GBK Par la vénalité de « général » Sékouba KONATE, M. Alpha CONDE est coopté à la magistrature suprême de la Guinée en novembre 2010. Au terme de l’accord par lequel il a lui-même été coopté, il aurait dû organiser une élection législative, au plus tard six mois après sa cooptation. Il n’en fît rien.
{jcomments on}Depuis presque trois ans, il multiplie les manigances et subterfuges, pour se dispenser d’une représentation nationale légitime capable de lui demander des comptes, et le cas échéant, exiger son départ afin d’arrêter la décomposition de notre pays qu’il a déjà entamée. Ses désirs et caprices personnels tiennent lieu de règles de droit.
Notre pays est donc délibérémentprivé d’assemblée nationale depuis presque trois ans. Le « président » coopté y règne en maître absolu. Son fils « providentiel » sorti d’on ne sait où, s’active à vendre les permis d’exploitation minière à des sociétés étrangères dont la voracité n’est plus à démontrer. Il complète ses activités prédatrices par un affairisme foncier et immobilier, qu’il a porté un niveau de rapacité jamais égalé en Guinée.
Les décrets et contre-décrets font et défont les vies personnelles, économiques, institutionnelles et politiques. Des fonds spéciaux ici et là, échappant à tout contrôle déposés sur des comptes tout aussi spéciaux, la création d’une armée privée à son service, installée à KINDIA, le recrutement et l’armement de milliers de milices ethniques venues de BEYLA, KEROUANE, KOUROUSSA…chargées de lui assurer la victoire à toutes les élections actuelles et à venir. Bref, un pays abandonné dans les mains d’une oligarchie ethnique dont les principaux acteurs sont parfaitement identifiés.
Dans ce contexte, le pays ne veut plus de pouvoirautocratique. Il l’a démontré lors des multiples et gigantesques protestations, d’ailleurs souvent réprimées dans le sang. Ayant donc épuisé tous les stratagèmes possibles, le président coopté est contraint d’admettre le principe d’une législative. Il n’est plus tout à fait certain de contrôler la future assemblée nationale à hauteur de 80 ou 90%, comme il en avait fixé l’objectif à ses principales notabilités, et comme M. Bakari FOFANA, président de la C.E.N.I. s’est tacitement engagé à le lui assurer.
Alors, se pose la question de savoir si le président coopté, bien qu’ayant pris l’engagement d’organiser une législative propre, est disposé à honorer son engagement.
Car, il n’a pas pour habitude de respecter sa parole, ni sa signature, sauf si son cocontractant est plus puissant, donc capable de le contraindre. Or, nous sommes dans un espace socioculturel où, ce qu’il est convenu d’appeler « l’ETAT », avec ses outils de répression, est « accepté » comme la propriété privée de celui qui est parvenu à se faire coopté « président » de la république, même contre toute vraisemblance électorale. Et c’est le cas avec M. Alpha CONDE et ses clans d’oligarques.
Dans un autre pays, avec une autre personnalité, cette question serait vaine. Il ne serait venu à l’esprit de personne de douter de la volonté du « président » même coopté, d’honorer son engagement. Pourtant, il nous faut bien admettre que la question se pose désormais. Car certains actes, qui viennent d’être pris, présagent le pire à venir, le pire sur le plan électoral.
Premièrement :Aussitôt proclamée la vague déclaration d’intention que l’opposition officielle croit être un accord, le président coopté s’empresse de nommer à la CENI(en principe indépendante), par décret, un haut fonctionnaire, comme secrétaire général. M. Bocar CISSOKO, c’est le nom de l’heureux récipiendaire, n’est pas en cause. Il se peut même qu’il soit un honnête citoyen. Pas de procès d’intention à lui faire.
Cependant, il reste un fonctionnaire, subordonné à celui par qui il a été nommé. Il obéit aux ordres reçus. Le décret qui l’a nommé, peut le révoquer à tout moment. La tentation de plaire au président, à sa famille (sur ce point, M.Alpha CONDE n’en a pas en Guinée), à ses amis, politiques ou non, n’est évidemment pas à écarter. Par ailleurs, la C.E.N.I. n’est pas une administration d’Etat, ni une institution pérenne. C’est un organe provisoire autonome, dont la création a été rendue nécessaire par des situations politiques particulières qu’il s’agit de surmonter, afin de la rendre sans objet dans un futur pas très lointain. D’où l’impératif de la laisser indépendante.
Donc sa neutralité, et son indépendance sont sa colonne vertébrale. Le fait d’y nommer par décret un haut fonctionnaire est en soi, une entorse majeure portée au principe d’indépendance. Et personne n’est naïf au point de croire qu’il vient là pour remplir des taches administratives. Au demeurant, un haut fonctionnaire nommé par décret présidentiel, n’est jamais affecté à des taches administratives subalternes. Il vient pour exécuter les consignes qui lui sont fixées.
