ, KOUROUMA…),ils ont sorti un autre micmac pour soi-disant recaler les deux figurants KABA, KOUYATÉ.
Les Guinéens (les autres régions) voient et observent,