Guinée : un référendum « historique » dans un pays en quête de stabilité

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Conakry, 21 septembre 2025 – Les Guinéens se sont prononcés ce dimanche sur une nouvelle Constitution, présentée par les autorités de transition comme le socle d’un retour à l’ordre institutionnel. La directrice générale de la gestion des élections (DGE), Djenabou Touré, a qualifié la journée d’« historique », saluant un scrutin apaisé, « sans violence ni incidents majeurs », fait inédit dans un pays habitué à des scrutins sous tension.

Une rupture avec les crises électorales passées

En 2020, le référendum constitutionnel organisé par le président Alpha Condé avait été suivi de manifestations violemment réprimées, faisant plusieurs dizaines de morts. Depuis deux décennies, chaque rendez-vous électoral a été accompagné de contestations massives, d’accusations de fraude et d’une profonde méfiance entre citoyens et institutions.

Le scrutin du 21 septembre tranche avec cette tradition de crise. Aucun blessé n’a été signalé, et la présence d’observateurs nationaux et internationaux a été facilitée. Pour la DGE, c’est le signe que la Guinée « a montré sa maturité » et sa capacité à « franchir un pas vers l’avenir ».

Des couacs techniques mais un processus jugé maîtrisé

Quelques rumeurs de manque de bulletins de vote ont circulé dans certaines localités, nourrissant la suspicion. Mme Touré a reconnu ces « problèmes logistiques », mais a insisté sur la réactivité de ses équipes, qui auraient permis de stabiliser la situation.

L’implication des organisations de la société civile a également été saluée. Regroupées dans un « village d’observation domestique », elles ont joué un rôle déterminant dans la collecte et la remontée des incidents, contribuant à renforcer la transparence du scrutin.

Les enjeux d’une nouvelle Constitution

Le texte soumis au vote redessine les équilibres institutionnels : limitation et durée des mandats présidentiels, rôle du Parlement, garanties des libertés publiques. Pour ses partisans, il s’agit d’un outil indispensable pour consolider une démocratie fragilisée par des décennies de crises.

Ses détracteurs y voient toutefois un instrument destiné à offrir une légitimité renouvelée au colonel Mamadi Doumbouya, arrivé au pouvoir par un coup d’État en septembre 2021. Certains opposants ont appelé au boycott, dénonçant un processus qui risquerait de prolonger indéfiniment la transition.

Un scrutin observé de près par la région

L’expérience guinéenne est suivie avec attention dans une Afrique de l’Ouest marquée par une série de coups d’État récents. Au Mali, au Burkina Faso et au Niger, les juntes militaires au pouvoir ont promis de nouvelles constitutions et un retour à l’ordre démocratique, mais les calendriers restent incertains et la défiance internationale forte.

En ce sens, la Guinée joue une partie symbolique : si le processus est jugé crédible et accepté par la population, il pourrait servir de modèle partiel ou, à l’inverse, souligner l’isolement de Conakry si la légitimité du texte est contestée.

Une attente décisive

Les résultats officiels devraient être connus dans les prochains jours. Au-delà des chiffres, c’est la réaction des forces politiques et sociales qui dira si ce référendum marque un véritable tournant ou s’il s’ajoute à la longue liste des rendez-vous manqués avec la démocratie en Guinée.

Pour l’heure, la sérénité inhabituelle de ce scrutin alimente l’espoir d’un changement de culture politique dans un pays, et plus largement une région, en quête de stabilité institutionnelle.

Gbassikolo.com

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AOT DIALLO
AOT DIALLO
23 septembre 2025 18:07

Bamce, je ne suis pas de ton avis sur ce coup-ci : il faut vraiment certaines « qualites et plaisirs » a aimer les combats de caniveaux avec la fange la plus miserable de notre pays – TRES PEU POUR MOI…

Je suis malheureux pour mon pays, mais heureux d’observer ce gachis de loin, sans y tremper mes pieds 🙂

On n’a qu’une seule vie (tres courte) alors je veux me regarder dans le mirroir en souriant tous les matins, inch Allah…

BAMCE
BAMCE
23 septembre 2025 04:54

QUESTION: DOUMBOUYA un légionnaire français qui a marié une legionnaire française blanche qui a le statut militaire en France et vous pensez qu’il travail pour son pays ? ?

BAMCE
BAMCE
23 septembre 2025 04:12

C’est le triomphe des faussaires, ils vont continuer à enfoncer le pays dans les ténèbres.
TAG, KOTO AOT, SHAMS DEEN, Moi-même et tous les contributeurs de Gbassikolo, on ne peut s’en prendre qu’à nous-mêmes.
Du fait d’avoir refuser de faire la politique (descendre dans le terrain), c’est des inposteurs, incultes, arrivistes, mythos…qui vont décider à notre place.

AOT DIALLO
AOT DIALLO
22 septembre 2025 20:10

Dommage que Gaoual utilise un pseudo pour publier sur ce forum – mais bon, ca lui ressemble tellement qu’il se ridiculise encore plus…

Shams Deen
Shams Deen
22 septembre 2025 11:48

Qui est l’auteur de cet article ?? Je ne sais quelle région est intéressée à ce référendum ? Lorsqu’on a des pays comme le Sénégal, le Bénin le Nigeria ou encore le Ghana.

Last edited 2 jours plus tôt by Shams Deen
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21 septembre 2025 23:32

Il n’y a rien d’historique a ce referendum. C’est la nouvelle mode dans les dictatures africaines. Avant, on faisait semblant d’organiser des elections ouvertes; maintenant, on ne fait plus semblant, on elimine toute l’opposition avant d’organiser la mascarade electorale. La triste verite, c’est que les pays africains susceptibles de changer l’ont fait petit a petit au cours des decennies (Benin, Senegal, Ghana, etc.). La Guinee, elle, fait partie des irrecuperables, ces pays qui semblent totalement incapables de produire des hommes qui ne soient pas mus par leurs aveugles instincts. C’est extraordinaire de voir un peuple entier marcher sans broncher derriere… Lire la suite