L’Assemblée nationale guinéenne a adopté jeudi un nouveau code civil, qui modifie les dispositions légales sur la monogamie. Désormais, tout homme qui souhaite être polygame doit avoir l’accord de sa première épouse.
Selon la nouvelle loi, le mariage est soumis au régime de la monogamie pour tous les citoyens guinéens. Cependant, le futur mari peut, au moment de la célébration du mariage, avec l’accord explicite de sa future épouse, déclarer qu’il opte pour la polygamie limitée à deux, trois ou quatre femmes au maximum.
Ce vote a provoqué un tollé dans la capitale, Conakry, avec de vives contestations de la part de certains acteurs de la société civile. Sur les 113 députés de l’Assemblée nationale, 69 ont voté pour et deux contre à l’issue de débats houleux et tendus entre pro et anti-polygamie.
Après une première lecture et le retour du texte au gouvernement pour amendement, le président Alpha Condé avait demandé aux députés un vote massif en faveur de cette loi défendant la monogamie.
Seuls quatre des 111 députés qui siègent actuellement à l’Assemblée nationale ont voté contre. Deux se sont abstenus.
La nouvelle loi est diversement appréciée en Guinée, à Conakry, la capitale, notamment. C’est chez les femmes qu’on trouve surtout les avis favorables à cette modification du code civil.
« Nous avançons bien (…). Grâce à cette loi, les femmes cesseront d’être marginalisées. Jusque-là, leur avis n’était pas important », réagit une Guinéenne.
« Si la femme n’est pas d’avis que son mari prenne une deuxième épouse, que le mari s’abstienne de le faire donc », commente une autre.
Une autre encore estime que « c’est une grande avancée » pour les Guinéennes.
Rares sont les hommes qui ont opté pour la monogamie en Guinée. Ceux-là se réjouissent de l’adoption de la nouvelle loi. La plupart des hommes interrogés par BBC Afrique à Conakry rejettent les modifications apportées au code civil.
« Cette loi rend les femmes plus fortes encore dans le foyer », réagit un Guinéen.
« Et si la femme ne donne pas son accord, cela n’engendre-t-il pas des problèmes ? » se demande un autre.
Selon l’imam Cissé, de la mosquée Kébé, située dans la banlieue de Conakry, le nouveau code civil est contraire aux prescriptions de l’islam relatives au mariage.
« L’islam autorise les hommes à prendre jusqu’à quatre femmes. Il ne dit pas que si la première femme ne donne pas son accord, on ne peut pas aller chercher une deuxième. On peut informer la première femme de la décision d’aller chercher une deuxième », explique le chef religieux.
« L’islam ne dit pas qu’il ne faut pas chercher une deuxième femme parce que la première n’est pas d’accord. Cette loi n’est pas conforme à la religion musulmane », soutient l’imam Cissé.
Le nouveau code civil doit être promulgué par le président de la Guinée pour entrer en vigueur. Mais la nouvelle loi ne s’applique toutefois pas aux couples constitués avant son adoption.
En décembre dernier, le président guinéen s’était opposé à l’idée d’une modification du code civil en faveur de la polygamie.
Avec bbc