Or en Guinée, il est installé dans les têtes, que le président et ses proches sont propriétaires de tout, du ciel et de la terre. Tous les hauts fonctionnaires nommés, ne sont pas tous forcément de farouches démocrates attachés à l’Etat de Droit. Bien au contraire. L’Etat est invoqué par eux, plus pour insécuriser de pauvres citoyens que pour leur faciliter la vie quotidienne. L’opposition officielle n’a pas l’air de mesurer à quel point le président coopté que certains commencent à nommer le « boulanger de CONAKRY » cherche à rouler notre pays dans la farine.
Alors, à propos de ce décret, j’invite mes compatriotes à réfléchir à ces deux questions :
1°. Pour quoi nommer précipitamment, par décret un fonctionnaire à la C.E.N.I., en principe indépendante ?(Le fonctionnaire nommé, n’est pas visé, c’est le principe même du décret qui à mes yeux pose problème.)
2°. Pourquoi nommer maintenant un haut fonctionnaire à la C.E.N.I., alors que cette institution se plaint de manquer de moyens financiers pour accomplir sa mission ? Sur quel budget sera-t-il rémunéré ?
Deuxièmement :Il existe à la présidence un comité clandestin de surveillance des listes déposées par l’opposition au scrutin national. Ce comité clandestin, vraisemblablement présidé par le ministre-secrétaire général à la présidence, a établi une liste NOIRE comportant les noms de citoyens guinéens que « l’El Hadj président professeur, chef du ciel et de la terre » ne souhaite pas voir siéger à la future assemblée nationale. Je suis un des tout premiers à figurer sur cette liste. Je ne suis pas le seul. Il y en a d’autres. Pour une raison simple : l’ « El Hadj président » réalise parfaitement que, votre serviteur et d’autres ne laisseront pas l’assemblée nationale s’associer à la décomposition de la patrie, sans en informer le pays. De mon point de vue, c’est la crainte de « kôtô » Alpha et de ses clans d’oligarques. Dans ou en dehors de l’Assemblée Nationale, je continuerais bien entendu ma mission de pédagogie en direction de mes compatriotes. Certains visent le pouvoir. Je souhaite avec d’autres, arracher nos populations à la mentalité d’esclaves dans laquelle beaucoup cherchent à l’y maintenir. Eux sont pressés, moi j’ai le temps. N’ayant jamais pillé un centime de mon pays, ni verser ou fait verser une goutte de sang de mes compatriotes, je suis et demeure un homme libre. Je sais que mes concitoyens le savent.
Par quel moyen compte t-il empêcher l’élection de quelqu’un qui est inscrit sur une liste nationale à la proportionnelle ?
—La technique est déjà élaborée. Elle consiste en ceci : lors de l’examen des dossiers de candidature à la C.E.N.I., on subtilise une pièce du dossier de candidature, par exemple au « hasard », celle du dossier de Mamadou Billo SY SAVANE, un « inconnu ». Au tout dernier moment, on avise le chef du parti qui l’a présenté, que son dossier est incomplet. Et que c’est trop tard. On invoque la loi pour barrer son nom. Et le tour est joué. J’ai été informé de cela par des membres républicains de la C.E.N.I..
Troisièmement :La soudaineté des évènements sanglants de la Forêt, à quelques semaines d’une législative que M. Alpha CONDE ne voulait en aucune manière organiser, doit nous inciter à réfléchir. Sans tomber dans des thèses conspirationnistes, la survenue de ces évènements intrigue sur plusieurs points.
C’est désormais devenu un classique. Tous les évènements sanglants se produisent quelques heures après la sortie de M. Alpha CONDE du pays. Comme si le « hasard » obéissait à un calendrier et à des conditions particulières, toujours les mêmes, et aux mêmes endroits, Conakry en Basse-Guinée et N’ZEREKORE en Guinée-Forestière.
Le président coopté n’est pas nécessairement derrière ces faits sanglants. Ce serait une erreur de le croire.
Néanmoins, dans un passé récent, il a su montrer qu’il a un sens aiguisé des manigances susceptibles d’aboutir à des évènements dramatiques qu’il utilisera à son profit pour parvenir à ses fins. Je renvois le lecteur aux évènements du 28 septembre 2009 au stade de DONKA à Conakry (voir témoignage de Moussa Dadis CAMARA), aux massacres ignobles de paisibles populations à ZOGOTA, aux exactions auxquelles se livrent les « donszos » lors des marches de protestation à CONAKRY, ou encore à l’épisode de l’empoisonnement imaginaire de l’eau qui aurait été perpétré par les Peuls.
Or en réalité, on s’est aperçu plus tard, que c’était un stratagème élaboré par l’alors candidat, et maintenant « président » dans le but de chasser par des massacres et lynchages, les populations Peuls de SIGUIRI, KOUROUSSA, FARANAH, KEROUANE, parce qu’ils étaient soupçonnés de ne pas vouloir voter pour le « bon » candidat de Sékouba KONATE.
Plus près de nous, M. Alpha CONDEprend « son » avion, s’envole pour rencontrer des présidents pas forcément recommandables. Aussitôt que son avion décolle de Conakry, ses milices ethniques surarmés, les « donzos » de BEYLA, N’zérékoré, YOMOU…commencent à massacrer les paisibles populations autochtones, Guerzé ou Kpèlè de la Guinée Forestière, sous un prétexte certes inadmissible, mais insuffisant à expliquer l’extension rapide, quasi-instantanée de la violence sanguinaire à toute la Forêt.
Tout s’est passé comme si le décollage de l’avion présidentiel donnait le signal que le plan prémédité devait commencer à être exécuté.
A Conakry, KINDIA, Labé, ou à KANKAN, souvent les populations excédées par les vols sanglants impunis, tentent de lyncher un cambrioleur, chaque fois qu’elles en attrapent un. Pour autant, cela n’a jamais conduit à un quasi-pogrome contre aucune ethnie, autochtone ou pas. Pourtant dans les villes citées, il y a une diversité ethnique comme en Forêt. Et le cambrioleur arrêté et lynché (je condamne l’autodéfense) est toujours d’une ethnie ou d’une autre.
Alors pourquoi ici (en Basse-Guinée et au Foutah), ou en Haute-Guinée il n’y a pas de pogrome ethnique, et là (en Guinée Forestière) les autochtones sont systématiquement massacrés depuis la cooptation de M. Alpha CONDE à la magistrature Suprême de la Guinée, pays avec lequel il n’a aucune attache, d’aucune sorte ?
Plusieurs éléments de réponse à cette question essentielle. Je vais rapidement en évoquer certains.
1°. M.Alpha CONDE a toujours été désinvolteavec nos compatriotes de la Guinée Forestière, presque méprisant. Il n’y a pas si longtemps, sur les antennes de France24 alors dirigée par la compagne de son « frère » Bernard KOUCHNER, il traitait les citoyens guinéens originaires de la Guinée Forestière, de bêtes sanguinaires assoiffées de sang. Ils se vanteraient de manger de la chair humaine, parlant de Moussa Dadis CAMARA.
2°. Il est indéniable que nos compatriotes de la Guinée Forestière sont tenus dans un mépris hautain, sauf en pays Soussou, c’est-à-dire en Guinée-Maritime. La preuve ?—Moussa Dadis CAMARA est diabolisé, alors que Sékouba KONATE, le véritable organisateur des massacres du 28 septembre 2009 au stade de DONKA à CONAKRY se pavane d’hôtels en hôtels en Europe, après avoir pillé la Guinée comme jamais auparavant. A son investiture, M. Alpha CONDE déclarera qu’il n’a trouvé que 400$ US dans les caisses, Sékouba KONATE ayant tout emporté. Mais c’est le Forestier (originaire de la Forêt) Moussa Dadis qu’on continue d’humilier, y compris aux obsèques de sa mère. Deux poids, deux mesures.
3°. Il y a beaucoup plus grave. L’accaparement des terres des autochtones Kpèlè, par des populations qu’ils ont naguère accueillies a atteint un niveau de moins en moins supportable. Des titres fonciers sont délivrés rapidement aux uns sur les terres qui ne leur appartiennent pas, mais parcimonieusement accordés aux autochtones. Ce phénomène s’est aggravé depuis l’installation de M. Alpha CONDE à SEKHOUTOUREYA. Ils le supportent d’autant moins qu’ils sont en voie de marginalisation sur leurs propres Terres. Le même processus est en cours en Basse-Guinée en pays Soussou ou BAGA. Avec cependant une différence notoire : les Soussous –BAGA n’ont aucune conscience de la tragédie dans laquelle ils se trouvent. Ils deviennent progressivement des Sans-terre sur leur propre terre. Au bout de ce processus, c’est une inévitable « ivoirisation ». Car on ne peut pas être étranger chez soi.
4°. La somme de tous ces élémentslaisse bien voir qu’en Guinée Forestière, les législatives pour M. Alpha CONDE et son R.P.G. ne seront pas nécessairement une partie de plaisir. De ce fait, il faut commencer à montrer aux autochtones de la Forêt qu’ils ont intérêt à « bien » voter, c’est-à-dire pour le R.P.G. Et les « donzos », véritables milices ethniques armées sont chargés de les amener à la raison. A mon avis, c’est la principale raison qui explique la soudaineté des violences de Koulé, rapidement étendues à toutes les villes de la Forêt.
Il y aura peut-être des « législatives ». La forêt autrefois « acquise » à M. Alpha CONDE, en sera vraisemblablement écartée. On invoquera des raisons de sécurité.
Des « observateurs » de ceci et cela, viendront observer depuis leurs chambres d’hôtel. A la même place, ils feront leur rapport dont je vous livre la teneur, la même depuis des lustres, quand il s’agit de l’Afrique Noire : « Il y a eu des fraudes partout, des bourrages d’urnes partout. Cela ne remet pas en cause la validité du scrutin. En Afrique Noire, c’est le standard, le président doit avoir tous les pouvoirs, sinon c’est l’instabilité. ».
Mais pour nous, rien ne sera réglé. Au nom d’une légalité fictive (il y aura eu vote), nous perdrons « légalement » notre patrie. Une oligarchie ethnique, sur la base de la légalité qu’elle se sera fait confectionner, redeviendra notre « SAIGNEUR » comme avant 1984, et pour plusieurs décennies.
Mamadou Billo SY SAVANE
Mon contact :mamadoulinsan@wanadoo.fr